TISANE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. xiiies.
tisene « décoction d'orge mondé dans laquelle on fait infuser diverses plantes » (
Livre des simples médecines, 448 d'apr.
Arveiller ds
Romania t. 94, p. 176);
ca 1393
tizane (
Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 263);
2. 1872
tisane de Champagne (
Littré).
B. 1830 arg. « volée de coups » (
Alhoy,
Bagnes Rochefort, p. 153: Le forçat: J'ai la fièvre. Le gardien le frappant de sa baguette: v'là un coup d'
tisane). Du lat.
ptisana, tisana « orge mondé » puis « décoction d'orge », du gr. π
τ
ι
σ
α
́
ν
η « brouet d'avoine », la décoction d'orge étant, dans la méd. anc., un des principaux remèdes contre la fièvre et servant de base à des infusions ou décoctions de plantes; au
xixes. le nom de
tisane a été étendu à « tout liquide médicamenteux qui, contenant peu de parties actives, est destiné à former la boisson ordinaire d'un malade » (
Encyclop. méthod. Méd. 1830). Le sens B s'explique prob. par un jeu de mots semblable à l'empl. arg. de mots du domaine alimentaire comme
baffre, beigne, marron, oignon, ratatouille, tarte (v.
Sain. Lang. par., p. 576 et 582),
cf. également l'empl. de
purge au sens de « punition » (1404) et « volée de coups » (1884), v.
FEW t. 9, p. 613 et
Rey-
Cellard. On peut évoquer également (plutôt que l'infl. de l'esp.
atizar « attiser » proposée par
Esn.) l'infl. de
tison att. du
xiieau
xiiies. au sens de « pièce de bois » (et en partic. au sens de « pieu servant d'arme dans un tournoi » au
xiiies., v. T.-L., v. aussi
Gdf. et
Gdf. Compl.) sens qui a vécu dans certains parlers région. (v.
FEW t. 13, p. 356), ainsi que certains de ses dér. comme
tisonner « exciter, harceler » (att. aux
xiiie-
xives., v.
Gdf. et
Gdf. Compl., T.-L.) ayant subsisté en Dauphiné au sens de « taquiner » (v.
FEW t. 13, p. 357;
cf. également en dauph. les formes
tisiccá « agacer, harceler » et
tusilliè «
id. », att. dep. le
xviies .),
altize̖ õ ku « appliquer (un coup de poing, une gifle) » (Suisse romande, v.
Pat. Suisse rom.,
s.v. attiser) et
attisat « bourrade rude »,
attisade « coup, bourrade » (Béarn., v.
Palay), v.
FEW t. 13, pp. 357-359.