BLESSER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. Mil.
xies.
blecier « meurtrir (des olives, des fruits, pour les faire mûrir) » (
Raschi,
Gloses dans
Levy Trésor), encore attesté dans les dial. du Nord et de l'Est, notamment le liég.
blessi « broyer, piler » (
Haust), le suisse romand (Genève)
blyési « amollir (un fruit), blettir » (
Pat. Suisse rom., s.v. blesser);
ca 1100
blecer « mettre à mal, porter atteinte à (qqn) » (
Roland, éd. Bédier, 590);
2. 1165-70 « porter une blessure à qqn » (
Chr. de Troyes,
Erec et Enide, 3792 dans T.-L.); 1176 fig. (
Id.,
Cligès, 2119,
ibid.); 2
etiers
xiies.
paroles blesantes (
Everard de Kirkham,
Distiques de Caton, str. 102
adans
Gdf. Compl.); 1541 « enfreindre, offenser » (
Calv.,
Instit., 103 dans
Littré).
D'un gallo-roman *
blettiare « meurtrir » dér. du subst. a.b.frq. corresp. au subst. a.h.all.
bleizza « ecchymose suscitée par un coup; trace d'une blessure, cicatrice » (
Steinmeyer, Sievers,
Die althochdeutschen Glossen, 2, 198, 61 dans Karg-Gasterstädt et Frings,
s.v. bleizza) et attesté lui-même dans le composé frq.
freobleto, frioblitto « plaie qui s'étend » (
Pactus legis salicae, éd. Eckhardt, II, 1, 65 Titel-Text, art. XVII, § 7, p. 176); ce subst. a.b.frq. est aussi à rapprocher de l'adj. ags.
blate « pâle, blême » (
ca 1000,
Cod. Vercell., I, 63 dans
NED, s.v. blate).
Blesser, au sens 2, a supplanté l'a.fr.
nafrer, navrer* un peu plus anc. que lui en ce sens
(Roland), également d'orig. germ. Voir aussi
blèche et
blet.