BROUILLER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1219 « altérer, abîmer » (
Guill. le Maréchal, 7517, Meyer dans
R. Hist. litt. Fr., t. 5, p. 304);
2. 1268-71 « mêler en dérangeant » (
E. Boileau,
Métiers, éd. G.-B. Depping, 272 dans T.-L.); 1611
brouiller les cartes, œufs brouillez (
Cotgr.);
3. 1346-1407 « rendre trouble » (
E. Deschamps, II, 181 dans
Gdf. Compl. : La veue me trouble et
breille); 1652-96 pronom. (
Sévigné, 12 dans
Littré : Le jeudi le temps
se brouilla);
4. xve-
xvies. « rendre confus [le cerveau] » (
L'Amant ressuscité, p. 206 dans
La Curne);
5. ca 1470 « désunir » (
Trahison de France, p. 166 dans
Gdf. Compl.); 1651 (
Corneille,
Nicomède, 564, cité dans Ch. Marty-Laveaux,
Œuvres de Corneille, Paris, t. 11, p. 141 : Ah! ne me
brouillez point avec la République).
D'un gallo-roman *
brodiculare (
DEI;
Gam. Rom.2t. 1, p. 384;
EWFS2; v. aussi
FEW t. 15, 1, p. 300a) dér. de *
brodicare, postulé par le bergamasque
brodigar « souiller »
(DEI) et dér. du germ. *
brod « bouillon », v.
brouet. Cette hyp. est la seule à pouvoir rendre compte des formes anc. trisyllabiques du mot fr.; aussi l'hyp. d'une dérivation de l'a. fr.
breu, brou (brouet*
) d'apr.
fouiller, souiller (
Bl.-W.5;
Dauzat 1968;
REW3, n
o1321) est-elle à écarter.