| RUSÉ, -ÉE, adj. A. − Qui a recours à la ruse; qui agit avec ruse. Synon. astucieux, fin, finaud, futé, machiavélique, malin, matois, retors, roublard, roué.Paysan, vieillard rusé. Des hommes rusés et retors agissent constamment sur des hommes sans expérience ou sur des hommes plus rusés qu'eux-mêmes, ce qui fait l'agiotage (Boyard,Bourse et spécul., 1853, p. 397).C'est le serpent rusé, qui a inspiré la défection à nos premiers parents (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 360). ♦ Rusé(e) commère, compère (vieilli); rusé(e) coquin, matoise (vieilli). Personne adroite, subtile, artificieuse. Ces dispositions de la rusée matoise avaient adouci ma douleur (Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, p. 175).C'est un rusé compère, dit le comte en rentrant au salon après l'avoir reconduit (Balzac,Bal Sceaux, 1830, p. 12). ♦ Rusé comme une fouine, un renard, un singe. Qui est adroit à se glisser, à déjouer les pièges pour arriver à ses fins. Elle était rusée comme un renard et tout à coup naïve comme un enfant (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 248).Un petit homme rusé comme un singe, dont il avait d'ailleurs le physique grimaçant et grotesque (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Quest. du lat., 1886, p. 566). − Empl. subst. Faire le rusé, c'est une rusée. Je reconnais que César a été un habile et un rusé. Il a singulièrement compris son temps, et il a employé tout son génie à profiter de la sottise des autres (Zola,Mes haines, 1866, p. 190).Voyez-vous la rusée!... (Sardou,Rabagas, 1872, III, 4, p. 116). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ici, il [Marivaux] est dans les sentiers qu'il préfère, aimant mieux en toutes choses le rusé que le grand, le coquet que le tendre, le je ne sais quoi que la vraie beauté (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 9, 1854, p. 360). B. − Qui annonce la ruse, manifeste de la ruse. Figure, mine, œil, regard rusé(e); je me défie de son air rusé. La figure rusée de la petite Reine se montra (Theuriet,Mariage Gérard, 1875, p. 54).L'œil rusé de Bonnard ne se laisse pas duper (Arts et litt., 1936, p. 18-7). C. − Qui est organisé, monté, exécuté avec ruse, avec finesse et habileté. Synon. habile, astucieux.Cette série de dessins [de Decamps] où l'on pourrait peut-être blâmer (...) le mélange minutieux et rusé de la peinture et du crayon (Baudel.,Salon, 1845, p. 21).Sa mauvaise articulation n'était-elle point un rusé stratagème, quand le complimenteur se trouvait à court de louanges appropriées à une femme du monde inconnue de lui? (Blanche,Modèles, 1928, p. 156). Prononc. et Orth.: [ʀyze]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1268 « habile à la ruse, malin » (Claris et Laris, 26779 ds T.-L.); 2. 1553 « propre à la ruse, qui manifeste de la ruse » (Ronsard, Harangue, 312,
Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 5, p. 218). B. Subst. 1553 (La Bible ... de l'imprimerie Jean Gerard, Job, V, p. 177); 1555 (Ronsard, Continuation des Amours, Sonnets en vers héroïques, XVI,
Œuvres complètes, t. 7, p. 134). Dér. de ruse*; suff. -é*. Fréq. abs. littér.: 512. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 692, b) 714; xxes.: a) 629, b) 825. |