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QUALIFICATION, subst. fém.
A. − [Corresp. à qualifier A]
1. Action de qualifier quelqu'un ou quelque chose, d'attribuer une qualité avec sa désignation; p. méton., résultat de cette action. Synon. appellation, attribution, dénomination, désignation, épithète, nom, titre.Croyez-vous qu'un pareil pays [l'Australie] ait le droit de prendre la qualification de « continent » que le document lui donne? (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 38).Je m'étonne seulement qu'elle n'ait pas traité le P. Didon de mouchard et de voleur..., qualifications qui lui sont usuelles. Je l'ai vue déchirer des gens qu'elle recevait ensuite parfaitement bien (Flaub., Corresp., 1880, p. 16):
1. Ce jeune homme, continua M. de Neuville, celui que vous admirez, n'est qu'un petit roué! Ah! vous n'aimez pas une telle qualification, n'est-ce pas? Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 245.
SYNT. Mériter, prendre telle qualification, la qualification de...; donner, décerner à qqn la qualification de...; désigner qqn, qqc. sous la qualification de...
− En partic., vx. Action de décerner un titre à quelqu'un. Une lettre de faire-part du décès d'un gentilhomme du pays, où s'étalaient en une longue page, outre les dignités du défunt, toutes les qualifications féodales et nobiliaires de tous ses parents (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 19).
2. Spécialement
a) DROIT
♦ DR. CANON ANC., HIST. DE L'ÉGLISE. Appréciation (doctrinale, morale) d'une proposition théologique ou d'un examen de livres mis à l'index, par un qualificateur du Saint Office auprès d'un tribunal ecclésiastique. (Dict. xixeet xxes.).
♦ DR. CIVIL, DR. INTERNAT. PRIVÉ. ,,Opération consistant à préciser la nature juridique d'un acte ou d'un contrat en le faisant entrer dans une catégorie préétablie`` (cida 1973). On appelle conflits de qualification les conflits résultant de la qualification différente donnée à un même rapport de droit dans divers pays (Cap.1936).Un visage brusquement inexorable vous signifiait votre crime, et l'on vous passait au tourniquet, sans que vous ayez pu nier le fait, discuter sa qualification, son châtiment étiqueté d'avance (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 64).
♦ DR. PÉNAL. ,,Opération consistant à confronter les faits délictueux avec les diverses variétés de faits réprimés par la loi pénale, en leur donnant l'appellation légale qui leur convient`` (Jur. 1981). La Haute-Cour ne peut statuer que sur les faits dont elle est saisie par l'arrêt de renvoi; elle peut en modifier la qualification « dans les limites du Code pénal » (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 550).
b) GRAMM., LING. Caractérisation d'un substantif à l'aide d'un qualificatif (adjectif, apposition, complément de nom); en partic., détermination d'un substantif par un adjectif. Nous avons successivement interrogé (...) les épithètes et attributs qualificatifs qui en sont le décevant pourtour adjectival (...). La qualification, on l'a vu, tournait au concept social et statique (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 19).
B. − Action de (se) qualifier; p. méton. fait d'être qualifié; admission officielle dans une catégorie.
− Spécialement
♦ DR. DU TRAVAIL, ÉCON., SOCIOL. Ensemble des connaissances et des diplômes d'un travailleur, ainsi que de son expérience professionnelle et de ses qualités personnelles et morales le rendant apte à un poste de travail dans une entreprise. Anton. déqualification.Qualification professionnelle, ouvrière, d'ouvrier professionnel; niveau de qualification; haute qualification; acquérir, obtenir une qualification. Une organisation corporative de la production, sans laquelle ne serait pas possible l'accession de la personne ouvrière à une « qualification » progressive (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 203).La qualification professionnelle est donc la qualité attachée à un travailleur, en raison de sa formation empirique ou méthodique (Villemer, Organ. industr., 1947, p. 124):
2. ... il semblait avoir été mis au monde pour exercer les fonctions discrètes mais indispensables d'auxiliaire municipal temporaire à soixante-deux francs trente par jour. C'était en effet la mention qu'il disait faire figurer sur les feuilles d'emploi, à la suite du mot « qualification ». Camus, Peste, 1947, p. 1251.
En compos. Sous-qualification. V. sous-.
Qualification du travail. ,,Évaluation d'un poste définissant ses exigences, ses nuisances ainsi que la rémunération juste qui lui correspond`` (Tézenas 1972). Synon. qualification des emplois, des tâches; méthode de qualification par points (ibid.).
♦ SPORTS. [À propos d'un concurrent, d'un cheval, d'un athlète, d'une équipe] Fait de se qualifier, d'être qualifié pour une épreuve ultérieure. Anton. disqualification, élimination.Qualification pour un championnat, pour la finale, pour les Jeux Olympiques; épreuve de qualification; assurer, obtenir sa qualification. Si Béziers perdait le bénéfice de jouer sur son terrain contre Le Creusot (...) ce serait du même coup perdre une large part de ses chances de qualification (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 8, col. 6).
Prononc. et Orth.: [kalifikasjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1431 « attribution d'une qualité » (ds Rec. gén. des anc. lois fr., éd. Isambert, t. 8, p. 765); 2. a) 1840 turfisme (d'apr. Dauzat 1964); 1859 id. (Le Sport, 26 janv. ds Petiot); b) 1936 « aptitudes d'un travailleur manuel en fonction de sa formation professionnelle » (Maritain, loc. cit.); 1947 qualification professionnelle (Villemer, loc. cit.). Empr. au lat. médiév.qualificatio, -onis « condition » 1389 ds Latham, formé sur le supin qualificatum de qualificare, qualifier*; 2 sous l'infl. de l'angl. qualification « capacité » att. dep. 1589-92 ds NED, lui-même empr. dès 1543-44 (ibid.) au fr., ou directement au lat. médiév. Fréq. abs. littér.: 149. Bbg. Guitard (A.). Comment traduire qualifications ou quand utiliser qualifications en fr. Meta. 1980, t. 25, pp. 480-488.