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notices corrigéescatégorie :
VARIABILITÉ, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 variabletés « caractère de ce qui est variable » (Roques t. 2, 12932); déb. xves. variabilites (Catholicon, B. N. l. 171881 ds Gdf. Compl.); 1461 variabilités de fortune (Georges Chastellain, Chroniques, éd. Kervin de Lettenhove, IV, 305, 20); 2. 1845-46 math. « qualité d'une grandeur variable » (Besch.); 3. 1864 biol. (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, p. 135). Dér. sav. de variable*; suff. -(i)té*.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 0. « inconstance ». Attesté de 1349 (GuillMachH, page 286, vers 1342, in DMF2009 : S'ainsi bien estoit maintenus Couvent de loial amité, Sans point de variableté, De dame a son amy loial, Mieus en vaurroit la court roial D'Amours, sans aler en decours, Et s'en seroit plus lons li cours De pais entre amie et amy, Et s'en diroit on mains : "Aymy !") à 1687 (Poiret, Rétablissement, chapitre 15, page 357, in Google, Recherche de Livres : Tant s'en faut que cela soit une marque d'inconstance dans le dessein principal de Dieu, qu'aucontraire, cet essay, cette recherche de toutes sortes de voyes, est une marque de sa constance divine ; tout de méme que la variabilité de S. Paul, ou plutôt du S. Esprit en luy). On relève la graphie moderne variabilités à partir de ca 1400 (Catholicon, BnF lat. 17881 [et non 171881], in GdfC), tandis que la forme variabletés est attestée dans la lexicographie depuis la 2e moitié du 14e siècle (AalmaR, page 431, n° 12932 : variabilitas, ‑tatis : variabletés). - 
A. 1. « disposition à varier, caractère de ce qui est variable ». Attesté depuis 1704 (Bossuet, Élévations, Journée 4, Élévation 15, page 163 = Frantext : Je ne suis pas une image et ressemblance parfaite de Dieu ; je suis seulement fait à l'image ; j'en ai quelque trait : mais parce que je suis, je n'ay pas tout ; et on m'a tourné à la ressemblance, mais je ne suis pas une ressemblance, puisqu'enfin je puis pécher. Je tombe dans le défaut par mille endroits ; par l'imperfection, par la multiplicité, par la variabilité de mes actes). - 
A. 2. « propriété de présenter des variétés, en parlant des espèces » (biologie). Attesté depuis 1819 (Lacépède, Poissons, volume 2, page 223, Le Squale Rochier, in Google, Recherche de Livres : Pour éviter toutes ces suppositions contraires à la vérité, il ne faut pas perdre de vue la variabilité des couleurs des roussettes et du rochier, et il ne faut distinguer ces espèces que par les formes et non pas par les nuances qu'elles montrent). - 
A. 3. « qualité d'une grandeur variable » (mathématiques). Attesté depuis 1845 (Bescherelle1 : Algèb. Se dit de la propriété dont jouit toute variable de passer par divers états de grandeur. La variabilité d'une fonction n'est pas toujours indéfinie. Les fonctions continues, et entre autres les polynomes algébriques entiers, jouissent d'une variabilité illimitée). - 
A. 4. « propriété qu'ont certains mots de changer de désinence selon leur fonction grammaticale » (grammaire). Attesté depuis 1814 (Fréville, Participes, page 33, in Gallica : Refusant la variabilité aux participes dont on vient de parler, les mêmes grammairiens la donnent au contraire à laissé aller, et ils écrivent :Cette dame s'est enfin laissée aller, parce que, disent‑ils, le verbe aller est neutre). Première attestation lexicographique : 1872 (Littré : Terme de grammaire. Propriété que certains mots ont de changer de désinence. La variabilité d'un verbe suivant les modes et les temps). - 

Origine :
Formation française : dérivé de l'adjectif variable* à l'aide du suffixe ‑ité (‑té, ‑eté, ‑ité*) (cf. C. – Forme ‑ité). Cf. Reinhard in FEW 14, 176ab, variabilis.Le mot variabilité apparaît au 14e siècle au sens d'«inconstance». Au début du 18e siècle, le terme variabilité désigne la « disposition à varier, caractère de ce qui est variable » (A. 1.). Le mot se spécialise au cours du 19e siècle, tout d'abord en grammaire au sens de « propriété qu'ont certains mots de changer de désinence selon leur fonction grammaticale » (A. 4.), en sciences naturelles avec la signification de « propriété de présenter des variétés, en parlant des espèces » (A. 2.), et en mathématique avec le sémantisme de « qualité d'une grandeur variable » (A. 3.).La théorie de Darwin se fonde sur la conception buffonienne et lamarckienne d'une variation sous l'action prolongée d'un milieu et des circonstances : « Je crois que les changements dans les conditions d'existence, par leur action sur le système reproducteur, ont la plus haute importance comme cause de variabilité. Je ne crois pas que la variabilité soit un phénomène nécessaire et inhérent, en toutes circonstances, à tous les êtres organisés, comme certains auteurs l'ont prétendu. Les effets de la variabilité sont modifiés par divers degrés d'hérédité et de réversion. La variabilité est régie par de nombreuses lois inconnues, et plus particulièrement par la corrélation de croissance. On peut attribuer quelque chose à l'action directe des conditions de vie. Il est nécessaire d'attribuer quelque chose à l'usage et au non‑usage. Le résultat final est ainsi rendu infiniment complexe. Dans quelques cas, le croisement d'espèces primitives distinctes semble avoir joué un rôle fort important au point de vue de l'origine de nos races […]. Parmi toutes ces causes de changement, je suis convaincu que l'action cumulative de la sélection, qu'elle soit appliquée méthodiquement et vite, ou bien inconsciemment et plus lentement, est de loin la force la plus importante » (darwin, Origine Bec., chapitre 2, De la variation à l'état de nature, pages 88‑89). Le naturaliste français Lacépède (1756–1825) s'inscrit dans cette démarche (A. 2.). La théorie de la variabilité apparaît comme une alternative au créationnisme. Les espèces maintenues dans les mêmes conditions perpétuent leur caractère acquis à travers les générations. La conception de Darwin s'appuie alors sur une perspective génétique et héréditaire servant à fonder une classification naturelle. Ainsi, la variation révèle la variabilité (Tort, Darwinisme, s.v. variation / variabilité dans l'œuvre de Darwin, 4407‑4416).


Rédaction TLF 1994 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2009 : Cécile Haut.. - Relecture mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld ; Yan Greub ; Stephen Dörr ; May Plouzeau.