| ÉTAMER, verbe trans. A.− Recouvrir (un métal, un ustensile en métal) d'une mince couche d'étain pour empêcher l'oxydation. Étamer l'intérieur d'une casserole, des éperons, des clous, des boutons (Ac.); étamer du cuivre, du fer; cuivre étamé; fer étamé (Synon. fer blanc). Il existe des pâtes à étamer qui dispensent de toute installation et qui comportent à la fois le décapant et le métal (Gasnier, Dépôts métall.,1927, p. 56).Si l'on se sert de vases de fer-blanc, ils doivent être soigneusement étamés (Rousset, Trav. pts matér.,1928, p. 77): 1. ... nous fûmes en quelque sorte éblouis par les carafes, les bouteilles, les assiettes de vieille faïence peinte, les fourchettes et les cuillères fraîchement étamées, qui reluisaient d'un bout à l'autre de la salle.
Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 171. − P. anal. Recouvrir d'une couche de métal autre que l'étain. On étame au fer la surface extérieure de la bague de roulement (Ambroise, Monteur mécan.,1949, p. 36). − En partic. Étamer une glace. Recouvrir la face d'une glace d'un amalgame d'étain (tain) qui lui donne la propriété de réfléchir les images. On étame les glaces avec une couche de mercure emprisonnée sous une feuille d'étain (About, Nez notaire,1862, p. 182). B.− P. anal. ou p. métaph. Recouvrir d'une matière en couche mince ou donner une couleur semblable à celle de l'étain. Le crépuscule qui étamait déjà le bord du ciel de l'autre côté de la Meuse (Hugo, Rhin,1842, p. 47).Les fougères d'argent dont la gelée étamait [les] vitres (Huysmans, En mén.,1881, p. 129): 2. L'hiver est dur, cette année, et jamais on n'a vu cette épaisseur de glace au ruisseau; (...) la lande qui s'en va par le dessus du village est toute étamée de gel.
Giono, Regain,1930, p. 51. − Emploi pronom. à sens passif. Le Nil, dont l'eau morte s'étame D'une pellicule de plomb, Luit (Gautier, Émaux,1852, p. 43). Prononc. et Orth. : [etame]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. Ca 1245 fig. li cors se dore et si s'estame (Huon de Cambrai, Regrets N. D., 58, 4 ds T.-L.); 1260 part. passé estamé (E. Boileau, Métiers, 222, ibid.); 1690 « mettre le tain à une glace » (Fur.). Dér. de étain*, avec substitution de -am- à -ain, sous l'infl. de dér. en -am- de estain (v. étaim* et étaminé). Fréq. abs. littér. : 30. DÉR. 1. Étameur, subst. masc.a) Ouvrier qui étame les métaux. Pline rapporte une vieille tradition, selon laquelle Alesia était célèbre par ses étameurs et ses argentiers (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 714).b) Ouvrier qui étame les glaces. Quant à mon pauvre gendre, Il était étameur de glaces; et les gens, Dans ce vilain métier, ne durent pas dix ans, S'ils n'ont pas les poumons comme un soufflet de forge, À cause du mercure (Coppée, Poés.,t. 3, 1865-1908, p. 10).− [etamœ:ʀ]. Ds Ac. 1798-1932. − 1resattest. 1390 entameur d'estain (Reg. du Chât., I, 493 ds Gdf. Compl.), ex. isolé, 1723 estameur (J. Savary des Bruslons, Dict. universel de comm., Paris); du rad. de étamer, suff. -eur2*, la forme entameur, prob. sous l'infl. de entamer. − Fréq. abs. littér. : 6. 2. Étamure, subst. fém.Métal ou alliage d'étain et de plomb qui sert à étamer; couche de métal ou d'alliage déposée sur un objet. Cette étamure est trop légère (Ac.). Rem. On rencontre ds la docum. le synon. pop. étame.Eh! Loiseau, r'garde donc s'il reste rien au fond des bouthéons? Avec des grands airs minauds (...) Loiseau avoua : − Plus rien... j'ai raclé jusqu'à l'étame. (...) − Faut lui trouver de quoi s'mettre sous la dent tout de même, à la bleusaille (Vialar, Morts viv.,1947, p. 31).− [etamy:ʀ]. Ds Ac. dep. 1740. − 1resattest. 1508 estimure (Stat. des peintres, Reg. aux délib., A. Abbev. ds Gdf. Compl.), 1611 estameure (Cotgr.); du rad. de étamer, suff. -ure*. |