| * Dans l'article "TEMPOREL, -ELLE,, adj." TEMPOREL, -ELLE, adj. A. − 1. Qui concerne le temps, qui est marqué par le temps qui passe. Anton. éternel.Choses, beautés, richesses temporelles; existence temporelle; déroulement temporel d'un événement. La marche temporelle de l'humanité (Comte, Philos. posit., t. 4, 1839-42, p. 57).C'est ainsi que parfois les furets de l'ouragan déterrent quelqu'une de ces bornes du hasard à leurs places quelconques depuis des siècles sous la couche opaque et temporelle du sable (Ponge, Parti pris, 1942, p. 83). − Empl. subst. masc. Ce qui a rapport avec le temps. [Les politiciens] entendaient (...) s'avantager ensemble de leur politique et de notre mystique, jouer toujours ensemble le temporel et l'éternel (Péguy, Notre jeun., 1910, p. 128). 2. Qui relève du monde matériel, de la finitude de la vie humaine. Synon. profane, séculier, terrestre; anton. spirituel.Chef, prince, souverain temporel; autorité, force, puissance temporelle. Le père trempe un voile dans l'eau, et le secouant sur la foule à genoux, procure la vie des cieux, à ceux qu'il ne pouvoit arracher à la mort temporelle (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 466): Les seuls profits de l'abbé consistent, en somme, dans les inévitables soucis que suscitent la conduite morale et la direction temporelle d'une abbaye.
Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 288. ♦ Père* temporel. Pouvoir temporel. V. pouvoir2. − Empl. subst. masc. ♦ Vieilli. Bien, avoir, possession matérielle. De leur temporel, de tout ce qu'ils ont construit avec tant de peine, à la sueur de leur front et au prix même de leur patrimoine, c'est tout juste si les trois frères [Baillard] peuvent, sous le prête-nom de quelques pauvres sœurs demeurées fidèles, sauver le couvent de Sion pour leur servir d'abri (Barrès, Colline insp., 1913, p. 102). ♦ Ce qui est de l'ordre du matériel, du terrestre (par opposition au spirituel). L'Église, après s'être établie exclusivement dans la sphère du spirituel a fini par envelopper le temporel (Proudhon, Révol. soc., 1852, p. 69). ♦ Revenu d'un bénéfice ecclésiastique. Le temporel de l'évêché, de l'abbaye (Foi t. 1 1968). ♦ Pouvoir civil, puissance temporelle. Et, dès lors, j'allais relever le pape outre mesure, l'entourer de pompe et d'hommage; je l'eusse amené à ne plus regretter son temporel, j'en aurais fait une idole (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1046). B. − LING. ,,Qui a rapport au temps naturel ou aux temps verbaux`` (Mar. Lex. 1951). La catégorie du temps concerne les relations temporelles dans la mesure où elles sont exprimées par des oppositions grammaticales et systématiques (Mounin1974). ♦ Proposition temporelle. Proposition circonstancielle de temps. Les propositions temporelles qui indiquent la simultanéité ou la postériorité du fait exprimé par la principale marquent un fait présent ou passé par rapport au verbe principal, c'est à dire un fait réel ou regardé comme tel (Grev.1964, § 1018). C.− MUS., VERSIF. Qui concerne la durée. Le principe fondamental de la versification est lui-même conventionnel. Cela est démontré par l'existence et l'efficacité éprouvée de deux systèmes fort différents: celui des Grecs et des Romains, fondé sur la valeur temporelle des sons et la quantité des syllabes et le nôtre qui repose sur le nombre des syllabes et l'agencement des accents du langage (Jeux et sports,1967, p. 750). D. − PHILOS. Qui est relatif au concept du temps opposé à celui de l'espace. Dimension temporelle d'un événement. Que pouvons-nous sur cet objet qui, cette fois, ne peut rien sur nous? Mais nous pouvons sur lui. Nous pouvons le mesurer selon sa nature, spatiale ou temporelle (Valéry, Variété V, 1944, p. 308). Prononc. et Orth.: [tɑ
̃pɔ
ʀ
εl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 vie temporal (p. oppos. à éternel, spirituel) (Ducs Normandie, 1735 ds T.-L.); 2. a) déb. xiiies. biens temporaus (Gerbert de Montreuil, Continuation de Perceval, éd. M. Williams, 369); b) 1283 justice temporel, séculière, laïque, p. oppos. à justice esperituel, de la juridiction ecclésiastique (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, p. 153); 3. a) 1330 subst. sing. « revenu qu'un ecclésiastique tire de son bénéfice » (Chartes et doc., 26, 15, 149 cité ds Actes du IVecolloque sur le m. fr., p. 108); b) 1511 id. « biens, revenus et puissance de l'Église » (Gringore, Jeu du Prince des Sotz ds
Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 224); 4. 1798 « qui concerne le temps des verbes » (Delarivière, Élemens de Grammaire française, p. 117 ds Brunot t. 10, p. 595); 5. 1889 mus. « qui concerne la durée » (Benedictins, Paléogr. mus., t. 2, p. 50); 6. 1927 philos. (S. Jankélévitch, trad. Kretschmer, Manuel de psychol. méd., p. 199). Empr. au lat.temporalis « éphémère, qui ne dure qu'un temps », « ce qui se rapporte au monde terrestre (par opposition à l'éternité) » et terme de gramm. « qui concerne le temps »; temporalis est att. comme subst. par St Augustin au sens de « pouvoir séculier ». Fréq. abs. littér.: 1 640. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 365, b) 817; xxes.: a) 2 374, b) 3 943. DÉR. Temporellement, adv.Dans l'ordre temporel. a) Anton. spirituellement.Une œuvre dite de sainte Véronique en vue de secourir temporellement et surnaturellement les prêtres (Bloy, Journal, 1900, p. 14).b) Anton. spatialement.On peut penser que la difficulté que propose cette persistance involontaire de l'habitude sous toutes ses formes serait sinon résolue, du moins correctement posée, si nous étions capables de la penser temporellement et non spatialement, comme une continuation involontaire de nous-même et non comme une conservation matérielle dans l'espace du cerveau (Ricœur, Philos. volonté, t. 1, 1949, p. 279).− [tɑ
̃pɔ
ʀ
εlmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. a) ca 1200 « dans l'ordre temporel » (Moralités sur Job, 319, 1 ds T.-L.), b) 1920 philos. « relativement au temps » (Théol. cath. t. 4, p. 947); de temporel, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 36. |