Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
VAIN, VAINE, adj.
A. − Vx. Vide, dégarni, où rien ne pousse. Vain tombeau, cénotaphe; terres vaines. Le Tarrinzeau-field avait passé aux lords Tadcaster, lesquels l'avaient exploité en lieu public. Puis le Tarrinzeau-field était devenu vaine pâture et propriété paroissiale (Hugo, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 111).
DR. Droit de vaine pâture*.
B. − Moderne
1. [En parlant d'une chose]
a) Dépourvu de réalité. Synon. sans fondement, chimérique, illusoire.Vain simulacre; vaine apparence, image. Alors tout fut connu, êtres et rapports; tout ce qui est, et même tout ce qui peut être dans l'ordre des êtres, tels que notre raison les perçoit: car, ou la raison humaine n'est qu'une lueur vaine et trompeuse, ou tout, êtres et rapports, existans et même possibles, est compris dans cette catégorie générale, et la plus générale possible, cause, moyen, effet (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 16).Le destin des mélancoliques pasquins de mon espèce est de poursuivre, leur vie durant, quelque vain fantôme de passion, d'art ou de philosophie, puis de s'endormir dans la sainte et unique réalité du sein de Dieu (Milosz, Amour. init., 1910, p. 237).
b) Qui ne repose sur rien de sérieux, de solide; qui n'est que manifestation futile. Synon. faux1, illusoire.Vain bavardage, discours; vaine crainte, parole; vaine gloire, protestation; vains propos, espoirs. Elle le garda ainsi caché et enfermé dans sa chambre toute la journée du lendemain, mais la nuit suivante, toute vaine espérance étant dissipée, mon père écrivit avec soin le nom de l'enfant et la date de sa naissance et de sa mort sur un papier qu'il plaça entre deux vitres et qu'il ferma avec de la cire à cacheter tout autour (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 226).Il ne pouvait se résoudre à ce que la vérité et la pureté ne fussent que de vains mots, sans nul soutien (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 5).
Loc. Ce n'est pas un vain mot. Ce n'est pas un mot en l'air, c'est sérieux. La grande table annoncée n'était point un vain mot, ni la chère plantureuse à quoi ces gens auraient droit, tout mis en place. À marcher dès la pointe du jour, à remuer les sacs, à rouler les barriques, à transporter à dos ou sur les poings des meubles de bois plein, on acquerrait un estomac comme un abîme (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 157).
c) Qui est sans effet, qui se révèle inefficace. Synon. stérile.Vaine agitation, curiosité, lutte, production; vain combat, effort; œuvre, souffrance, tentative vaine; larmes vaines. Cette expérience de toutes choses étant impossible à l'espèce humaine, sa science sera donc toujours incomplète et vaine (Senancour, Rêveries, 1799, p. 26).Mais comme il faut que tout, dans ce domaine [de l'Esthétique], soit impossible à circonscrire, elles [les recherches] n'ont été vaines qu'imparfaitement, et leur insuccès n'a pas laissé d'être parfois curieusement, créateur et fécond (Valéry, Variété IV, 1938, p. 262).
Il est vain de + inf.Il est inutile de. Qu'on n'objecte pas, comme le font quelques socialistes et quelques positivistes, qu'il est puéril et vain d'invoquer la justice, que c'est une idée toute métaphysique et ployable en tous sens, et qu'en cette pourpre banale toutes les tyrannies se sont taillé un manteau (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 135).
2. [En parlant d'une pers., de ses comportements, etc.]
a) Qui fait preuve d'orgueil et de suffisance. Synon. glorieux, vaniteux.Ils détestent le mensonge et les hableurs; les hommes vains et présomptueux, les fanfarons, sont pour eux une secte pernicieuse (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 86).Je m'avisais un peu tard que les sciences exactes peuvent seules construire et armer les intelligences et que nos professeurs de lettres faisaient de nous des esprits sonores et creux, des êtres vains, incapables de toute tâche sérieuse (A. France, Vie fleur, 1922, p. 510).
