SOULAGER, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) 1461 « débarrasser, décharger de quelque chose qui grève, qui pèse » (
Ordonnance de Louis XI (donnée à Meung-sur-Loire) ds
Ordonnances des rois de France, t. 15, p. 120: pour
soulager les habitans et subjetz d'iceux pays et duché);
b) ca 1485 (
Mystere Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 10635: Or le veuille tousjours Dieu
soulager Et maintenir en sa prosperité);
c) ca 1485 « rendre quelque chose moins pesant » (
ibid., 37448: Et n'y a nulluy qui
soullage sa tres cruelle passion);
d) 1690
soulager un vaisseau, soulager un plancher trop chargé (
Fur.);
e) 1757 (A.-J.
Pernéty, Dict. portatif de peint., sculpt. et grav.: Soulager la main, en termes de gravûre en taille-douce, signifie la même chose qu'
alléger);
2. 1835 pronom. « satisfaire un besoin naturel » (
Ac.);
3. arg.
a) 1851 « assassiner quelqu'un » (
P. Tarbé, Rech. sur l'hist. du lang. et des pat. de Champagne, t. 2, p. 227);
b) 1866 « alléger la poche de son voisin de la montre ou de la bourse qu'elle contenait » (
Delvau). On considère traditionnellement
soulager comme une réfection, sous l'infl. de
soulas* (et avec substitution de
-a- à
-e-) de l'a. m. fr.
suslegier att. d'abord au sens de « jeter à la mer une partie de la charge d'un navire (dans une tempête) » (
ca 1175,
Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 1873) puis au sens de « délivrer quelqu'un d'un fardeau (domaine moral principalement) » jusqu'au
xvies. (v. T.-L.,
Gdf. Compl. et
Littré),
suslegier étant issu du lat. *
subleviare, altér. du class.
sublevare « soulever », sur le modèle de
alleviare « alléger*, soulager ». On peut noter cependant que
suslegier a été d'un empl. relativement limité, se trouvant princ. dans des textes de l'Ouest; d'autre part certaines attest. de
soulagier données par T.-L. (
s.v. soslegier) sont prob. à considérer comme des var. dial. de
solacier « donner du soulas, distraire, réconforter (v.
soulas et
soulasse) », proche de l'aire sém. de
soulager (
Chevalier deux espees, 3371 et
Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, 38;
cf. également
solager ds
Lancelot, éd. Micha, t. 8, p. 118 alors que l'éd. E. Kennedy, t. 1, p. 350 a la leçon
solacer). On peut invoquer également l'infl. de l'a. m. fr.
assouagier « adoucir, apaiser, réparer, soulager » (bien att. du
xiies. à
Palsgr. 1530, v.
FEW t. 12, p. 325;
cf. Isopet I, éd. J. Bastin, t. 2, p. 232:
s'asouaige au lieu de
la soulage donnée par T.-L.).