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ÉTOILE, subst. fém.
I.− Au sens propre
A.− ASTRON. Astre brillant de sa propre lumière, observable sous la forme d'un point scintillant, sans mouvement apparent. Amas d'étoiles; grandeur, magnitude d'une étoile. Comme on parlait devant lui du mouvement des étoiles : « Ce n'est pas vrai, que les étoiles tournent. On dit les étoiles fixes. Et si elles tournaient, on le saurait » (Alain, Propos,1913, p. 169):
1. Lorsque nos regards s'élèvent vers les cieux étoilés, pendant ces heures étincelantes où la voûte céleste apparaît constellée d'une véritable poussière lumineuse, arrêtons-nous sur l'un quelconque de ces points brillants qui scintillent au fond des cieux : ce point est aussi gros que notre soleil, et, dans l'univers, notre soleil n'est pas plus important que lui. Éloignons-nous par la pensée jusqu'à cette étoile, et de sa distance retournons-nous vers la Terre et cherchons notre système solaire... Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 378.
SYNT. Étoiles australes, bleues, chaudes, éteintes, faibles, gazeuses, géantes, naines, nouvelles, obscures, rouges, visibles, voisines; catalogue, coucher, déclinaison, densité, distance, grandeur apparente, lever, observation, occultation, orbite, puissance, scintillation, volume des étoiles.
Étoiles doubles, multiples. Ensemble de deux ou plusieurs étoiles si rapprochées qu'elles se confondent en une seule étoile apparente. Sur trois étoiles il y a « pour le moins » une étoile double. Parfois les deux composantes sont faciles à séparer, parfois aussi elles se touchent presque (Poincaré, Hyp. cosmogon.,1911, p. lx).De belles « étoiles doubles », dont les composantes sont souvent de couleurs différentes (Danjon, Cosmogr.,1948, introd., p. 17).
Étoile polaire. Étoile appartenant à la constellation de la Petite Ourse et voisine du pôle Nord, dont elle indique la direction. Et quelquefois, dans un effort pour remettre le cap sur mon logis, en fixant, d'après les principes nautiques, mes yeux sur l'étoile polaire, (...) j'entrais soudainement dans des labyrinthes de ruelles (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 415):
2. Tu ne sais pas où est le Nord... Eh bien, je te ferai voir un de ces soirs l'Étoile polaire... Eh bien, tu prendras trois petits piquets, tu les planteras en ligne, bien en ligne, avec cette étoile. En te couchant par terre, tu les aligneras bien juste. Et puis avec un méridien, tu verras comme ça parfaitement où est le Nord. Goncourt, Journal,1860, p. 761.
Étoile variable. Étoile dont l'éclat varie au cours de périodes plus ou moins longues. Ils [les amas] contiennent peu d'étoiles variables et ce sont généralement des variables à éclipse (Schatzman, Astrophys.,1963, p. 104).
B.− Usuel, p. ext. Tout astre brillant (étoile ou planète) autre que le soleil et la lune. Étoile(s) brillante(s); fourmillement d'étoiles. Elle n'avait aucune idée de ces distances vertigineuses, − et Tahaapaïru les comparait à celles qui séparaient Fataoua de la lune ou des étoiles (Loti, Mariage,1882, p. 72).On vit là-bas [dans ce pays lointain] comme dans un paradis. Jamais d'hiver, un ciel éternellement bleu, une existence au soleil et aux étoiles (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1070).
SYNT. Étoile(s) flamboyante(s), lointaine(s), luisante(s), pâle(s), resplendissante(s), scintillante(s), vacillante(s); étoiles errantes (les planètes) p. oppos. aux étoiles fixes; blanche(s), brillante(s), grande(s), grosse(s), petite(s), première(s) étoile(s); lune et étoiles; étoiles dans/de la nuit, au/du ciel, firmament; clarté, cortège, lueur, lumière, marche, myriades, nuages, pluie, poussière, rayons, scintillement des étoiles; s'allumer, briller, luire, pâlir, palpiter, rayonner, resplendir, scintiller; constellé(ée) d'étoiles.
