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ÉCHARPE, subst. fém.
I.− [Désigne une bande d'étoffe]
A.− Pièce du vêtement masculin passée obliquement de l'épaule droite à la hanche gauche ou nouée autour de la taille.
1. [Sans valeur de symbole] HIST. Longue bande d'étoffe que les chevaliers portaient sur l'armure et qui leur servait pour s'essuyer le front ou pour étancher le sang d'une blessure. Porter une écharpe aux couleurs de sa dame (Ac.). Celui-ci vous jetait pêle-mêle hauberts, écharpes, cimiers, géants (France, Vie fleur,1922, p. 118).
2. [Avec valeur de symbole]
a) HIST. Bande d'étoffe qui permettait de marquer (par la couleur) l'appartenance des combattants revêtus d'une armure à une nation, un parti, une cause; qui indiquait leur responsabilité au sein d'une armée. Les Français portaient l'écharpe blanche, les Espagnols l'écharpe rouge (Ac.). Tous, et même le roi, portaient l'écharpe des Armagnacs (...) ses vieux serviteurs (...) s'affligeaient que l'on quittât la croix blanche (...) pour prendre le signe d'un simple seigneur (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 3, 1821-24, p. 406).Piero Aldobrandi, sans casque, portait la cuirasse noire, le bâton et l'écharpe rouge de commandement (Gracq, Syrtes,1951, p. 116).
Loc. fig., vieilli. Changer d'écharpe. Changer de parti, abandonner la cause pour laquelle on combattait (Ac. 1835-78).
b) Mod. Large bande d'étoffe aux couleurs de la nation et garnie d'une frange de couleur différente suivant qu'elle est l'insigne des députés ou de certains officiers civils. Écharpe de commissaire de police; maire en écharpe. Le tribun [Jaurès], avec son melon, et sa poitrine barrée de l'écharpe tricolore des parlementaires (Aragon, Beaux Quart.,1936, p. 340):
1. − Monsieur sait que je vais me remarier (...) − Eh bien! Mulot, je ne suis pas maire pour rien. Quand vous voudrez (...) je ceignis pour la première fois mon écharpe en vue d'unir le nouveau couple. Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 1094.
B.− [Pièce du vêtement masc. ou fém.] Bande de tissu, de tricot, entourant le cou ou passé autour des épaules, éventuellement noué, qui permet de se protéger du froid ou qui sert d'ornement. Écharpe de laine; mettre, porter une écharpe; nouer une écharpe autour du cou. Elle [la duchesse] fit voler les deux bouts de l'écharpe qui pendait à ses côtés (Balzac, Langeais,1834, p. 215).Elle [Fernande] (...) enroula autour de son cou une écharpe rayée de beige et de brun, maintenue par une barrette brillante épinglée en biais (Chardonne, Dest. sent. III,1936, p. 219):
2. Il [Gallimard] me montre Copeau de loin. (...) le torse moulé dans un chandail vert épinard, la mâchoire enfoncée dans une écharpe flottante en laine écossaise, ... Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littér.,1955, p. LXV.
SYNT. Écharpe blanche, bleue, noire, verte; grande, longue, large écharpe; passer, porter une écharpe; s'envelopper dans une écharpe; écharpe de/en cachemire, coton, crêpe, dentelle, mousseline, satin, soie, tulle, velours.
P. compar. Il [Chéri] retira son bras avec brusquerie et la jeune femme glissa au creux du lit comme une écharpe détachée (Colette, Chéri,1920, p. 111).De grands lambeaux de brouillard flottant autour d'eux comme des écharpes (Green, Journal,1940-43, p. 268).
C.− Spéc., MÉD. ,,Bandage large appliqué contre la poitrine ou autour du cou et destiné à maintenir l'avant-bras fléchi sur le bras`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Le bras bandé par le chirurgien et soutenu d'une écharpe (Gautier, Fracasse,1863, p. 247).
Écharpe de Mayor. ,,Pièce de toile triangulaire utilisée pour maintenir un pansement du sein`` (Méd. Biol. t. 2 1971).
Loc. adv. [Prép. sans art.] En écharpe. Soutenu par ce bandage. Avoir, porter le bras en écharpe. P. anal. Il y a sur le boulevard deux hommes que tout le monde connaît. L'un se traîne sur deux béquilles, le pied gauche en écharpe (Balzac, Œuvres div.,t. 1, 1824-30, p. 87).Il portait sa main en écharpe (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 215).
Au fig. [Avec l'idée de blessure] En mettant en évidence, de manière à attirer l'attention. Il [Tartarin] savait que les femmes aiment à consoler, et que porter ses chagrins de cœur en écharpe est la meilleure façon de réussir auprès d'elles (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 258).Il a tué des types dans le maquis (...) ce n'est pas une raison pour se promener dans la vie avec son âme en écharpe (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 272).
Proverbe Le lit est l'écharpe de la jambe. ,,Une personne blessée à la jambe, ou qui souffre de la jambe doit garder le lit`` (Ac. 1835).
II.− P. anal.
A.− [Avec l'écharpe qui passe obliquement sur l'armure]
1. Loc. adv. [Prép. sans art.] En écharpe
a) En bandoulière. Le grand cordon de plusieurs ordres se porte en écharpe (Ac.).
b) Obliquement, de biais, de côté.
[En parlant d'un vêtement] Cordon qui coupe le corsage en écharpe. La fine chemise rose (...) glissant en écharpe sur l'épaule, découvrait un sein et voilait l'autre (France, Lys rouge,1894, p. 244).
