PAUVRE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1050 «qui est nécessiteux, qui manque de biens matériels nécessaires» (
Alexis, éd. Chr. Storey, 527);
2. a) ca 1050 (d'une chose) «digne d'un pauvre, d'un misérable» (
ibid., 419);
b) 1176-81 «qui n'a pas de valeur ni de force, piètre, pitoyable» (
Chrétien de Troyes, Chevalier lion, éd. M. Roques, 3174); 1188 «de peu de valeur ou de peu d'importance» (
Aimont de Varennes, Florimont, 4094 ds T.-L.); 1549
langue [
...]
pauvre (
Du Bellay, Deffence et illustration, éd. H. Chamard, p.84, l. 8); 1615
rime [
...]
pauvre (Th.
Sebillet, Art poétique, éd. F. Gaiffe, p.66); 1690
ouvrage pauvre (
Fur.);
3. 1190
povre de «qui manque de» (
Herman de Valenciennes, Bible de Sapience, 224 ds
Bartsch Chrestomathie, 23, p.76); 1671
pauvre en «qui manque de, a peu de» (
Pomey);
4. a) xves. [mss] «(d'une personne) qui fait pitié» (
Combat de trente Bretons ds
Bartsch Chrestomathie, 83, p.37);
b) 1461-69 par affaiblissement avec une valeur affective un peu condescendante (
Farce de Maistre Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 679: le
povre homme!);
c) ca 1485
id. avec une valeur dépréc. (
Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 42124:
povres meschans).
B. Subst.
1. ca 1050 «personne nécessiteuse» (
Alexis, éd. Chr. Storey, 94);
2. a)1553
les povres d'esprit (
Bible de l'imprimerie Jean Gérard, Matth. 5, 3); 1560
les povres en esprit (
Bible de l'imprimerie d'Antoine Rebul, Matth. 5, 3);
b) 1690 (
Fur.: On appelle aussi un
pauvre d'esprit, un imbecille qui manque de jugement, de vivacité pour comprendre les choses). Du lat.
pauper, -eris «pauvre». La forme
pauvre, fruit d'une restitution étymol. de la graph.
au (
Alexandre, ms. Poitiers, 215 179 [après 1480] éd. E. Fleischmann, dactyl. Strasbourg, 1958, p.6, l. 8), a supplanté
povre au
xvies.; H.
Estienne en 1579 (
Precellence du Langage, éd. E. Huguet, p.204, 209 etc.) cite encore
povre comme la forme normale alors que la forme
pauvre était pourtant généralisée chez les auteurs de la Pléiade, très courante chez Rabelais (p.ex. ds
Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, une seule fois la forme de l'Ouest
pouvre XXXII, 64, p.204 à côté de
pauvre généralisé), les éd. de l'oeuvre de Du Fail attestant aussi cette évolution (
Propos Rustiques, éd. J. Assézat selon éd. de 1547 donne presque toujours la forme
povre et
Contes et Discours d'Eutrapel, selon l'éd. de 1585 donne toujours la forme
pauvre, dans les passages dépouillés pour l'
IGLF).