1. En partic.
a) Étoile filante. Météore dont l'embrasement lors du passage dans les couches supérieures de l'atmosphère produit un phénomène lumineux très fugace. Quelques étoiles filantes glissèrent tout à coup, décrivant sur le ciel comme la parabole d'une monstrueuse fusée (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 79).Jean-Louis et José assis sur le banc du perron, la tête renversée, guettaient les étoiles filantes (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 109).
b) Étoile du Berger, du matin, du soir. Planète Vénus. Cependant l'étoile du matin paraissait sur le sommet des montagnes voisines (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 251).Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes Où l'étoile du soir se lève dans l'azur (Lamart., Médit.,1820, p. 10).Marie, enfin quitte l'ouvrage, Voici l'étoile du Berger (Béranger, Chans.,t. 3, Le Prisonnier de guerre, 1829, p. 219).
c) RELIG. CHRÉT.
Étoile des Mages. Étoile qui, selon l'Évangile (Matthieu 2, 1-12) guida les Rois Mages jusqu'à la Crèche. Comme l'étoile a conduit les trois rois du fin fond de l'Orient. Vers le berceau de mon fils (Péguy, Porche Myst.,1911, p. 174):
3. J'ai mon étoile limpide Qui guide Mon pied leste et voyageur, Comme l'étoile des Mages Si sages Parmi ceux de l'Orient, Qui les mena par des plaines Lointaines Aux pieds du divin enfant, ... M. de Guérin, Poésies,1839, p. 111.
Rem. Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Guérin 1892 attestent l'emploi vx de la loc. Fête de l'Étoile pour désigner l'Épiphanie.
[Dans le lang. symbolique, pour désigner la Vierge Marie] Étoile de la mer, Étoile du matin. Ton siège au milieu du ciel, ô Marie, Étoile de la mer! (Claudel, Corona benignitatis,1915, p. 375).
2. Locutions
a) Coucher, dormir, loger à l'auberge, à l'enseigne, à l'hôtel de l'Étoile; à la belle étoile. Passer la nuit dehors. Voici quarante-trois nuits que je dors à la belle étoile, sous ce ciel de la Grèce toujours étoilé et serein (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 289).Il va falloir que j'aille loger à l'hôtel de la belle étoile. Je le connais, cet hôtel; il y a furieusement des courants d'air (Murger, Scènes vie boh.,1851, préf., p. 80).
b) Faire voir des étoiles en plein midi (fig., vx, fam.). Infliger un violent coup sur la tête, qui provoque un éblouissement (cf. Ac. 1798-1932). P. ext. Abuser de la crédulité de quelqu'un. Le vieux renard trouverait moyen de leur faire voir des étoiles en plein midi (Mérimée, Colomba,1840, p. 125):
4. Tu as trouvé le mot, j'étais godiche, ton père m'aurait fait voir aujourd'hui des étoiles en plein midi (...) et j'étais tellement anéantie, qu'il m'aurait fait mettre à genoux, s'il avait voulu, pour signer ses paperasses. Zola, La Curée,1872, p. 535.
c) ASTROL. Astre qui est censé exercer une influence bonne ou mauvaise sur la destinée d'une personne née au moment de son apparition dans le ciel. Étoile bénéfique, bienfaisante, favorable, funeste, heureuse, maligne. (Quasi-)synon. ascendant.Il lui eût fallu pouvoir préparer sa pensée à loisir, et forcer ensuite le public à l'entendre... Et juste, à point nommé, son étoile − sa mauvaise étoile − vint lui en offrir les moyens (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 410):
5. Vous devez être poëte : cela se lit dans vos yeux et dans la partie supérieure de votre figure; plus bas, vous êtes sous l'empire d'astres tout différents, presque opposés (...). Remerciez Dieu : il y a peu d'hommes qui soient nés sous plus d'une étoile, peu dont l'étoile soit heureuse, moins encore dont l'étoile, même favorable, ne soit contre-balancée par l'influence maligne d'une étoile opposée. Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 227.
Expressions
Être né sous une bonne, une mauvaise étoile. Avoir de la chance, de la malchance. Il faut que vous soyez née sous une heureuse étoile!... La première fois que vous venez à la Cour, y trouver deux amis!... (Scribe, Verre d'eau,1840, I, 3, p. 654).Outre que je puis fort bien être tué demain, car je sens que je suis né sous une mauvaise étoile (Ponson du Terr., Rocambole,t. 5, 1859, p. 58).
