SUBLIME, adj. et subst.
Étymol. et Hist. A. Adj.
1. a) Ca 1470 « (d'une chose) qui est très haut dans la hiérarchie des valeurs, admirable, parfait » (
Georges Chastellain,
Exposition sur Vérité mal prise ds
Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 264);
b) 1549 (?) « (d'une personne) qui est remarquable, qui suscite l'admiration » (Cl
. Marot [?],
Complainte d'un pastoureau chrestien ds
Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 392: o Pan grand et
sublime);
2. a) 1540 fig. « (d'une personne) haut placé » (
La Grise, tr. Guevara, I, 17 ds
Hug.);
b) 1552 « de haute taille, grand et fort »
grand chat soubelin (
Rabelais,
Quart Livre, LXVII, éd. R. Marichal, p. 266, 4);
c) 1572 « (d'une chose) qui vient d'en haut, qui est situé en haut » (
Amyot,
Opin. des philos., III, 2 ds
Littré: nuage haut eslevé [...] esclairé par une
sublime lumiere);
3. 1546 « empreint de finesse »
qualité soubeline (
Rabelais,
Tiers Livre, XVI, éd. M. A. Screech, p. 127, 96);
4. a) 1669 littér. (
La Fontaine,
Amours de Psyché et de Cupidon, I ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 120: La tragédie a encore cela au dessus de la comédie, que le style dont elle se sert est
sublime; et les beautés du
sublime, si nous en croyons Longin et la vérité, sont bien plus grandes); 1671
le style sublime (
Bouhours,
Entretiens d'Ariste et d'Eugène, p. 70 ds Th. A.
Litman,
Le Sublime en France..., Paris, 1971, p. 20);
b) 1674 à propos d'un ouvrage de l'esprit (
Boileau,
Art poétique, II ds
Œuvres, éd. Fr. Escal, 1966, p. 166: Ses ouvrages [de Juvénal] tout pleins d'affreuses veritez, Etincellent pourtant de
sublimes beautez).
B. Subst.
1. 1659 lang. des Précieuses « le cerveau » (
Molière,
Précieuses ridicules, IX);
2. 1669 littér. (
La Fontaine,
loc. cit.);
cf. 1674 (
Boileau,
Traité du Sublime ou du Merveilleux dans le discours, préf., p. 338: Il faut sçavoir que par
Sublime, Longin n'entend pas ce que les orateursappellent le stile sublime: mais cet extraordinaire et ce merveilleux qui frape dans le discours et qui fait qu'un ouvrage enlève, ravit, transporte;
cf. Th. A.
Litman,
op. cit., pp. 63-103);
3. 1690 « ce qui élève » (
Fur.); 1718 (
Ac.: il y a du
sublime dans ces sentiments-là). Empr. au lat.
sublimis (peut-être de
sub + limis, anc.
limus, propr. « qui monte en ligne oblique, qui s'élève en pente »,
Ern.-
Meillet) « suspendu en l'air, qui est en l'air; haut élevé, placé en haut; (fig.) élevé, grand; sublime (terme de rhét. en parlant du style, Quintilien) »; à basse époque, subst. masc. plur.
sublimes « les haut placés »,
Blaise Lat. chrét.