CHATOUILLER, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1220
catellier « provoquer des tressaillements » (
G. de Coinci,
Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 44, 524 : [var.
chatollier ms. B (
xiiies.)]);
2. 1414 fig.
catoillier « exciter » (
Ch. d'Orléans,
La Retenue d'Amours, éd. P. Champion, 222 : Quant dedans fu [le dard], mon cueur vint esveillier, Et tellement le vint à
catoillier Que je senti que trop rioit de joye);
3. xves. « provoquer des sensations agréables » (
Basselin,
Vau de Vire, 9 ds
Littré); av. 1625 fig. « faire plaisir, flatter » (
Malh., V, 25 ds
Littré). Orig. incertaine; l'hyp. la plus probable est celle d'une orig. onomatopéique, plusieurs lang. européennes exprimant cette même notion par la succession des consonnes k-t-l (
FEW, s.v. kat-l
;
Bl.-W.5) g-t-l (
REW3, n
o4684), notamment pour les lang. rom., dans les domaines ital.
(REW3) et prov. (
catilha, gatilha, Mistral) avec voyelle radicale
-a- et dans les lang. germ. : a. h. all.
kizzilōn, m. h. all.
kitzeln, a. nord.
kitla (
Kluge20,
s.v. kitzeln) avec voyelle radicale
i;
cf. lat. médiév.
catilare « chatouiller » (
viiie-
ixes. ds
Mittellat. W. s.v., 382, 9). En fr. la forme suffixée en
-ouiller a prévalu sur les autres types :
catillier (
xiiies., pic.
Dit de Cointise, éd. A. Henry, 102 ds
R. Lang. rom., t. 68, p. 189) et
cateillier (v.
supra); dans les formes non dial. en
ca- (Ch. d'Orléans), la force expressive de l'onomatopée se serait maintenue (d'apr.
FEW. loc. cit.) empêchant le développement régulier
k > č. Cette évolution
k > č
montre l'ancienneté du mot : aussi l'hyp. d'un empr. au b. all.
(EWFS2) ou au néerl.
katelen « chatouiller » (
Dauzat 1973) semble-t-elle à écarter. Une dérivation directe de
chat (
Sainéan,
La Création métaphorique en fr. et en rom., le chat ds
Beihefte zur Z. rom. Philol., t. 1, 1905, p. 33 repris par
Dauzat 1973) offre peu de vraisemblance, ce mot ne pouvant être évoqué que comme étymol. seconde.