COMME, adv.
Étymol. et Hist. I. A. Conjonction et adv. exprimant la comparaison
1. 842
si cum (
Serments ds
Henry Chrestomathie5, p. 1); avec ell. mil.
xes. (
Passion, éd. D'A.S. Avalle, 156);
2. introduisant une comparative hypothétique [
cf. a) 882,
Eulalie, 19 ds
Henry Chrestomathie5: une des interprétations proposées par
Lerch t. 1, p. 318; v. aussi interprétations de
P. Imbs,
Les Prop. temporelles en a. fr., Paris, Les Belles Lettres, 1956, pp. 169-170;
b) xies.,
Alexis, éd. Ch. Storey,
cf. éd. G. Paris, 143]; 1165-70
con se (
Chr. de Troyes,
Erec et Enide, éd. M. Roques, 2934);
3. introduisant le second membre d'une comparaison
ca 1100
issi ... cume (
Roland, éd. J. Bédier, 1474); encore toléré par
Vaug., p. 533, v. aussi
Lerch t. 1, p. 228;
4. xves.
tout comme « exactement comme » (
Froissart, II, III, 23 ds
Littré).
B. Exprimant la manière mil.
xes.
si cum (
Passion, éd. D'A.S. Avalle, 27); spéc.
a) av. 1421
comme nous dirions « en quelque sorte » (
Boucicaut, I, ch. 18 ds
Littré); 1559
comme qui diroit (
Amyot,
Thésée, 21,
ibid.);
b) 1466
comme quoy (
Pierre Michault,
Le Doctrinal, X, 180, éd. T. Walton, p. 15).
C. Exprimant le temps mil.
xes. (Passion, éd. D'A.S. Avalle, 123).
D. Exprimant la cause 1275 (
J. de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 16710), rare av. le
xves. (v.
Lerch t. 1, p. 316 et
P. Imbs,
op. cit., pp. 165-166).
II. A. Adv. exprimant la manière
1. mil.
xes. interrogation directe (
Passion, éd. D'A.S. Avalle, 229);
2. id. interrogation indirecte (
ibid., 80), ces deux emplois condamnés par
Vaug., p. 334 au profit de
comment;
xviies. loc.
Dieu sait comme (
La Fontaine,
Faucon. ds
Littré).
B. Exprimant l'intensité, emploi exclamatif (
Roland, 1696).
C. Précédant un subst. ou un adj. attribut (
Passion, 251). Du lat.
quomodo, adv. de manière (composé du subst.
modus) employé à l'époque class. au sens de « de quelle manière » pour introduire une interrogation directe ou indirecte, une exclamation, et au sens de « de la manière dont, ainsi que » pour introduire une relative; dès le 1
ers.,
quomodo concurrence
ut, velut, sicut (
TLL, s.v. modus, 1293, 5
sqq.;
cf. Pétrone, 38, 15 ds
Vään.2, § 379 : solebat sic cenare, quomodo rex) puis en lat. vulg. il peut introduire un compl. en apposition (
Itala, Lev. 26, 19 ds
TLL, s.v. modus, 1293, 79, v.
Vään.2, § 356). Dér. de l'emploi compar., l'emploi temporel relevé dep. l'
Itala, Josué, 5, 13 ds
TLL s.v. 1294, 17 (comparaison d'égalité appliquée au rapport de simultanéité donc à la notion de temps), d'où est peut-être issu l'emploi causal (
quomodo causal exprimant une situation d'où dérive un fait qui n'existerait pas sans cette situation) peut-être dès Quintilien, et à partir des
iie-
iiies. (
TLL, s.v. modus, 1292, 74 et 1293, 58
sqq.); pour ces deux derniers emplois, v.
Herman,
La Formation du système roman des conj. de subordination, Berlin, 1963, pp. 58-59 et les analyses de P. Imbs pour l'a. fr. dans
Les Prop. temporelles en a. fr., pp. 118-119, 161-164, 166-168.
Cum, com, forme primitive, est directement issue de
quomodo par l'intermédiaire des formes vulg.
comodo, como (Inscrip. Pompei, v.
TLL, s.v. modus, 1287, 45, 49).
Cume, come est soit dû à l'anal. de mots grammaticaux tels que
or/ore, encor/encore, seur/seure, onc/onque, soit plutôt dû à l'adjonction de
e, lat.
et (
cf. lat.
quomodo et, Quintilien,
inst. 8, 1, 2 ds
TLL, s.v. modus, 1293, 15), cette hyp. étant la seule capable d'expliquer la formation parallèle de l'ital.
come et de la forme dial.
comed (
Rohlfs, § 945) et se vérifiant par la répartition la plus courante dans les textes anc. de
come devant subst. et adj., et de
com devant une subordonnée comparative.