COQUIN, INE, subst. et adj.
Étymol. et Hist. A. Subst.
1. 1174-91 « gueux, mendiant, personne de très basse condition » (
Li proverbe au vilain, 108
dds T.-L.);
2. 1548 simple terme dépréciatif
coquins de vieillards (
N. du Fail,
Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat,
Œuvres facétieuses, t. 2, p. 169);
3. mil.
xvies. « celui ou celle qui a commis une petite faute, malicieux, espiègle »
petit coquin (
Du Bellay,
Œuvres poétiques, éd. H. Chamard, t. 5, p. 106 ds
IGLF);
4. 1611 « personnage vil, infâme » (
Cotgr.);
5. 1611
coquine « femme aguichante »
(ibid.);
6. 1828-29 exclam.
coquin de sort (
Vidocq,
Mém. t. 3, p. 173).
B. Adj.
1. 1547 « digne d'un gueux » (
J. Bouchet,
Epistres morales et familières, II,
vii ds
Gdf. Compl.);
2. 1548 « libertin(e), enclin(e) à la sexualité » (
N. du Fail,
Contes d'Eutrapel, loc. cit., p. 8);
3. mil.
xvies. « espiègle, malicieux »
muse coquine (
Du Bellay,
op. cit., t. 5, p. 250 ds
IGLF). Orig. obscure. À l'étymon lat.
coquinus adj. « de la cuisine », d'où l'on tirerait un subst. « marmiton » (
Cor.,
s.v. acoquinar), acceptable du point de vue sém. (
cf. a. fr.
coistron, cuistron « marmiton » et « bâtard, être sans honneur », d'un lat. *
coquistro [
FEW t. 2, p. 1160
a] et l'emploi de
coquinus par Plaute [
Pseudolus, 790 ds
TLL s.v., 924, 73] dans un sens péj.) s'oppose le fait que l'attest. de Plaute est isolée et que le subst. lat. médiév.
coquinus « mendiant » (
Du Cange s.v.) n'est apparemment qu'une latinisation du fr.; de plus,
coquin supposerait une formation demi-savante qui ne correspond guère aux formations exclusivement pop. des mots français issus des dér. du lat.
coquere. L'hyp. d'une dérivation de
coq1* (
Dauzat 1973, 2
ehyp.;
Bl.-W.5;
FEW t. 2, pp. 862-863;
EWFS2) fait difficulté du point de vue sém., aucun des dér. de
coq1* ne présentant un sémantisme approchant du sens premier de
coquin (v. les réserves de W. Von Wartburg ds
R. Ling. rom., t. 23, p. 214). L'hyp. d'une dérivation de
coque* au sens de « coquille » (
Sain. Sources t. 1, pp. 110-111;
Dauzat 1973, 1
rehyp.) pour désigner un mendiant ou un gueux portant une
coquille pour faire le faux pèlerin
(cf. coquillard) est impossible notamment du point de vue chronologique.