FOND, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « partie la plus basse d'un objet ou d'un endroit creux » (
Roland, éd. J. Bédier, 2471 : envers les
funz [de l'Ebre] s'en turnerent);
2. 1176 fig. « limite » (
Chr. de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 4296 : Ele ne trueve
fonz ne rive El panser dom ele est emplie);
3. 1872 mines et carr.
travaux du fond (Lar. 19e). B. 1. a) ca 1190 « partie la plus reculée d'un lieu, d'un pays, d'une salle, etc. » (
Floovant, éd. S. Andolf, 844 ds T.-L. : ou
fonz de la chartre);
b) 1543 spéc. théâtre (
Est.,
s.v. cavea);
2. ca 1256 « partie la plus reculée d'un organe » (
Aldebrandin de Sienne,
Régime du corps, 26, 22 ds T.-L. : ou
fons de l'estomach);
3. 1306 (
Joinville,
St Louis, 6 g ds T.-L. : le
font de ses braies).
C. Élément intime, véritable.
1. Ca 1200 en parlant des pensées et des sentiments de l'homme (
Dialogue Grégoire, 14, 13,
ibid. : del
funz de son cuer);
2. 1538 en parlant de quelque chose (
Est. d'apr.
FEW t. 3, p. 873a);
3. a) 1539
tout au fond loc. adv. « complètement » (
Est.); 1656
à fond (
Pascal,
Provinciales, 3, éd. L. Lafuma, p. 381b);
b) 1585
au fond « en réalité » (
N. du Fail,
Eutrapel, t. 1, p. 287); 1657-62
dans le fond (
Pascal,
Pensées, éd. L. Brunschvicg, n
o453).
D. Ce qui sert de base, d'appui.
1. Ca 1280
fond de lit (
G. D'Amiens,
Escanor, 16057 ds T.-L.);
2. 1547 « arrière-plan sur lequel se détache quelque chose » (
Marguerite de Navarre,
Nativité, 1152 ds
IGLF);
3. 1606 archit.
fond d'une maison (
Nicot);
4. 1618-20 text. (
D'Aubigné,
Hist. universelle, t. 2, p. 112 ds
Littré);
5. a) 1800
le fond de l'air (
Bernardin de Saint-Pierre,
Lettre du 1erprairial an VIII à M. Robin ds
E. Ritter,
Les Quatre dict. fr., p. 425);
b) 1885
toile de fond sonore (
Saint-Saëns,
Harm. et mélod., p. 171);
c) 1910
fond de teint (
Colette,
Vagab., p. 19).
E. Élément fondamental.
1. 1585 dr. (
Noël du Fail,
Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 155 : non pour disputer le
fond, mais les formalitez);
2. 1656 « caractère qualités, défauts d'une personne » (
Pascal,
Provinciales, 11, éd. L. Lafuma, p. 421b : le malheureux
fond qui est en nous);
3. 1657 littér. (
A. Le Maître et
B. Pascal,
Lettre d'un avocat au Parlement ds
Pascal,
Œuvres, éd. L. Brunschvicg, t. 7, p. 215 : [la Bulle du Pape Alexandre VII] est peu considerable dans le fond et dans la matiere qui y est decidée);
4. 1757 sp. « qualités physiques » (
Encyclop. t. 6, p. 810b,
s.v. fin [ici en parlant d'un cheval]); 1863 équit.
course de fond (
Fromentin,
Dominique, p. 303);
5. 1834
article de fond (
M. de Guérin,
Corresp., p. 120). Du lat.
fundus, -i « fond de quelque chose (récipient, mer, pays, organe du corps, etc.); limite, point extrême; partie essentielle de quelque chose; fonds de terre »; dr. « garant d'une chose ».