SOUFFLER, verbe
Étymol. et Hist. A. Intrans.
1. 1121-34 « expulser de l'air par la bouche ou par le nez » (
Philippe de Thaon, Bestiaire, 729 ds T.-L.:
sufler);
2. a) α) ca 1160 « respirer avec peine, en expirant fort, bruyamment » (
Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, C.F.M.A., 1231:
sofler);
β) 1694 « prendre un peu de repos » (
La Bruyère, Caractères ds
Œuvres, éd. G. Servois, t. 3, 1
repartie, p. 223);
b) 1668 « ouvrir la bouche pour répliquer, protester, se plaindre » (
Molière, George Dandin, II, 7 ds
Œuvres, éd. E. Despois et P. Mesnard, t. 6, p. 559: sans que j'ose
souffler);
3. 1269-78 « faire fonctionner un soufflet, une soufflerie » (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 21009: Orgues i ra [...] Ou il meïsme
soufle et touche);
4. ca 1328 « se déplacer (du vent) » (
Propriétés des choses, II, 6, 16 ds T.-L.: le vent [...]
souffle souvent).
B. Trans.
1. a) α) ca 1175 « envoyer un courant d'air (de gaz) sur quelque chose » (
Benoît, Ducs Normandie, 17539 ds T.-L.);
β) 1636 « souffler sur quelque chose pour l'enlever » (
Monet);
b) α) 1560
souffler la chataigne à qqn « enlever quelque chose à quelqu'un » (
Aneau, Alector, f
o53 ds
La Curne);
β) 1655
souffler qqc. à qqn «
id. » (
Molière, L'Étourdi, III, 5 ds
Œuvres,t . 1, p. 183);
c) α) 1671
souffler un pion jeu de dames (
Pomey, s.v. dame);
β) 1690 fig.
un homme a soufflé le pion à un autre (
Fur.);
γ) 1757
souffler n'est pas jouer (
Vadé, Il était tems ds
Rec. d'opéras comiques de differens auteurs, Paris, t. 7, 1773, p. 38);
d) 1942 « détruire par l'effet du souffle » (
Gide, Journal, p. 155);
2. a) xiiies. [mss]
ne mot sofler (
Enéas, var. du v. 2698); 1835
ne pas souffler mot (
Ac., s.v. mot);
b) α) 1538
souffler qqc. en l'oreille de qqn « dire tout bas » (
Est. d'apr.
FEW t. 12, p. 408a; déjà 1
erquart du
xiiies.
sofler en l'oreille a aucun « inspirer quelqu'un, le faire agir »
Reclus de Molliens, Miserere, 121, 9 ds T.-L.);
β) 1636
souffler à l'oreille (
Monet);
c) 1549
souffler a aucun par derrière ce qu'il doibt dire (
Est.);
3. a) 1393 « insuffler de l'air sous la peau pour détacher » (
Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 247:
souffler ung poucin; déjà
car soufflee, en 1342 dans un doc. de la ville de Tournai, v.
Gdf. Compl.);
b) 1694
souffler l'orgue (
Ac.);
c) 1723
souffler le verre (
Savary ds
FEW t. 12, p. 407b);
4. 1940 « causer une surprise qui coupe le souffle » (d'apr.
Esn. 1966). Du lat.
sufflare « souffler sur, gonfler », comp. de
sub-, v.
sub- et de flare « souffler, exhaler ».