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MILORD, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1480 millourt «grand seigneur» (Vieil Testament, 36148, éd. J. de Rothschild, t.4, p.393); 1480 «homme qui fait étalage de richesse» (Coquillart, Droitz nouveaulx, 513, Œuvres, éd. M. J. Freeman, p.153) et plus gén. «homme riche» (cf. Coquillart, Monologue des perrucques, 189, ibid., p.327 et en 1525, Le Resveur avec ses resveries, Poésies fr. ds XVeet XVIes., éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, XI, 111: gros millours marchans) d'où 1842 «protecteur, homme qui entretient une fille» (Balzac, loc. cit.); 2.1839 «cabriolet à quatre roues» (E. de Girardin, Vicomte de Launay, II, 222 ds Mack. t.1, p.214). Empr. à l'angl., dans la formule comp. de my, adj. poss. et Lord «seigneur» signifiant «Monseigneur». Le terme a pu désigner une voiture en raison de l'usage qu'en faisaient les hommes riches et élégants appelés milords ou les riches Britanniques en visite en France. Sur l'empr. de l'angl. par l'a. gasc. cf.K. Baldinger ds Britannica, Festschrift für H. M. Flasdieck, Heidelberg, 1960, p.16.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
I. A./B. 1. « (titre donné aux lords anglais) ». Attesté depuis ca 1540/1549 (Navarre, Heptaméron S., 57e nouvelle, page 423 : Le roy Loys unzeiesme envoia en Angleterre le seigneur de Montmorency pour son ambassadeur […]. Ung jour, […] fut assis aupres de luy ung millort de grande maison). Sur la grande variété graphique, voire phonétique, que présente ce lexème au 16e et au 17e siècles, cf. Petrequin, Emprunts. Première attestation de la graphie moderne : 1615 (Montchrestien, Œconomie, page 339 = Frantext : Le Roy de la Grand' Bretagne, outre ce quart, a de plus octroyé au Milord de Mongommery, jeune Seigneur Anglois et gentilhomme de sa Chambre, 35 sols à prendre sur chasque pièce transportée par l'estranger). - 
I. B. 2. b. « homme riche, de quelque nation qu'il soit, grand seigneur ». Attesté depuis ca 1430 (MistFilleL, page 15, vers 313 : Trouver pourras quelque millourt De ces enchesnez de la court Qui te maintiendront bien en point). Le contexte exclut clairement tout référent en relation avec l'Angleterre : la scène, dans laquelle le diable tente de séduire une jeune fille en lui proposant d'épouser un homme riche bien en Cour, se passe en France. - 
I. B. 2. a. « Anglais ou Américain riche et distingué ». Attesté depuis 1746 (La Morlière, Angola, page 185 = Frantext : Il ressembloit assez à ces Marchands Anglais qui viennent voyager en France, & qui en arrivant à Calais prennent la qualité de Milord au sortir du Pacquebot : il traversa la foule des Courtisans en les saluant d'un air haut, quoique gauche & embarrassé, & fut dans l'appartement qui lui étoit destiné). - 
I. B. 3. « homme (riche) qui entretient une fille, protecteur, souteneur (argotique) ». Attesté depuis 1842 (Balzac, Début, cf. supra). - 
II. « voiture hippomobile découverte à quatre roues ». Attesté depuis 1839 [27 septembre] (Girardin, Vicomte, volume 2, page 222 = Mackenzie, Relations, tome 1, page 214 : il se promène en cabriolet de place et en milord découvert ; il va au concert Musard, il dîne à trente‑deux sous). - 

Origine :
Transfert linguistique : emprunt à l'anglais my lord subst. « (formule de politesse utilisée pour s'adresser à un noble ou à un ecclésiastique de haut rang) » (attesté depuis ca 1440 seulement [devant un nom propre ou un titre ; depuis 1543 seul]), « lord » (sens délocutif attesté depuis ca 1470 seulement [en parlant d'un évêque ; depuis ca 1481/1490 en parlant d'un noble laïc], tous OED2 s.v. lord). Malgré l'antériorité des attestations présentant le sens I. B. 2. b., où le sème /anglais/ est neutralisé, ce que nous savons du fonctionnement général de l'emprunt linguistique nous fait postuler que le sens « lord anglais » a dû être premier. Le passage de l'un à l'autre s'explique par le lieu commun de la richesse des Anglais, qui se rencontre dès le 13e siècle dans des textes latins (cf. Ascoli, Grande‑Bretagne, pages 39‑40). Cf. von Wartburg in FEW 18, 84b, milord.


Rédaction TLF 1985 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2007 : Gilles Petrequin. - Relecture mise à jour 2006 : Éva Buchi ; André Thibault ; Enrico Arcaini ; Pascale Baudinot.