| ÉCLAIREUR, EUSE, subst. et adj. A.− 1. ART MILIT. (Celui) qui éclaire les autres, qui a pour mission de partir en avant, afin d'observer les lieux et de rapporter les informations susceptibles d'aider à voir clair ceux qui sont restés en arrière. Groupe, section d'éclaireurs. Les éclaireurs allemands venaient reconnaître l'endroit (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 27): Tous les éclaireurs isolés, ceux qu'on envoyait faire des rondes, alors qu'ils partaient à deux ou trois seulement, ne rentraient jamais.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Père Milon, 1883, p. 212. − P. métaph. ou p. compar. (emploi subst. ou adj.). Le vent, tiède éclaireur de l'assaut du printemps (Cros, Coffret Santal,1873, p. 19).Divins peuples éclaireurs! (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 487).Les grands hommes (...) sont les éclaireurs de la grande armée (Renan, Avenir sc.,1890, p. 196). − En éclaireur. En reconnaissance. Marcher en éclaireur. Les hussards partirent en éclaireurs dans la ville (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 96). 2. P. ext. a) Personne civile envoyée quérir un renseignement. Et on envoyait en éclaireur ma grand'mère, toujours heureuse d'avoir un prétexte pour faire un tour de jardin de plus (Proust, Swann,1913, p. 14). b) Spécialement − MAR. Avion ou navire envoyé(s) en reconnaissance. Une escadre de haute mer (...) doit se composer en principe de cuirassés (...) d'éclaireurs et de contre-torpilleurs (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér., nav.,1899, p. 553). − MÉD. Éclaireur à long foyer pour vision monoculaire bronchoscopique (Catal. instruments chir. [Collin], 1935, p. 181). B.− Adolescent(e) membre d'une association de scoutisme; en partic. (par opposition aux scouts) d'une association autre que catholique. Des chefs militaires (...) s'installent dès maintenant dans les sociétés de sport, de boys-scouts, d'éclaireurs (Bloch, Dest. S.,1931, p. 156). Prononc. et Orth. : [eklε
ʀ
œ:ʀ], fém. [-ø:z] ou p. harmonis. vocalique [ekle-] (cf. Pt Rob.). Le mot est admis ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. a) xiiies. esclerieres « luminaire, ce qui éclaire l'intelligence et la conscience des lecteurs » (Le Lucidaire, thèse complémentaire présentée par Y. Lefevre, Paris, 1954, p. 12); b) xvies. eclaireur « surveillant » (H. Estienne, Precellence, p. 147 ds Hug.) − 1611, Cotgr.; 2. 1792 milit. (Ami du Peuple, 29 déc., p. 7 ds Frey, p. 261); 3. 1931 scoutisme (supra). Dér. du rad. de éclairer*; suff. -eur2*; au sens 3 calque de l'angl. scout, v. ce mot. Fréq. abs. littér. : 115. Bbg. Kemna 1901, p. 89. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 36. |