| ÉCHARNER, verbe trans. TECHNOL. Enlever les chairs, les graisses de la surface interne d'une peau, fraîche ou tannée, ainsi que toutes les parties accessoires en vue du corroyage. Écharner un cuir, une peau : ... il travaille ainsi toute la surface en poussant son outil dans le sens du haut vers le bas (...). L'outil est un couteau à deux poignées muni d'une lame d'une quarantaine de centimètres de long : cette lame est (...) mince, généralement souple et droite pour le couteau à écharner.
Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p. 44. − Emploi pronom. à sens passif. Être écharné; p. anal. présenter une apparence dépouillée. La nef d'Amiens se lamine, s'écharne, s'effile, se filise (Huysmans, Cathédr.,1898, p. 480). Rem. 1. Le part. passé écharné, ée s'emploie qqf. avec valeur d'adj. Peaux écharnées. P. ext. Les os écharnés et les viandes gâtées jetés à sa faim (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 312). P. anal. Les arbres écharnés du square (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 26). 2. On trouve chez Colette un emploi arg. de écharner « railler, injurier, se moquer » et qui doit sans doute se rattacher à écorner. « Des tables verrrtes, » répète-t-il, taquin, en roulant l'r. − Je vous défends de m'écharner (Colette, Cl. Paris, 1901, p. 56, 57). 3. On rencontre ds la docum. a) Écharnoir, subst. masc. Instrument servant à écharner les peaux. (Quasi-) synon. couteau à écharner. b) Écharnure, subst. fém. Résidus de chair qui ont été ôtés d'un cuir, d'une peau lors de l'écharnage* ou façon qu'on donne en écharnant. Prononc. et Orth. : [eʃaʀne], (j')écharne [eʃaʀn̥]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. Début xiiies. megres et descharnez (B. de Bar-sur-Aube, Girart de Viane, éd. F.-G. Yeandle, 1065a); xives. escharner « décharné » (Gautier de Coincy, II, ch. 9, 445, éd. V.-F. Kœnig, leçon du ms. O); fin xiiiies. escharner « sortir de la chair [en parlant de l'ongle] » (Cod. Digby 86, fo52 vods G. Tilander, Glanures lexicographiques, p. 87); 1680 terme de tanneur (Rich.). Dér. de chair* (anciennement charn); préf. é-* privatif; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2. DÉR. Écharnage, écharnement, subst. masc.Action d'écharner les peaux, d'en ôter les chairs; résultat de cette action. Les autres matières seront simplement soumises à une séparation mécanique appelée écharnage, ce sont les tissus sous-cutanés adipeux et musculaires (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p. 31).L'odeur musquée des ateliers d'écorchement, d'écharnement et d'étirage des peaux (Morand, Folle amour.,1956, p. 22).Rem. On rencontre ds la docum. la forme écarnage empl. dans le même sens. Une odeur d'écarnage, de tan et de vieux plâtre giclait sous la main plate du vent (Giono, Chant monde, 1934, p. 128).− [eʃaʀna:ʒ], [eʃaʀnəmɑ
̃]. − 1reattest. 1790 (Encyclop. méthod. ap. DG); du rad. de écharner, suff. -age* et -(e)ment1*. |