Vain de.Qui tire vanité de. Presque tout le monde ici [aux Enfers] est assez vain de sa vie passée. Les scélérats eux-mêmes font parade de leur abominable gloire (Valéry, Eupalinos, 1923, p. 131).
b) Qui dénote de la vanité. Vaine ostentation. La manière nettement scientifique, la fructueuse démonstration, l'envol expliqué, la jolie causerie préalable, et pour terminer la séance, le gracieux « lâcher » des pigeons... Ils les prévenait lui-même toujours, en petit laïus préliminaire: Messieurs, Mesdames, Mesdemoiselles... Si je monte encore à mon âge, c'est par vaine forfanterie! Ça vous pouvez croire! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 458).
c) Vieilli ou région. [Dans des jurons] Vain nom de Dieu. L'y a une fille, Vain Dieu!soupira le Tambour-Majorqui vous ferait tourner les foies blancs (Jouve,Scène capit.,1935,p. 13).« (...) La condition que je pose n'est-elle pas bien raisonnable? Te sens-tu tellement livré d'avance? Malheureux! Je te vois assez dément pour refuser. » « Vain nom du Christ! » « Mais il faut que tu aies juré » (Jouve,Scène capit.,1935,p. 97).
Prononc. et Orth.: [vε ̃], fém. [vεn]. [vεn] au masc. devant voy. ex. ce vain amour [vεnamu:ʀ]. Homon. vin, vingt; formes de venir et vaincre ; veine. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. En parlant d'inanimés 1. a) α) 1remoit. xiies. « sans consistance, sans valeur, sans fondement solide » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, II, 1: Purquei [...] li pueple penserunt veines choses? [populi meditati sunt inania]; XCIII, 11: kar veines sunt [les cogitatiuns des humes] [quoniam vanae sunt]); β) 1174-78 spéc. veine gloire « gloire futile, vanité » (Étienne de Fougères, Livre des manières, éd. R. A. Lodge, 383), cf. 1174-82 (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 40); γ) ca 1175 « changeant, frivole » (Benoît de Ste -Maure, Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 10247: le siecle vain e muable, Faus e a toz escolorjable); cf av. 1465 (Charles d'Orléans, Ballades, LX, 8 ds Œuvres, éd. P. Champion, p. 85: Ce monde n'est que chose vaine!); δ) 1688 « creux » (en parlant du style) style vain et puérile (La Bruyère, Caractères, Des Ouvrages de l'esprit ds Œuvres, éd. J. Benda, 1962, p. 90); b) xives. « inutile, qui n'aboutit à rien » (Guillaume de Nangis, Annales de St Louis, Paris, 1761 ds La Curne: Le privilege aus freres pescheurs et meneurs [...] fust vain appellé); 1538 [prières] vaines et inutiles (Est, s.v. vanus); 1688 science vaine (La Bruyère, op. cit., p. 89); c) id. « faible, inapte » [cf. II 1] paroles vaines « mots trop faibles pour exprimer ce que l'on voudrait dire » (Id., op. cit., Des esprits forts, ibid., p. 461); 2. a) ca 1220 « vide » (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 2086: les .v. lors lampes erent vainnes [des vierges folles]); 1690 vain tombeau « cénotaphe » (Fur.); b) α) 1264 veinne pasture (doc. Arch. nat. M 1 ds Gdf. Compl., v. aussi lat. médiév. vanum pasturagium ds Du Cange, s.v. pasturagium); β) 1611 terre vaine (Cotgr.). B. En parlant de pers. 1. 1130-40 « faible, sans force morale » (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 438); ca 1150 « faible, épuisé » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 674); 2. ca 1165 « léger, inconstant » cuer vain e muable (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 13864); cf. av. 1662 (Pascal, Pensées, 205 B ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 1142: il est si vain [l'homme], qu'étant plein de mille causes essentielles d'ennui, la moindre chose, comme un billard et une balle qu'il pousse, suffisent pour le divertir); 3. 1176-84 « qui a le désir de paraître, vaniteux » feme fausse et vaine (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4919). Du lat. vanus « vide, où il n'y a rien », fig. « creux, vain, sans fondement, sans consistance, mensonger; trompeur, fourbe ». Vaine gloire est prob. formée d'apr. les comp. b. lat. vaniglorius « dont la gloire est vaine » (s.d. Pseudo-Grégoire ds Blaise Lat. chrét.), vanagloriosus (xiiies. ds Du Cange), de là, l'a. fr. vanaglorieus; vaneglorieus ca 1265, Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, XXIII, 3, p. 193 et 40, p. 194. Fréq. abs. littér.: 7 991. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 14 531, b) 7 922; xxes.: a) 10 531, b) 11 005.