FORT1, FORTE, adj.
Étymol. et Hist. A. En parlant d'inanimés
1. a) fin
xes. « pénible, ressenti avec acuité (d'une sensation, d'un sentiment) »
fort marremens (
Passion, éd. d'A. S. Avalle, 121);
b) 1306 « qui est solidement fondé, qui emporte l'adhésion » (
Joinville,
St Louis, éd. N. de Wailly, 1874, § 361 : sairemens... qu'il ne les pooient plus
forz faire selonc lour loi);
c) ca 1160 « difficile à envisager, à réaliser » (
Enéas, éd. S. de Grave, 5641);
d) av. 1662 « qui témoigne de la force, de l'habileté »
discours fort (
Pasc.,
Moyens, éd. Faugère ds
Littré);
2. ca 1100 « solide, robuste »
un fort espiet (
Roland, éd. J. Bédier, 1306);
3. 1160-74
cité... forte (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, II, 3172) d'où subst. masc.
ca mil.
xiiies. « endroit fortifié » (
Alexandre, Arsenal Version, 147 ds Elliott Monographs, t. 1);
4. ca 1100 « pénible; dur, difficile »
bataille .. fort a suffrir (
Roland, 3489); 1268 « difficile d'accès; épais, touffu » (
Claris et Larris, 4153 ds T.-L.);
5. ca 1100 « qui produit une sensation pénible »
forz freiz (
Roland, 1118);
ca 1220 en parlant d'un vin (
La Queste del saint Graal, éd. A. Pauphilet, p. 109).
B. En parlant d'êtres animés
1. a) ca 1100 « doué d'une grande force physique » (
Roland, 1312); 1186-91 subst. (
Chr. de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 8179 : li foible abat le
fort); en partic. 1690 « portefaix, crocheteur » (
Fur.);
b) ca 1265 « capable de supporter les épreuves; courageux » (
Brunet Latin,
Trésor, éd. F. J. Carmody, livre II, chap. 18, p. 190);
2. 1160-74 « puissant » (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 5570 :
Fort fu d'omes); 1360
soi faire fort (
Coutumes de Lille, 408 ds T.-L.);
3. 1659 « doué d'aptitudes intellectuelles, habile, capable » (
Molière,
Précieuses ridicules, scène IX). Du lat. class.
fortis « fort, robuste, courageux ».