| TIMBALE, subst. fém. A. − MUS. Instrument à percussion formé d'un bassin hémisphérique en métal recouvert d'une peau dont la tension est réglable par des vis et sur laquelle on frappe avec des baguettes, et qui est utilisé le plus souvent par paires de sonorités différentes. Timbales des cavaliers; timbales d'orchestre. Nous mouillâmes par le travers de la terre et nous n'aperçûmes qu'une forêt. Mais pendant la nuit nous voyions des feux, et nous entendions le son des fifres, le bruit des timbales, et les clameurs d'un peuple innombrable (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 233).C'est le temps qu'à pleines charrettes nous voyons décharger à la porte de nos basiliques, Timbales, trombones, contrebasses, les pupitres et tous ces vases de musique Pour soutenir la voix de quatre cents choristes vigoureux (Claudel, Feuilles Saints, 1925, p. 599). B. − Gobelet de métal sans pied; p. méton., contenu de ce récipient. Les élèves, assis devant les tables de marbre, faisaient avec leurs fourchettes et leurs timbales un bruit agaçant (A. France, Servien, 1882, p. 171).Puis, une gaieté malicieuse éclaira sa frimousse; et, sans quitter Antoine des yeux, comme pour le prendre à témoin de sa docilité, il vida sa timbale sans reprendre souffle (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 831). − Loc. verb. fig. [P. allus. à la timbale fixée en haut du mât de cocagne, qui donnait droit à un prix à celui qui la décrochait] Décrocher la timbale. Obtenir un objet convoité, un résultat important; parvenir à ses fins; p. antiphr., subir le résultat de sa maladresse. Ses séjours répétés à Champrosay (...) donnèrent à mon père le sujet de la Petite Paroisse (...) qui eut du succès, sans pour cela décrocher la timbale (L. Daudet, Qd vivait mon père, 1940, p. 278).C'est justement par tout ce qu'on tente de paralyser en madame Colette qu'elle triomphe des vies exemplaires et plates de ceux qui veulent décrocher la timbale et la manquent (Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p. 123). C. − CUIS. Moule en métal haut et rond; p. méton., préparation culinaire faite dans ce moule. Timbale de fruits de mer. Le menu, arrêté dès la veille, fut pourtant remarquable: un potage crème d'asperges, puis des petites timbales à la Pompadour (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 188).Devant l'étal de Mmeveuve Maintenant, marchande en détail, musaient, manne au pied, deux pâtissiers de Saint-Philippe-du-Roule: « Paton, 212, Faubourg-Saint-Honoré » recommandé pour ses timbales de filets de soles (Hamp, Marée, 1908, p. 60). ♦ Timbale milanaise. V. milanais B 1. Prononc. et Orth.: [tε
̃bal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiiies. [date du ms.] tinbale « instrument à percussion composé d'un demi-globe de métal sur lequel est tendue une peau » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 14783, var. ms. K)]; 1471 tinballe (Inv. du roi René à Angers, fo10 ds Wright); 2. 1727 gobelets en timballes (doc. ds Nouv. Arch. de l'art fr., 1883, p. 288); 1758 timbale « gobelet de métal » (Invent. des châteaux appartenant aux Peyrusse des Cars, éd. X. Barbier de Montault, p. 16); 1877 au fig. décrocher la timbale (Journ. offic., 25 mars, p. 2361, 3ecol. ds Littré Suppl.); 3. 1749 désigne une marmite (doc. ds Mém. Sté Paris et Île-de-Fr., 1899, p. 36); 1828 macaroni en timbale à l'italienne (Audot, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 225). Altér., par croisement avec cimbale (cymbale*) et timbre*, de tamballe, att. au sens 1 en 1471 (Comptes du roi René, éd. Lecoy de La Marche, p. 250), empr. à l'a. prov. tambala « id. » (xives., tanpbala, Vie de St George ds Levy (E.) Prov.) , lui-même empr. à l'ar. ṭabl « id. », devenu en ar. d'Espagne tạbál (d'où fr. atabal, fin xvies.; v. FEW t. 19, p. 173). Fréq. abs. littér. : 122. Bbg. Kidman (J.). Les Empr. lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du 15 es. Paris, 1969, pp. 253-256. − Quem. DDL t. 10. |