SUPPORTER1, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) 1385 « prendre en charge, soulager » (
Eustache Deschamps,
Mir. de mariage, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 210: Si les [les vieillards] devons en leur vieillesse Servir,
supporter leur detresse);
b) 1385
l'un l'autre supporter « s'aider mutuellement » (
Id.,
ibid.);
c) 1470 (
Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen, t. 4, p. 108: nostre dicte ville
a esté supportée plus que nulle autre) − 1718 « favoriser, appuyer » (
Ac.), encore ds
Bern. de St-P.,
Ét. nat., t. 3, 1784, p. 405;
2. a) 1431 (
Clement de Fauquemberge,
Journal, éd. A. Tuetey, t. 2, p. 164: ne pourroit soubstenir ne
supporter les charges de la prevosté; t. 3, p. 23: pour laquelle despense
supporter; t. 3, p. 24:
a supporté en grant pacience les estranges manieres et verbales responses faictes en ceste matiere);
b) 1432 (
Régnier,
Fortunes et adversitez, éd. E. Droz, p. 105: Job (...) le bien et le mal
supporta);
c) ca 1485 « maintenir, porter par-dessous » (
Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35627);
d) 1607 (
Urfé,
Astrée, t. 1, p. 228: ne me pouvant
supporter courroucée);
e) 1611 (
Bertaut,
Œuvres poét., p. 31:
supporter la clarté);
f) 1623 (
Garasse,
Doctrine curieuse, p. 544: ainsi les articles de nostre creance
supportent et soustiennent toute l'oeconomie de la doctrine evangelique);
g) 1671 (
Bouhours,
Entretiens, p. 35: elle [la vérité] ne peut
supporter les metaphores trop hardies);
h) 1699
ne plus pouvoir se supporter soi-même (
Fénelon,
Aventures de Télémaque, p. 251);
i) 1748
supporter le même examen (
Diderot,
Bijoux indiscrets, p. 142);
j) 1751 (
Prévost,
Lettres angloises, t. 5, p. 533: un habile homme (...) qui lui a prescrit un régime, aussitôt que son estomac sera capable de le
supporter);
3. 1963 « encourager, soutenir (un sportif, une équipe) » (d'apr.
Rey-
Gagnon), contesté en ce sens (
cf. J.
Darbelnet,
Regards sur le fr. actuel, 1963, pp. 31-32,
ibid.). Empr. au b. lat.
supportare « soutenir » et « souffrir, tolérer, endurer » (
ives. ds
Blaise Lat. chrét.), du lat. class.
supportare (comp. de
sub « sous » et
portare « porter ») att. au sens de « porter, transporter ». En fr. l'ext. des sens de
supporter s'explique prob. par l'infl. des nombreux comp. de
porter*, en partic. de l'a. fr.
sorporter (
sourporter, surporter) att. aux sens de « entraîner, emporter » (
xiie-
xiiies., v.
Gdf.), « endurer » (fin
xiies.), « favoriser, avantager » (
xives.) et l'a. m. fr.
sousporter (
sosporter) att. aux sens de « soulager » aux
xiiie-
xives. et « supporter le coût de » au
xives. (v.
Gdf.,
s.v. sourporter et
sousporter; v. aussi
FEW t. 9, p. 217);
cf. aussi lat. médiév.
supportare « aider, encourager » (1223) et « supporter le coût de » (1487, v.
Latham). Le sens 3 est repris à l'angl.
to support (lui-même empr. au
xives. au fr. avec les sens de « endurer, tolérer » et « encourager, donner aide, soutien à [quelqu'un, une cause] ») , att. dans le domaine du sport en 1952 (v.
NED et
NED Suppl.2).