| ÉMÉRITE, adj. A.− Vx. [En parlant d'un fonctionnaire, d'un professeur, d'un magistrat] Qui a pris sa retraite et jouit des honneurs de son titre. Synon. usité honoraire.Professeur émérite (Ac.1798-1932).Cet interlocuteur ne tarda donc pas à apprendre que ce monsieur assez âgé (...) était proviseur émérite (Queneau, Enf. du limon,1938, p. 220). Rem. Dans qq. pays et notamment la Belgique, le magistrat ou professeur émérite continue à percevoir l'intégralité de son traitement, alors que le magistrat ou professeur honoraire ne perçoit qu'une pension de retraite. − Emploi subst. masc. Jonathas laissa le vieux professeur dans le vestibule (...); mais il revint promptement (...) et conduisit le vieil émérite à travers de somptueux appartements (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 203).Les émérites ont une pension (Nouv. Lar. ill.). B.− Qui a une longue pratique de quelque chose, due à son âge, et y excelle; p. ext., qui a une compétence et une habileté de haut niveau. Cavalier, collectionneur, employé, joueur (cf. capitaine A 2 b), mathématicien émérite. Quand le mot « retraité » eut remplacé le mot « émérite », celui-ci prit la signification de « habile, expert », et Balzac la vulgarisa (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 121): Le mot « ami » signifie, en argot, un voleur émérite, un voleur consommé, qui, depuis longtemps, a rompu avec la socété, qui veut rester voleur toute sa vie, et qui demeure fidèle « quand même » aux lois de la haute pègre.
Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 520. − P. plaisant. Buveur, menteur émérite. Une nouvelle de moi [« Arsène Guillot »] a paru dans la Revue des Deux Mondes (...) On a trouvé qu'elle était impie et immorale. Trois ou quatre femmes, adultères émérites, ont poussé des cris de fureur que leurs anciens amants ont répétés en chœur (Mérimée, Lettres ctesse de Montijo, t. 1, 1870, p. 88). Rem. 1. Ce dernier emploi apparaît ds Ac. 1932. 2. Émérite se rapporte except. à des inanimés. [Spécialistes] à qui nous devons des réalisations émérites (Arts et litt., 1935, p. 3405). Prononc. et Orth. : [emeʀit]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. xives. adj. « qui a accompli sa carrière » (Bercheure, fo70 rods Littré); à nouv. av. 1762 (Ac.); 2. 1830 « qui a une longue habitude » (Balz., Paix du ménage,
œuvre., t. 1, p. 1010 ds Rob.). Empr. au lat.emeritus « qui a accompli son service milit. » part. passé de emerere « mériter, gagner ». Fréq. abs. littér. : 35. DÉR. Éméritat, subst. masc.,rare. État du professeur émérite, prérogatives qui s'y attachent. Il faut que les livres d'un professeur soient le fruit d'une longue expérience, et l'occupation de son éméritat (Joubert, Pensées,1824, p. 462).− [emeʀita]. − 1reattest. 1824, supra; de émérite, suff. -at*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Piron (M.). Les Belgicismes lex. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 300. − Spence (N. C. W.). Fr. St. 1972, t. 26, p. 495. |