Être la bonne, la mauvaise étoile de qqn. Porter chance ou malchance à quelqu'un. Vous nous avez sauvés, vous avez été notre bonne étoile! (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 548).
Lire (qqc.) dans les étoiles. Établir un horoscope; prédire un événement à partir de l'observation des astres. Ni toi ni moi n'avons lu dans les étoiles (About, Roi mont.,1857, p. 29).Il est de ces généraux qui lisent leur victoire, non la veille dans les étoiles, mais le lendemain dans les journaux (Giraudoux, Bella,1926, p. 48).Je ne me serais pas résignée à me laisser tomber dans le lit du vieux Manente sans l'horoscope. Le savant Uderigo lisait parmi les étoiles mon nom uni à celui de Manente (Salacrou, Terre ronde,1938, II, 1, p. 182).
P. méton. Destinée d'une personne. Avoir confiance, foi en son étoile. Son extrême confiance en l'étoile de son mari (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 985).Il n'y a pas de destin de la joie; il n'y a pas d'étoile heureuse (Maeterlinck, Trésor humbles,1896, p. 184).
Au fig. Ascendant et/ou renommée d'une personne. L'étoile pâlissait, je sentais les rênes m'échapper, et je n'y pouvais rien (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 11).Le capitaine en exercice voyait son étoile pâlir devant l'astre naissant du capitaine en expectative (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 163).
II.− P. anal. [P. réf. à la figuration traditionnelle de l'étoile ou à son éclat]
A.− [P. réf. à la forme de l'étoile]
1. Figure conventionnelle ou approximative représentant une étoile.
a) Figure rayonnée sous laquelle est traditionnellement représentée l'étoile. Quatre petits dômes mosaïques, peints or et azur, et percés de trous, figurés en étoiles et en croissants (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 316).Elle parlait sans me regarder, en dessinant au crayon des petites étoiles sur la couverture d'un livre (Maurois, Climats,1928, p. 221).
Loc. adv. ou adj. [À propos d'un objet ou d'un ensemble d'objets] En étoile(s). En forme d'étoile; qui présente une disposition en rayons. Des routes autour de trois villes, en étoiles comme les traces d'énormes pattes d'oiseaux (Malraux, Espoir,1937, p. 517).
b) P. ext.
α) Déchirure, empreinte, fêlure en forme d'étoile. En choisissant parmi les faïences des dressoirs celles qui n'avaient qu'une écornure ou qu'une étoile (Gautier, Fracasse,1863, p. 465).Le papier vert à ramages, crevé en étoile, laissait paraître quelques fils de serpillière (France, Pt Pierre,1918, p. 18).Son splendide parquet de chêne avait des étoiles (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 121).
Rem. On rencontre ds la docum. le dér. étoilure, subst. fém., rare. Fissure en étoile. On reconnaît les pierres qui ont servi de percuteurs par de petites étoilures (Mortillet, Préhist., 1882, p. 510).
β) Rond-point d'où rayonnent plusieurs allées ou avenues. Les bois où se mêle la foule connaissent vite leur allée centrale et constituent une fois pour toutes leurs réseaux de sentiers, d'étoiles et de carrefours (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 186).[Dans les forêts] les « étoiles » des carrefours où viennent converger des routes venues (...) des points les plus différents (Proust, Temps retr.,1922, p. 1029).
En partic. L'Étoile. Place de Paris où se trouve l'Arc-de-Triomphe. J'étais à ma fenêtre, regardant l'Arc de Triomphe de l'Étoile (Balzac, Théor. démarche,1833, p. 638).
c) Emplois spéc.
α) ARCHIT. ,,Ornements peints, sculptés ou gravés offrant des rayons pointus en nombre variable; (...) dans l'architecture romane, (...) sortes de fleurons se rapprochant de l'étoile à quatre branches, et soit disposés sur des surfaces taillées en pointe de diamant, soit juxtaposés de façon à former des motifs de décoration continus`` (Adeline, Lex. termes art, 1884).
β) GÉOM. Polygone comportant des angles rentrants. Synon. polygone étoilé.C'était une sorte de table de Pythagore, avec des carrés, des losanges, des étoiles, des signes du Zodiaque, beaucoup de chiffres et d'autres figures cabalistiques (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 374).
