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IMPERSONNEL, -ELLE, adj.
Étymol. et Hist. A. a) 1174-76 gramm. (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2259 : verbe impersonal); 1606 subst. (J. Masset, Exact et très-facile acheminement à la langue françoise, p. 30 : Des impersonels); b) 1765 mode impersonnel (Encyclop. t. 8, p. 594a). B. 1. 1829 « qui n'appartient pas à une personne en propre » (Cousin, Hist. philos. xviiies., p. 479 : la raison est impersonnelle); 2. a) 1830 « exempt de tout caractère personnel (en partic., d'une œuvre artistique ou littér.) » (Michelet, Journal, p. 73 : [la musique] est aussi personnelle que l'architecture impersonnelle); b) 1838 « qui fait abstraction de ses idées personnelles » (Barb. d'Aurev., Memor. 1, p. 194); c) 1884 péj. « sans originalité, banal » (Adeline, Lex. termes art : Se dit d'un talent sans originalité); 3. 1833 « qui ne constitue pas une personne » (Michelet, Hist. de France, IV, V ds Rob.). Empr. au b. lat.impersonalis, aux sens A a et b. V. personnel.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1./A. 2. a. adj. « qui exprime une action sans relation avec un sujet déterminé » (grammaire). Attesté depuis ca 1174 (SThomGuernT, volume 1, page 148, vers 2259 : Devant la pape esturent li messagier rëal. Alquant diseient bien, pluisur diseient mal, Li alquant en latin, tel buen, tel anomal, Tel qui fist personel del verbe impersonal, Singuler e plurel aveit tut parigal). - 
A. 2. b. subst. masc. « mode du verbe qui exprime une action sans relation avec un sujet déterminé » (grammaire). Attesté depuis 2e moitié 13e siècle [ms. ca 1325] (Donatm1S, page 100, § 30 : Le sisieme muef [« mode »] du verbe est l'impersonel, si comme legitur "l'en list"). - 
D. 1. adj. « qui ne prend en compte aucune impression individuelle (en parlant d'une œuvre artistique) ». Attesté depuis 1830 [avril] (Michelet, Journal, volume 1, page 73, in Frantext : Le réveil de la musique en Europe a suivi celui de la liberté de la pensée ; elle est aussi personnelle que l'architecture impersonnelle). - 
B. adj. « qui ne constitue pas une personne ». Attesté depuis 1833 (Michelet, Histoire, livre 4, chapitre 5, page 464 : La personnalité [du roi de France] est faible en lui ; c'est moins un homme qu'une idée ; être impersonnel, il vit dans l'universalité, dans le peuple, dans l'Église, fille du peuple ; c'est un personnage profondément catholique, dans le sens étymologique du mot). - 
C. 1. adj. « qui n'appartient pas ou ne s'applique pas à une personne en particulier (en parlant d'une abstraction) ». Attesté depuis 1843 (Proudhon, Création, page 98, cf. supra). - 
C. 2. raison impersonnelle loc. nom. fém. « raison qui n'appartient pas en propre à une personne, mais n'est que le reflet d'une raison universelle à laquelle cette personne participe ». Attesté depuis 1844 (Bouillier, Théorie, Préface, page IV, in Google, Recherche de Livres : Réintégrée dans la philosophie française par M. Cousin, la théorie de la raison impersonnelle y a fait promptement fortune). En effet, l'émergence de la locution nominale est préfigurée dès 1829 : Cousin, Cours, volume 2, page 479, in Frantext : La raison fait son apparition en nous, quoiqu' elle ne soit point nous, et qu' à aucun titre elle ne puisse être confondue avec notre personnalité : la raison est impersonnelle. - 
D. 2. a. adj. « sans originalité, banal ». Attesté depuis 1884 (Adeline, Lexique : Impersonnel. Se dit d'un talent sans originalité). - 
D. 2. b. subst. masc. « ce qui ne reflète aucun caractère individuel ». Attesté depuis 1896 (Loti, Galilée, page 634 = Frantext : Les fleurs même ayant je ne sais quoi de rigide qui les change ; partout la régularité géométrique, l'impersonnel, l'abstrait, l'inexistant). - 

Origine :
A. 1./A. 2. a./B./C. 1./D. 1./D. 2. a./C. 2. Transfert linguistique : emprunt au latin des grammairiens impersonalis adj. « qui exprime une action sans relation avec un sujet déterminé » (attesté depuis Charisius [4e siècle], TLL 7/1, 590). Au 19e siècle, cet adjectif s'est fixé dans un composé avec raison* (C. 2.). Cf. von Wartburg in FEW 8, 274a, personalis 3 ; Städtler, Grammatiksprache 222.
A. 2. b. Transfert linguistique : emprunt au latin des grammairiens impersonalis subst. masc. « mode du verbe qui exprime une action sans relation avec un sujet déterminé» (attesté depuis Donat, TLL 7/1, 590). Cet emprunt est attesté en continu depuis les premiers témoignages d'un discours grammatical français. Cf. von Wartburg in FEW 8, 274a, personalis 3 ; Städtler, Grammatiksprache 223.
D. 2. b. Formation française : conversion de D. 2. a. ci‑dessus. À ajouter FEW 8, 274b, personalis 3.Entré dès le 12e siècle dans la terminologie grammaticale (A.), l'adjectif impersonnel a pris, au 19e siècle, les valeurs de « exempt de toute impression individuelle (en art) » (D. 1.), « qui n'appartient pas à une personne en propre » (C. 2.), sens aujourd'hui usuels, d'où, par extension, à partir de 1884, le sémantisme de « sans originalité, banal » (D. 2. a.).


Rédaction TLF 1983 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2008 : Thomas Städtler.. - Relecture mise à jour 2008 : Nadine Steinfeld ; Éva Buchi ; Sabine Tittel ; Gilles Petrequin ; Fiammetta Namer ; Gilles Roques.