Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

notices corrigéescatégorie :
BIENFAISANCE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − Fin xives. (Bibl. nat. ms. lat. 13032 dans M. Roques, Rec. gén. des lex. fr., du Moy. Âge, t. 2, 1938, p. 33, 908), seulement dans les gloses (Gdf.); 1725 (Mém. de Trév. Mai dans Trév. Suppl. 1752 : Ce mot est nouveau et a été hazardé par M. L'Abbé de Saint Pierre dans cette phrase : l'esprit de la vraie Religion et le principal but de l'Evangile, c'est la bienfaisance, c'est à dire, la pratique de la charité envers le prochain). Dér. du rad. de bienfaisant*; suff. -ance*.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1. « bonté, charité, générosité (vertu) ». Attesté depuis 1665 (Le Moyne, Art de régner, page 447 : Si le mot de bienfaisance que j'ai fait pour elle [cette sorte de bonté] est nouveau ; le modele sur lequel je l'ay moulé est ancien : § d'ailleurs il en exprime toute l'essence, qui n'est qu'une inclination à bien faire ; § qui consiste en une certaine aisance de naturel, qui se plie, qui se tourne, qui se porte sans peine aux desirs § aux esperances, aux interests § aux utilitez de tout le monde). Première attestation lexicographique : 1684 (Dictionnaire voyageur, in DDL 12 : Bien‑faisance, f. Güttätigkeit - mildigkeit - gütigkeit = Beneficentia, Liberalitas). — Remarques : 1) L'interrogation de la base Frantext inciterait à dater le lexème de 1671 (Bouhours). Mais c'est par erreur que Bouhours, Entretiens, éd. Brunot, page 29 donne le texte suivant : Elle [la langue française] a dequoy soûtenir les matieres les plus fortes, & dequoy élever les plus foibles ; le bon sens & la bienfaisance l'accompagnent par‑tout : Bouhours, Entretiens, éd. originale, page 42 porte bienséance à la place de bienfaisance. 2) Selon le témoignage d'Anatole France, le terme remonterait au 17e siècle, mais peut‑être a‑t‑il commis la même mélecture : Le nom seul de bienfaisance éveillait les plus douces idées dans les âmes sensibles, au siècle des philosophes. On croyait que ce nom avait été créé par le bon abbé de Saint‑Pierre. Mais il est plus ancien et se trouve déjà dans le vieux Balzac [= Guez de Balzac, 1597–1654] (1901, France, Bergeret, page 241, in Jourjon, RPhF 27, 109), cf. Base des mots fantômes s.v. bienfaisance. 3) En tout état de cause, il n'y a aucune continuité possible entre le lexème du français moderne et une première attestation isolée de ca 1380 (AalmaR, page 33, n° 908 = GdfC : beneficiencia. cie bienfaisance). - 
A. 2. « pratique de la bonté, de la charité, de la générosité ». Attesté depuis 1725 (Trévoux6 : Ce mot est nouveau, & a été hazardé par M. l'Abbé de Saint Pierre dans cette phrase ; L'esprit de la vraie Religion & le principal but de l'Evangile, c'est la bienfaisance, c'est‑à‑dire, la pratique de la charité envers le prochain. Mém. de Trév. Mai 1725). Si la création du terme est plus ancienne (cf. ci‑dessus A. 1.), c'est en effet l'Abbé de Saint‑Pierre qui l'a diffusé, cf. Brunot, HLF VI/1‑1, 113. - 
B. « qualité de ce qui produit un effet salutaire (choses) ». Attesté depuis 1755 (Mirabeau, L'Ami, page 466, in Frantext : Les excès dans le climat nuisent aux productions de la nature ; mais la providence les a variés selon les lieux, et la bienfaisance de la nature échappe ainsi aux excès de la température de l'air). - 

Origine :
Transfert linguistique : calque du latin beneficentia subst. fém. « bonté, générosité » (attesté depuis Cicéron, TLL 2, 1878), peut‑être par parallélisme avec bienveillance*, attesté depuis le Moyen Âge, en vertu du processus d'analogie suffixale. C'est le jésuite Pierre Le Moyne [1602–1671], professeur, prédicateur et écrivain fécond, auteur en outre De l'Art de régner (1665), qui revendique l'introduction du terme en français (A. 1.). Cf. von Wartburg in FEW 3, 352b, facĕre I, qui cite le terme à la suite de bienfaisant, sans en préciser la formation. Ce calque a été précédé par l'emprunt bénéficence subst. fém. « id. » (1536—1776 ; Frantext ; FEW 1, 325a, beneficium).


Rédaction TLF 1975 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2005 : Isabelle Turcan. - Relecture mise à jour 2005 : Anne Spica ; Éva Buchi ; Gilles Petrequin ; Franz Rainer ; Nadine Steinfeld.Première mise en ligne : 28 juillet 2009. - Dernière révision : 23 juin 2010. - Mise en ligne : 25 juin 2010.