γ) HÉRALD. Figure de blason qui compte ordinairement cinq rayons. Le cintre était surmonté de l'écusson de pierre, aux armes de l'antique famille des comtes d'Athol, savoir : « d'azur, à l'étoile abîmée d'argent » (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 21).
δ) TYPOGR. Signe typographique en forme d'étoile. Synon. astérisque.Dans la pièce « A Gautier » après l' « Hippogriffe a relayé Pégase », il faut (c'est oublié dans la copie) une « étoile ». Comme dans celle-ci après « moi qui suis vieux ». Ces « étoiles » marquent la division importante de la pièce (Hugo, Corresp.,1872, p. 333).
En partic. Trois étoiles. Signe conventionnel de trois astérisques, à la suite d'un article ou à la place habituellement occupée par le nom, indiquant un auteur qui a voulu garder l'anonymat. Trois étoiles au lieu d'une signature... (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 334).Ce petit livre signé de trois étoiles (Green, Journal,1941, p. 142).
P. plaisant. [P. réf. à cet usage] Monsieur, Madame Trois Étoiles. Personne dont on ignore ou tait le nom. Allez donc dire cela à Madame la banquière Trois Étoiles, qui s'évente là-bas à son balcon (Borel, Champavert,1833, p. 222).Sir Arthur, gentleman anglo-indien, épousait sérieusement Miss Anne Perkins ou la veuve Mistress « Trois Étoiles » (Ponson du Terr., Rocambole,t. 4, 1859, p. 9).
P. exagér. Vous comprenez que nous sommes obligés, pour la morale et les convenances, de l'appeler la Comtesse « Neuf-Étoiles » (Ponson du Terr., Rocambole,t. 41859, p. 358).Quelques-uns des génies qui ont enthousiasmé la terre, du roi Salomon au Baron Quatre ou Sept étoiles (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 766).
2. Représentation sous forme d'insigne ou d'emblème d'une étoile avec valeur de symbole. Les sept étoiles d'or qui, dans la pensée de Herzl, symbolisaient les sept heures de travail (Tharaud, An prochain,1924, p. 96).L'étendard américain, avec ses étoiles sur bleu profond (Morand, New-York,1930, p. 182):
6. ... aux trente-sept étoiles représentant les trente-sept États de l'Union qui resplendissent sur le yacht des pavillons américains, le marin en avait ajouté une trente-huitième, l'étoile de « l'État de Lincoln », car il considérait son île comme déjà rattachée à la grande république. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 324.
Étoile de David. Figure à six branches faite de deux triangles entrecroisés, emblème du peuple juif. Je vois briller au-dessus de vous la Croix du Sud de votre naissance (...) tandis que, dans le flamboiement de ses millénaires d'années-lumière, l'Étoile de David scintille sur votre épée (M. André Chamson, recevant Joseph Kessel à l'Académie Française dsCahiers de Neuilly,avr. 1964, p. 96).
Étoile jaune. Signe distinctif imposé aux Juifs par les nazis, pendant la Seconde guerre mondiale. Je songe à toi, Marceau, instituteur révoqué comme franc-maçon; à toi, Lévy, aux parents marqués de l'étoile jaune (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 134).Des étoiles en satinette jaune distribuées après remise de deux points découpés dans la carte de textile (Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 51).
Étoile rouge. Insigne de l'armée soviétique depuis la Révolution de 1918 :
7. J'étais avant-hier à Barcelone. J'ai vu dans un hangar ouvert un bel avion; des étoiles rouges partout, une faucille et un marteau sur la queue, des inscriptions de tous les côtés; et en avant le mot : Lénine. Malraux, L'Espoir,1937, p. 561.
Spécialement
a) DÉCORATIONS (CIVILES ou MILIT.)
Étoile des braves, de l'honneur. Légion d'honneur. Ma poitrine fut émaillée de l'étoile des braves. J'étais commandant et décoré!!! (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 220).Je n'ai encore vu personne de nos amis et n'ai point par conséquent contemplé l'étoile de l'honneur sur le paletot blanc de Claudin (Flaub., Corresp.,1862, p. 46).
