| ÉLUCIDER, verbe trans. A.− [L'obj. désigne une pensée ou son expression] Rendre clair, expliquer ce qui est obscur. Élucider sa pensée, le sens des paroles de qqn. On discute sur plusieurs points douteux des écritures, on élucide des textes, on éclaircit les généalogies (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Nos Anglais, 1885, p. 54): 1. Il faut pourtant bien admettre que ce qui nous paraît limpide aujourd'hui, parce que d'autres l'ont élucidé pour nous, pût sembler étrange et trouble même aux yeux si clairvoyants de Voltaire.
A. Daudet, Pages inédites de crit. dram.,1897, p. 323. B.− P. ext. [L'obj. désigne un état de chose] 1. Élucider une énigme, un mystère. La vérité soupçonnée par chacun, que je devais chercher à élucider (Proust, Temps retrouv.,1922, p. 1046).Élucider le système du monde et (...) découvrir les lois de la nature (Valéry, Variété III,1936, p. 206): 2. Rien ne lui paraît dans la connaissance ne pouvoir être élucidé, conquis, transformé en savoir utilisable et solide par l'admirable science de cette méthode qui l'enivre.
Valéry, Variété V,1944, p. 225. 2. Tirer au clair, faire la lumière sur un phénomène en trouvant la raison de ce qui était incompréhensible, par recherche, investigation. Élucider une maladie, les lois d'une science. On a cherché à élucider la pathogénie des cancers d'aniline (Roussyds Nouv. Traité Méd., fasc., 5, 2, 1929, p. 40).L'enquête officielle n'a rien résolu! ... rien élucidé!... C'était à prévoir! Les causes de ce formidable embrasement demeurent pour toujours mystérieuses... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 411): 3. ... à lire, en effet, Gilbert, on sent qu'il n'a pas élucidé la fameuse question de eodem et diverso, qui est au fond du problème des universaux.
Théol. cath.,t. 4, 1, 1920, p. 1167. − Rare. Ce que le soleil ne vous montre pas que la foudre l'élucide! (Claudel, Corona Benignitatis Anni Dei,1915, p. 406). − Emploi pronom. à sens passif. Dans toute grande cause, un point s'élucide mal, une énigme partielle ne se dénoue pas (Arnoux, Rêv. policier amat.,1945, p. 237). Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. élucidé, ée « qui est tiré au clair ». Les modalités de l'évolution sont certes complexes, mal élucidées et discutables (Hist. sc., 1957, p. 1430). Prononc. et Orth. : [elyside]. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1480 (Regnaud Le Queux, Barâtre infernal d'apr. Delboulle ds DG); ca 1480-90 (Sottie des coppieurs et lardeurs, 352 ds Recueil Trepperel, éd. E. Droz, p. 174). Empr. au b. lat.elucidare « éclairer » et « rendre clair, expliquer ». Fréq. abs. littér. : 143. Bbg. Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 300. − Quem. Fichier. |