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ÉQUERRE, subst. fém.
A.− OUTILLAGE Instrument de bois, de métal ou de plastique, qui sert à tracer (ou à vérifier) des angles droits ou des perpendiculaires. Si l'Australie eût été française, très certainement les géographes français n'auraient pas poussé jusqu'à ce point la passion de l'équerre et du tire-ligne (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 93).L'équerre et le fil à plomb donnent la direction de la ligne afin que le mur ne penche point (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 27):
... il [Michel] ne fut pas un an sans devenir maître maçon. Il avait à nourrir, avec son équerre et son marteau, sa pauvre mère et deux petits frères qui venaient le regarder travailler avec nous. Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 89.
Spécialement
Équerre d'arpenteur. ,,Appareil permettant de tracer des perpendiculaires sur le terrain`` (Barb.-Cad. 1963). Trois fois, Delhomme vint mettre son œil à la fente de l'équerre, pour être bien sûr que le fil coupait nettement le jalon (Zola, Terre,1887, p. 44).
Équerre à chapeau, à onglet. Équerre dont un rebord est plus épais que l'autre (cf. Gorgeu, Machines-outils, 1928, p. 153).
Fausse équerre. Équerre à branches mobiles permettant de tracer des angles quelconques. Prenant cet angle avec une sauterelle ou fausse équerre, on allait sur le chantier chercher une pierre donnant un angle saillant correspondant (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 6).
Loc. À l'équerre. Dont on a mesuré la perpendicularité avec une équerre. Ce mur était bâti avec des pavés. Il était droit, correct, froid, perpendiculaire, nivelé à l'équerre, (...) aligné au fil à plomb (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 412).Des dessins raides, rêches et secs, tracés comme à l'équerre (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 688).
P. ext. À angle droit. Les durs alignements à l'équerre des tombes sans fleurs (Gracq, Syrtes,1951, p. 69).
Rem. Équerre est parfois employé pour symboliser la rectitude, la rigueur. La justice est l'amour guidé par la lumière; Elle ne règne point par l'équerre et l'effroi (Sully Prudh., Justice, 1878, p. 262). Dans la Franc-Maçonnerie, l'équerre ,,signifie que la volonté d'un chef de Loge ne peut avoir qu'un sens, celui des statuts de l'Ordre, et qu'elle ne doit agir que d'une seule manière, celle du bien`` (Symboles 1969).
B.− P. anal. Ce qui a, ou rappelle, la forme d'un tracé à angle droit.
1. TECHNOL. Pièce de fer plat, en forme de T ou de L, utilisée pour consolider des assemblages à angle droit. Pour les balcons, les solives du plancher viennent s'assembler, au moyen d'équerres et de boulons, avec le fer à double T (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 129).Et les charpentiers, pressés par le temps, s'étaient contentés de poser aux angles des équerres de fer, avec une telle insouciance, que toutes les vis n'étaient pas mises (Zola, Germinal,1885, p. 1529).
2. Usuel
a) Ce qui est à angle droit, a la forme d'un angle droit, ou rappelle cette forme. Derrière la tour et parallèlement à la vallée, un second corps de bâtiment venait former avec la façade une équerre régulière (Gracq, Argol,1938, p. 24).Madame mère faisait de la chaise longue de principe. Je veux dire qu'elle y était assise, les jambes formant une équerre parfaite avec le corps et le dos différent aux coussins (H. Bazin, Vipère,1948, p. 94).
b) Loc. adv. ou adj.
D'équerre. À angle droit. Pécuchet se mit à la taille des poiriers (...) s'obstinant à vouloir coucher d'équerre les duchesses qui devaient former les cordons unilatéraux, il les cassait ou les arrachait invariablement (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 40).À la droite du rectangle que forment ces deux salles, une autre salle d'équerre est la salle des fonts baptismaux (Barrès, Cahiers,t. 6, 1907-1908, p. 198).
Au fig., région. (Canada). Être d'équerre. Être de bonne humeur. Des journées il est pas à main en rien. D'autres fois, quand il est d'équerre, le sorcier l'emporte et il peut faire mourir quatre bons hommes rien que d'une bourrée (Guèvremont, Survenant,1945, p. 34).
En équerre. Disposé à angle droit.
[En parlant de parties du corps hum.] (Avoir) les pieds en équerre, écartés en équerre. Quelques-uns, plus fiers, affectaient une espèce d'indifférence hautaine, leur grand feutre penché sur le dos, les deux poings dans les poches de leur veste, la cuisse en avant et les coudes en équerre (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 120).Et [le cri] (...) du maçon que je vis tomber un jour de l'échafaudage, les jambes en équerre (Giraudoux, Électre,1937, II, 8, p. 196).
[En parlant d'objets concr.] Pièce, façades en équerre. Lorch est un gros bourg (...) situé sur la rive droite du Rhin et se prolongeant en équerre le long de la Wisper (Hugo, Rhin,1842, p. 148).Des brides coudées en équerre (Nosban, Manuel menuisier,t. 2, 1857, p. 46).Le lit étroit avait quelque chose de prude avec son drap soigneusement rabattu en équerre et les deux oreillers posés bien à plat (Green, Moïra,1950, p. 58).
Rem. Les dict. récents (Lar. encyclop.-Lar. Lang. fr., Quillet 1965) enregistrent un emploi de équerre dans le domaine du sp. désignant la position du gymnaste qui maintient les jambes tendues perpendiculaires au tronc lorsqu'il est à la barre fixe, aux anneaux, aux barres parallèles, etc.
Rare. [En parlant d'un bâtiment] En retour d'équerre, revenant en équerre. Qui a deux faces formant un angle droit. Un grand corps de logis et deux ailes revenant en équerre, de façon à former une cour d'honneur (Gautier, Fracasse,1863, p. 88).Là, le bâtiment faisait un retour d'équerre et l'on débouchait dans une longue galerie (Gautier, Fracasse,1863p. 380).
Prononc. et Orth. : [ekε:ʀ]. Warn. 1968 transcrit [εkε:ʀ] p. harmonis. vocalique ou parce que cette prononc. est le résultat de la disparition de l'anc. s. Enq. /ekeʀ/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1170 « carré » a esquire (Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 122); 2. ca 1275 « instrument destiné à tracer, à vérifier des angles droits » esquierre (J. de Meun, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 11734); ca 1393 a esquierre « à angle droit » (Ménagier, II, 303 ds T.-L.); 3. 1690 « pièce de fer en forme de T ou L destinée à consolider des assemblages de charpente, de menuiserie » (Fur.). Du lat. vulg. *exquadra, déverbal de *exquadrare (v. équarrir). Fréq. abs. littér. : 88. Bbg. Vidos 1939, p. 348.