SOMBRE, adj.
Étymol. et Hist. 1. 1374 Nord
sombre cop « meurtrissure » (6 mars,
Reg. de la loy, Arch. Tournai ds
Gdf.) − 1604 [éd.] (
Cout. d'Anapes, Coutum. gén., II, 923,
ibid.);
2. 1530 « qui donne peu de clarté » (
Palsgr., pp. 307b et 648a: Le temps est
sombre ... il fait
sombre); 1606
nuit sombre (
Nicot qui cite
Du Bellay); 1611 subst. « ce qui est peu éclairé » (
Larivey, Fidèle, I, 8 ds
Gdf. Compl.: au
sombre de la nuict); 1863 sylvic.
coupe sombre « coupe peu importante (p. oppos. à
coupe claire) » (
Littré, s.v. coupe); puis par contresens 1910
coupe sombre « réduction importante de personnel » (
Lar. pour tous, s.v. coupe);
3. 1545 adj. « où manque la sérénité, empreint d'une tristesse tragique ou menaçante » (
Farce des cinq sens ds
Anc. Th. fr., éd. Viollet le duc, t. 3, p. 305: je vous prometz de cueur non
sombre Que nul de vous je ne vueil nuire, Se grant fortune ne m'encombre);
4. 1694 (
Ac.: On appelle,
Couleurs sombres, Les couleurs qui sont moins esclatantes que les autres, et qui tirent sur le brun);
5. 1855 (
Littré-
Robin Add.:
Sombre ou sombré - Voix sombrée, timbre
sombre); 1933
voyelles sombres (
Mar. Lex., s.v. voyelle);
6. 1868 sert à déprécier
sombre mystificateur (
Lautréam., Chants Maldoror, Poésies I ds
Rob., s.v. loustic, citations). Mot prob. plus anc. (
cf. ca 1179 le subst. dér.
essombre « ténèbres; ombre »
Renart, éd. M. Roques, I, 2313 et 2556, à l'aide du préf.
es-, v.
-é2, du lat.
ex-) d'orig. obsc.; p. -ê. dér. d'un anc. verbe
*sombrer « faire de l'ombre », du b. lat.
subumbrare « couvrir d'ombre » dans des textes scripturaires de 400 et
viiies. ds
Cor.-
Pasc., v. aussi
Blaise Lat. chrét., dér. du lat. class.
umbrare « couvrir d'ombre, faire de l'ombre », de
umbra « ombre », préf.
sub- marquant la position inférieure, v.
FEW t. 12, p. 375 et
G. Straka ds
Homenaje a Alonso Zamora Vicente, I, 1988, pp. 282-287;
cf. l'esp.
sombra « ombre »
xiiies. ds
Al., altér. du lat.
umbra « ombre » sous l'infl. de
sol « soleil »,
solombra « ombre » 1250 ds
Cor.-
Pasc. p. oppos. de
sol y sombra « soleil et ombre », et l'a. prov.
solumbrar « ombrager, mettre à l'ombre, reposer »
xives. ds
Rayn., de la même orig. lat. sous l'infl. de
sol « soleil ».