[En parlant d'un tir d'artillerie, d'un coup porté à l'aide d'une arme blanche] Être pris en écharpe par une fusillade. On apercevait (...) les corps prussiens échelonnés; il [Napoléon] les prit en écharpe par du canon (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 3, 1863-69, p. 138).
Rem. On rencontre ds la docum. la loc. adv. d'écharpe. Feu d'écharpe; prendre d'écharpe; frapper d'écharpe. Une profonde anfractuosité que la bourrasque ne frappait que d'écharpe (Verne, M. Strogoff, 1876, p. 140).
[En parlant d'un phénomène lumineux] . Salle éclairée en écharpe. Les rayons du soleil tombaient (...) obliquement sur la maison, la prenaient en écharpe (Balzac, Rech. absolu,1834, p. 123).La lumière coule mollement, du verre suspendu, (...) sur les rideaux dont elle jette l'ombre en écharpe au travers d'un corps pelotonné (Goncourt, Sœur Philom.,1861, p. 3).
c) [En parlant de véhicules en mouvement] Latéralement; de biais. Véhicule pris en écharpe.
CH. DE FER. Collision en écharpe. Qui a lieu au point de rencontre de deux voies convergentes. Aux bifurcations, il est nécessaire de prendre des mesures de sécurité pour éviter les collisions en écharpe (Bricka, Cours ch. de fer,t. 2, 1894, p. 159).
2. TECHNOL. Pièce de bois ou de métal placé diagonalement pour consolider les pièces assemblées. Le transporteur [de la lieuse] est supporté par un cadre rectangulaire fortement armaturé de cornières et d'écharpes et garni d'une tôle aidant à l'entretoisement (Ballu, Mach. agric.,1933, p. 429).
B.− [Avec la bande longue et étroite de l'écharpe dépliée]
1. [Avec un déterminant, adj. ou compl. prép. de] Écharpe d'air, de brume, de neige, de poussière, de sable. L'arbre mort laissait pendre (...) une écharpe de polygonum (Colette, Chatte,1933, p. 31).Ceux du sol nous distinguent à cause de l'écharpe de nacre blanche qu'un avion (...) traîne comme un voile de mariée (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 298):
3. Savez-vous ce qu'est le chemin de Saint-Jacques? C'est, au-dessus de la campagne (...) tout près de l'horizon, de grandes écharpes grises qui, en montant vers le zénith, (...) s'effrangent, se brisent, se font nuages et tracent à travers le ciel un beau chemin doré... Guéhenno, Journal d'une« Révolution », 1937, p. 68.
Au fig., littér. L'écharpe d'Iris, l'écharpe aux sept couleurs. L'arc-en-ciel. L'écharpe aux sept couleurs que l'orage en la nue Laisse (Hugo, Odes et ball.,1828, p. 381).
2. AMEUBL. Large bande d'étoffe retenue à chaque extrémité et retombant au milieu. Alcôve décorée d'écharpes (Havard. t 2 1888).
C.− [Avec la courbe de l'écharpe qui entoure l'épaule, le cou]
1. Avec la couronne de son casino le plus somptueux de France, l'écharpe scintillante des hôtels de qualité (...) Nice veut dire beauté (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 10, col. 7-8).
En écharpe. En forme de courbe, en rond. Nice (...) jetée au loin en écharpe, fait penser à la Naples des images légendaires, par une certaine composition (...) de rivage bien courbé (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 74).
2. TECHNOLOGIE
a) MAÇONN. Cordage qui entoure un fardeau et qui permet de le monter à l'aide d'une grue (d'apr. Chesn. 1857).
b) MAR. Synon. herpe.
Prononc. et Orth. : [eʃaʀp]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 escharpe « panetière, sacoche (de pèlerin) » (Couronnement Louis, 1454 ds T.-L.) − 1681 escherpe ds Bulletin archéol. publ. p. le Comité hist. des Arts et des Monuments, t. 3, p. 456; 1283 en escherpe « en bandoulière » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, 1653); ca 1330 en escharpe (Girart de Roussillon, éd. E. B. Ham, 1481); 1690 en écharpe « obliquement, de côté » (Fur.); 2. 1306 escherpe « large bande d'étoffe que l'on porte obliquement, d'une épaule à la hanche opposée » (G. Guiart, Royaux Lignages, éd. L. Delisle et N. de Wailly, 20038); 3. 1549 « bandage passé autour du cou ou porté en bandoulière, qui sert à soutenir l'avant-bras » (Est.); 4. 1567 « cordage qui sert à retenir un fardeau que l'on monte avec une grue » (J. Martin, Architecture, trad. de Vitruve, 136 ds IGLF); 5. 1666 « bande d'étoffe portée autour du cou ou sur les épaules » (Furetière, Le Roman bourgeois, éd. E. Colombey, p. 71); 6. 1755 menuis. (Encyclop. t. 5); 7. 1864 décoration (Littré). De l'a. b. frq. *skirpa, *skirpja « panier de jonc », lui-même du lat. scirpus « jonc », cf. le lat. médiév. scrippa « sacoche de pèlerin » (754-755 ds Nierm.) et, dès le lat. class., scirpea « panier », dér. de scirpus. Fréq. abs. littér. : 797. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 006, b) 1 770; xxes. : a) 1 038, b) 957. Bbg. Archit. 1972, p. 61. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 320. − Wind 1928, p. 22.