SORCIER, -IÈRE, subst. et adj.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160
sorciere « celle à qui on attribue un pouvoir surnaturel qui serait dû à un pacte avec le diable » (
Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1907); 1283
sorcier (
Philippe de Beaumanoir,
Coutumes de Beauvaisis, 334, éd. Am. Salmon, t. 1, p. 162);
2. fig.
a) 1578 (
Ronsard,
Les Amours diverses, éd. P. Laumonier, t. 17, p. 309: les vers enchantez, sont les
sorciers d'Amour);
b) 1579 « femme vieille et laide, bizarrement accoutrée » (
P. Larivey,
Morfondu, IV, 1, éd. Ancien Théâtre Français, t. 5, p. 355: nostre vieille
sorcière de servante);
id. vieille sorcière (
ibid., p. 361);
c) 1635 subst. masc. « celui qui charme comme un sorcier » (
Corneille,
Médée, II, 5, 680);
3. loc. fig.
a) 1640
être sorcier comme une vache « manquer de jugement » (
Oudin Curiositez);
b) 1656
il ne fallait pas être grande sorcière pour (
Molière,
Le Dépit Amoureux, IV, 1, 1158); 1694
il ne faut pas estre sorcier, grand sorcier pour (
Ac.).
B. Adj. 1555
yeus sorciers (
Ronsard,
Odes, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 240); 1898
ce n'est pas sorcier (
Renard,
Journal, p. 464). Du lat. tardif
sortiarius « diseur de sorts » (860,
Hincmarus,
De Divortio ds
Nierm.;
sorcerus,
viiies.,
Gloses de Reichenau, éd. H. W. Klein, t. 1, p. 191), dér. du lat. class.
sortes, plur. de
sors, sortis, v.
sort. Jusqu'à la fin du
xves., les idées confuses que l'on se fait sur les détenteurs de pouvoirs merveilleux se traduisent par différents termes pour exprimer la même notion;
devin, enchanteur, charmeur, ensorceleur, sorcier, avec des caractères distinctifs; ils sont tous des agents du diable. Au
xvies., l'élaboration du concept de
magie et l'apparition du terme
magicien fait que
sorcier ne désigne plus que les vils artisans de maléfices qui participent au sabbat et se vendent au diable.