Ordre de chevalerie, ordre colonial, etc., ayant pour emblème une étoile. En partic. Étoile Polaire. Ordre chevaleresque suédois créé au dix-huitième siècle pour récompenser le mérite civil :
8. Quand je me suis mariée, M. le Comte de Creutz, alors ministre du Roi, écrivit à mon père formellement que M. de Staël aurait l'ordre de l'Étoile Polaire dans l'année. Depuis, Sa Majesté, à ce que m'a dit le comte de Fersen, a fait une loi qui ne permet pas aux chevaliers de l'ordre de l'Épée d'avoir l'Étoile Polaire. Si cela est ainsi, j'ose demander pourquoi il n'obtiendrait pas de la bonté de Sa Majesté l'ordre des Séraphins... Staël, Lettres de jeunesse,1788, p. 236.
b) FRANC-MAÇONNERIE. Étoile (flamboyante). ,,Symbole de la manifestation centrale de la lumière, du centre mystique, du foyer d'un univers en expansion`` (Symboles 1969, p. 335) :
9. Avec la truelle le maçon étale le ciment, lie les pierres des édifices... Voici le marteau qui cloue les poutres et les chevrons... L'équerre et le fil à plomb donnent la direction de la ligne afin que le mur ne penche point; ceci est l'étoile à cinq pointes, image de l'univers créateur et de l'homme qui s'unit à la création... Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 27.
c) HÔTELLERIE et RESTAURATION. Indice de classement des hôtels et des restaurants en fonction de la qualité de leurs installations, de leur service ou de leur cuisine. On a bâti toute une série d'hôtels à trois étoiles (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 36).Les établissements dont la cuisine sort de l'ordinaire, sont gratifiés de 1, 2 ou 3 étoiles suivant qu'il s'agit d'une bonne table dans sa catégorie, d'une table excellente méritant un détour ou enfin, d'une table exceptionnelle (Elle, déc. 77, p. 94).
d) ART MILIT. Étoiles à cinq branches. Figurant sur les manches et la coiffure de l'uniforme des officiers généraux des trois armes, dont elles indiquent le grade. Ayant appris que le ministre hésitait à lui donner sa troisième étoile, je dus faire une démarche pressante pour que Foch fût nommé général de division (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 13).Sur sa manche des étoiles brillent (Prévert, Paroles,1946, p. 208).
3. Réalisation, dans la nature, d'entités (vivantes) rappelant une telle figure.
a) Domaine végétal
α) Fleur dont les pétales sont disposés en étoile. Jasmin aux jolies petites étoiles jaunes (Michelet, Journal,1858, p. 408).L'étoile rose des nymphéas s'ouvrait (Zola, Curée,1872, p. 486).
β) Plante de la classe des Monocotylédones, à fruit ou fleur en forme d'étoile. Étoile d'eau. Plante aquatique. Des remous d'eau stagnante où (...) éclatait comme des pâquerettes la frêle broderie des étoiles d'eau (Nerval, Filles feu,Le Bal de Loisy, 1854, p. 610).
b) Domaine animal
α) Marque blanche sur le front d'un cheval ou d'un bœuf dont la robe est de couleur foncée. Ah! mes bœufs, mes beaux bœufs! Fauveau à la raie noire, et l'autre qui avait une étoile sur le front (Courier, Pamphlets pol., Deuxième lettre particulière, 1820, p. 69).Il embrassa la bête [le vieux cheval estropié] infortunée et mit un baiser sur l'étoile blanche de son front (France, Île ping.,1908, p. 304).
β) Étoile de mer. Synon. usuel de astérie (v. ce mot ex. 1) :
10. ... ces langoustes, ces poulpes, ces étoiles de mer, ces crabes, me révélaient des formes de la vie trop étonnantes et des animaux moins fraternels vraiment que mon petit chien Caire, que le poney de Madame Caumont... France, Le Petit Pierre,1918, p. 94.
c) Domaine météor.Cristal de neige. Si une goutte d'eau évaporée est frappée du froid, elle se change en étoile de neige à six rayons en hiver, et en polyèdre de grêle à six pans en été (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 215).Sa robe était blanche et des étoiles de neige tombaient sur les joues, sur les mains croisées, sur la poitrine, sur la robe blanche (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 275).
