| ÉLECTEUR, TRICE, subst. Personne qui jouit du droit de participer à une élection (voir ce mot A). A.− Domaine pol.Électeur rural, sénatorial; électeur d'un canton; carte d'électeur; être électeur. À la veille d'un scrutin, l'électeur est toujours fort réservé (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 323).Le cinquième des électeurs inscrits vote régulièrement pour le parti communiste (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 175): 1. Nous rendons maintenant aux électeurs et nous donnons aux électrices la possibilité de désigner bientôt leurs conseils municipaux et leurs conseils généraux.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 452. ♦ Au sing. avec valeur de collectif. La masse, le grand nombre des électeurs. L'électeur n'y regardera pas de si près (Nizan, Conspir.,1938, p. 140). SYNT. Électeur bourgeois, local; électeur influent, présent; électeur d'un arrondissement, d'une commune; choix, droits, majorité, masse, qualité, vote d'un/des électeur(s); convocation des électeurs; comparaître devant les électeurs, (se) présenter aux électeurs. − (Grand) électeur ♦ HISTOIRE Prince du Saint Empire qui avait le droit d'élire l'Empereur d'Allemagne. Il [Hassler] fut (...), vers la fin de sa vie, maître de musique de l'électeur de Saxe (Vincent d'Indy, Compos. mus.,t. 1, 1897-1900, p. 176). Rem. 1. Plusieurs dict. attestent grand électeur pour désigner spécialement l'électeur de Brandebourg. 2. Électrice désigne la femme d'un électeur de l'Empire. C'est lui qui constata l'intégrité de l'électrice Josepha, pour l'annulation de son mariage (Giraudoux, Ondine, 1939, III, 4, p. 190). Grand dignitaire de l'état sous le Premier Empire. Au sortir du cabinet, le grand électeur serait arrêté (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 560).♦ P. anal. Homme qui, par son influence, son don de persuasion, amène des voix au candidat qui a sa préférence et pour le compte duquel il agit efficacement. Le marchand de meubles Reboul, (...) un homme puissant, parce qu'il était le grand électeur du parti radical, et qu'il se vantait de faire et de défaire les maires à volonté (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 45). − Emploi adj., rare. Le bourgeois le plus épais, le plus électeur et le plus caporal de la garde civique (Gautier, Tra los montes,1843, p. 179).Cette nation industrielle et électrice (Vigny, Journ. poète,1851, p. 1282). − Arg. (de caserne), vx. Civil. Se mettre en électeur. ,,C'est, pour le soldat, revêtir des habits civils`` (Fustier, Suppl. dict. Delvau, 1889, p. 531). Rem. La docum. atteste électeure comme subst. fém. C'était dans le temps où une femme devenue célèbre sur les bancs de la cour d'assises demandait chaque jour dans son journal que les femmes devinssent électeures, tuteures, députées, paires de France (J. Janin, Français peints par eux-mêmes, Bas Bleu, 1842, p. 226). B.− [Dans une assemblée, un collège, un conseil, etc.] Un certain nombre de professeurs de la Sorbonne, futurs électeurs de M. Lanson (Péguy, Argent,1913, p. 1183): 2. Le professeur Lartois, membre de l'Académie de médecine, et qui allait perdre en la personne de Jean de la Monnerie un de ses électeurs les plus sûrs à sa prochaine candidature à l'Académie Française, regarda autour de lui et regretta que ces dernières paroles, cette espèce d'investiture, n'eussent pas eu de meilleurs témoins.
Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 36. ♦ Grand électeur (cf. supra). « Le Cri de Paris » prétendait l'autre jour que le grand électeur [des prix Goncourt] était Descaves (Léautaud, Journal littér.,t. 1, 1893-1906, p. 343). − P. anal. Personne qui fait partie de la clientèle d'un homme célèbre, qui se pose en fidèle admirateur de quelqu'un. Gide se fermait chaque fois qu'il craignait que je lui retirasse des électeurs (Cocteau, Poés. crit. I,1959, p. 213). Prononc. et Orth. : [elεktœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Enq. /elektøʀ/. Étymol. et Hist. [xiiies. eslictor (Hist. occid. des croisades, t. I, p. 205 ds Littré)]; 1371 electeur (Oresme, Politiq., foIIIads Gdf. Compl.); ca 1350 « personne qui dans le Saint Empire germanique participait à l'élection de l'Empereur (par voie de suffrage) » (Récits d'un bourgeois de Valenciennes, 208, Kervyn ds R. Hist. litt. Fr. t. 11, p. 497). Empr. au b. lat.elector « celui qui choisit », formé sur le supin electum de eligere (élire*). Fréq. abs. littér. : 820. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 112, b) 714; xxes. : a) 954, b) 727. Bbg. Quem. Fichier. |