SOUPLE, adj.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 « docile, complaisant, traitable » (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8176); 1580 péj. (
Montaigne, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 647: ny double, ny
soupple, ny accommodant sa foy à la volonté d'autruy et aux occasions);
2. ca 1175 « humble, suppliant » (
Benoît de Ste-
Maure, Chron. ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 13924);
3. a) 1580 « qui peut s'adapter à différentes coutumes, disciplines » (
Montaigne, op. cit., I, 26, p. 166: le corps encore
souple, on le doit plier [...] à toutes façons et coutumes); 1588 péj. « qui varie selon les situations » (
Id., ibid., III, 12, p. 1034: Il n'est rien si
soupple et erratique que nostre entendement);
b) 1580
voix et haleine souple [de merles, de perroquets] (
Id., ibid., II, 12, p. 441).
B. Concr.
1. a) ca 1170 agn. « (en parlant du vent) léger »
suple vent (
Vie de St Edmond, éd. H. Kjellman, 1405);
b) ca 1200 « (d'une partie du corps − d'un animal) mou »
keue souple [d'un roncin] « queue tombante, basse » (
Jean Bodel, Fabliaux, Deus chevaus, éd. P. Nardin, 165);
c) ca 1380
bras soupple « qui se déplie, se meut facilement » (
Jean Lefèvre, Vieille, 130 ds T.-L.);
2. ca « (en parlant d'une chose) qui se plie facilement, sans s'altérer » subst. « sorte d'étoffe » (
Les Faits des Romains, éd. L. F. Flutre, p. 626, 7), empl. isolé, v.
Romania t. 65 1939, p. 533; 1583-90 adj. fig. (
Brantôme, Grands capitaines fr., Maréchal de Montmorency ds
Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 3, p. 354: Il le [le peuple de Paris] rendit
souple et maniable comm'un gand de chevrotin de Vandosme); 1680
peau souple; gant souple (
Rich.);
3. 1269-78 « (d'un terrain) meuble, facile à travailler » (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 10120). Empr. au lat.
supplex « qui plie les genoux, qui se prosterne, suppliant »; de là l'évol. en a. fr. vers le sens abstr. de « soumis, humble » et vers le sens concr. de « qui plie facilement, flexible ».