4. Réalisation par l'activité humaine d'objets rappelant ou reproduisant une telle figure.
a) Objet décoratif représentant une étoile. Étoile d'argent, de cristal, de diamant, d'or. Elle ne porte habituellement de tous ces bijoux dont nos jeunes Catalanes sont si vaines, que deux petites étoiles de grenat qui étincellent à ses oreilles (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 113).Une parure de fantaisie, vue avec sa mère à la vitrine d'un bijoutier du Palais-Royal. − Vous savez, trois étoiles de strass pour être piquées dans les cheveux... (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 233).
b) ARTILL. Étoile mobile. Instrument servant à vérifier le calibre d'une arme à feu. On parvient à reconnaître où sont les trous et les caves dans la lumière d'un canon au moyen du chat. Mais il y a un meilleur moyen, c'est l'étoile mobile de Gribeauval (Hugo, Misér.,t. 2, p. 439).
B.− [P. réf. à l'éclat des étoiles]
1. Domaine physique
a) [À propos d'une source lumineuse, d'un appareil d'éclairage] Cloyes dormait, retombé à sa paix morte, éclairé par les étoiles jaunes des réverbères (Zola, Terre,1887, p. 181).Les étoiles des cierges scintillant dans les ténèbres commencées de cette brume (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 235).
b) Spéc., PYROTECHNIQUE. Feu d'artifice dont l'éclat et l'aspect évoquent les étoiles. Ces chutes d'étoiles, le grésillement des grandes pièces, leurs gerbes d'étincelles, les soleils tournants, enfin l'embrasement de la vieille ville, ces feux de bengale, bleus, blancs, rouges, allumés tous ensemble et qui durant quelques minutes pavoisèrent le ciel même aux couleurs nationales (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 48).Cf. bombardement ex. 3.
2. Domaine humain.Artiste particulièrement connu et apprécié du public. (Quasi-)synon. star, vedette.La blonde Géraldine, une étoile d'opérettes (Zola, Nana,1880, p. 1325).Les premiers grands impresarii, s'annexent à coups de dollars les étoiles européennes (Morand, New-York,1930, p. 168).Je songeais qu'il est étrange que le cinéma exige de ses étoiles cet excès de maquillage pour atteindre à nous livrer, d'une figure, la pure essence (Mauriac, Journal 1,1934, p. 30).
Rem. On rencontre ds la docum. le dimin. péj. étoilette, subst. fém., néol. Petite étoile. Depuis la mort de cette grande artiste [Thérésa], j'ai souvent bondi en lisant dans les journaux qu'on appelait telle ou telle étoilette de beuglant « la nouvelle Thérésa » (Galipeaux, Souv., 1931, p. 11).
En partic., CHORÉGR. Danseur (euse) promu(e) aux premiers rôles dans une troupe ou un corps de ballet. Qu'est-ce que le foyer de la danse? et le corps de ballet? et les étoiles de l'Opéra? (About, Nez notaire,1862, p. 12).Comme une étoile de la danse qui, dans la fantaisie d'un pas, vient prendre successivement la place de chacune des ballerines ses sœurs (Proust, Guermantes 1,1920, p. 36).
Prononc. et Orth. : [etwal]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 esteile « tout astre visible, excepté le soleil et la lune » (Roland, éd. J. Bédier, 3659); b) 1119 esteiles reials « planètes » (Ph. de Thaon, Comput. 2797 ds T.-L.); 2. 1380 estoille « objet disposé en rayons rappelant la forme sous laquelle on représente traditionnellement les étoiles » (Inventaire de Charles V ds Gay); 3. 1549 etoile astrol. (J. du Bellay, Œuvres poétiques, éd. H. Chamard, t. III, p. 121, 17); 4. 1849 terme de spectacle (Revue des théâtres ds Quem. DDL t. 10). Du lat. pop. *stēla, du lat. class. stella « étoile ». Fréq. abs. littér. : 6 329. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 400, b) 10 939; xxes. : a) 9 195, b) 9 210. Bbg. Hasselrot 1957, p. 194 (s.v. étoilette).Pauli 1921, p. 25. − Quem. DDL t. 12. − Rog. 1965, p. 58. − Uren (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 209.