COMPTER, verbe.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 intrans.
cunter « calculer » (
Roland éd. J. Bédier, 2759); mil.
xiies. trans.
cunter « dénombrer, faire le compte de » (
Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, CXLVI, 4); spéc.
a) 1172-75
conter les jorz (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 2758-59);
b) 1348
a compter du « à partir du » (S. Vinc. de Senlis, A. Oise, II, 653 ds
Gdf. Compl.);
c) 1680
compter les morceaux « mesurer avec parcimonie » (
Rich.); 1669 en parlant du temps qui est imparti (
Molière,
Tartuffe, 1300);
2. 1115-30
cunter « comprendre (quelqu'un) dans un dénombrement » (
Ph. de Thaon,
Comput, éd. E. Mall, 2114); 1172-75
le conter antre « le mettre au nombre de » (
Chr. de Troyes,
op. cit., 6098); av. 1778
compter qqc. « avoir, pouvoir justifier de » (Volt. ds
Lav. 1820);
3. fin
xiies.
conter (son souper) « évaluer à un certain prix (aux fins de paiement) » (
Aiol, éd. J. Normand et G. Raynaud, 5769); 1687 fig.
compter qqc. à qqn (
Boss.,
Louis de Bourbon ds
Littré);
4. a) 1172-75
conter (qqc.) a « (le) considérer comme » (
Chr. de Troyes,
Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, 2774);
ca 1306
conter (qqc.) pour (
G. Guiart,
Royaux Lignages, éd. J.-A. Buchon, 6890); 1562
tout conté « tout considéré » (
Calvin,
Serm. sur le Deuter., 60 [XXVI, 623] ds
Hug.); 1835
sans compter que (Ac.);
b) ca 1280
ne conter rien a « ne faire aucun cas de » (
G. d'Amiens,
Escanor, 430 ds T.-L.); 1674
compter « faire cas de » (
Corneille,
Suréna, I, 1, vers 74);
c) av. 1703
compter « avoir de l'importance, entrer en ligne de compte » (St. Evremont ds
Boiste 1819); 1820
compter pour rien (
Lav.); 1863 « être considéré » (
Littré : Il
compte parmi les hommes les plus habiles de sa profession);
5. [
xiies. « avoir l'intention de » d'apr.
FEW t. 2, p. 992b] 1685 (
Sév., 975 ds
Rob.);
6. 1220-25
conter « rendre compte » (
G. de Cambrai,
Barlaam et Josaphat, éd. H. Zotenberg et P. Meyer, 74, 24); qualifié de ,,vieilli`` par
DG;
7. av. 1483
compter avec qqn « régler ses affaires avec lui » (
Louis XI,
Nouv. LXXIII ds
Littré); av. 1758 « tenir compte de quelque chose (ou quelqu'un) » (
Fonten.,
Marsigli, ibid.);
8. av. 1680
compter sur « se fier à » (
Benserade,
Rondeaux ds
Rich.). Du lat. class.
computare « compter, calculer, comprendre dans un compte; faire les comptes; calculer, être avare; faire entrer en ligne de compte; mettre au nombre de, considérer comme », b. lat. « avoir l'intention de ». La graphie étymol.
compter (
xiiies. d'apr.
Bl.-W.1-5; 1317-40
Regist. du Parlem. ds
Gdf. Compl.; fréquente à partir du
xves.), s'est spécialisée au sens de « calculer », la graphie
conter étant réservée au sens de « raconter », v.
conter.