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SOUS-ENTENDRE, verbe trans.
A. − Qqn sous-entend qqc.
1. Laisser entendre quelque chose sans l'exprimer explicitement. Il a écrit au journal une lettre déclarant que son livre « ne serait pas une suite d'aquarelles et d'eaux-fortes », − c'est Manette Salomon qu'il sous-entend, mais bien « une psychologie très fouillée » (Goncourt,Journal,1885, p. 477):
Pendant que la mère et la fille discouroient ainsi, Charles racontoit les événemens de la matinée à sa manière; c'est-à-dire que, par ses insinuations perfides, il faisoit sous-entendre beaucoup plus de mal qu'il n'en auroit dit en parlant ouvertement contre Annette. Balzac,Annette,t. 2, 1824, p. 72.
[P. méton. du suj.] Il écoute tout ce qu'on lui dit avec un « ah! vraiment!!! » courtois et souriant, qui sous-entend toutes les réserves (Gide,Journal,1914, p. 469).
[Suivi de que + complét. à l'ind.] Un auteur profane, dans le dernier siècle, avait prétendu révéler le secret de l'Église en affirmant qu'il n'y avait pas de Purgatoire. Il sous-entendait par là qu'il n'y avait pas de demi-mesures, qu'il n'y avait que le Paradis et l'Enfer (Camus,Peste,1947, p. 1401).
Empl. abs. La moitié d'une vie d'homme se passe à sous-entendre, à détourner la tête et à se taire (Camus,Sisyphe,1942, p. 111).
[Le compl. d'obj. désigne un thème de discours rétabli par le locuteur lui-même] Les amis sont fidèles; mais je les battrais, quand ils m'appellent « Môssieu le député », avec leur air finaud, à la fois servile et autoritaire, qui sous-entend: « Monsieur notre domestique (...) » (Vogüé,Morts,1899, p. 252).Au-dessous d'elle [la bourgeoisie spirituelle], il y a la bourgeoisie des professions libérales. On trouve, à côté de cette dernière, la bourgeoisie financière, dont font, hélas! partie les Pluvignec. (Sous-entendez: « Vous, mes propres enfants, vous n'êtes, somme toute, que des métis de cette variété. ») (H. Bazin, Vipère,1948, p. 112).
2. Avoir dans l'esprit quelque chose (considéré comme vrai), considérer (un fait, un phénomène) sans le faire savoir à son interlocuteur (auditeur, lecteur, public d'une œuvre artistique). Qui a lu ces messieurs connaît l'esprit français, j'entends tout l'esprit français, et je sous-entends l'esprit français en dehors de l'Église (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 124).On sous-entend le spirituel s'il s'agit de Bach, on l'exclut s'il s'agit des nègres (Schaeffer,Rech. mus. concr.,1952, p. 175).
[Suivi de que + complét. à l'ind.] Mais Malebranche semble aussi sous-entendre que Dieu ne peut vouloir aucun événement qui ne soit selon l'ordre des lois générales de la nature, ce qui signifierait que Dieu est immanent à la nature et que les lois naturelles sont l'expression de son essence (Massis, Jugements,1923, p. 79).
Empl. abs. Paul Potter ignore l'art des sacrifices, il en est encore à ne pas savoir qu'il faut quelquefois sous-entendre et résumer (Fromentin,Maîtres autrefois,1876, p. 202).
3. GRAMM. Ne pas exprimer (un terme, un membre de phrase) que la construction ou le sens permettent de rétablir aisément. L'usage autorise à sous-entendre, le plus souvent, le substantif, quand on emploie les adjectifs de la première et de la deuxième personne, et au contraire, à sous-entendre l'adjectif personnel, quand il s'agit de la troisième personne (Destutt de Tr.,Idéol. 2,1803, p. 84).
[Le thème du discours est rétabli par le locuteur] J'aimerais bien: vaquerait. Cela ne peut-il se dire en sous-entendant: « à des soins » ou quelque chose comme ça? (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 285).
B. − Qqc. sous-entend qqc. Impliquer, supposer comme condition ou fondement. La prose sous-entend toujours l'univers de l'expérience et des actes (Valéry, Variété III,1936, p. 61).Une des vertus secrètes du fatalisme, c'est qu'il sous-entend, malgré vous, une espérance surnaturelle (Romains,Hommes bonne vol.,1938, p. 226).
[Suivi de que + complét. à l'ind.] Une philosophie comme le criticisme (...) sous-entend donc que la pensée du philosophe n'est assujettie à aucune situation (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception,1945, p. 75).
Prononc. et Orth.: [suzɑ ̃tɑ ̃:dʀ ̥], (il) sous-entend [-tɑ ̃]. Ac. 1694, 1718: sousentendre; dep. 1740: sous-entendre. Étymol. et Hist. 1303 « veiller en sous ordre » (Ord., I, 384 ds Gdf. Compl.), attest. isolée; 1. 1656 « (d'une personne) laisser entendre quelque chose sans le dire » (Pascal, Prov., IX, éd. L. Lafuma, p. 411); 1657 part. passé adj. sous-entendu « non exprimé, mais que l'on peut facilement rétablir ou comprendre » (Id., ibid., p. 466); 1672 impers. il est [...] sous-entendu que (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 511); d'où ca 1720 un sous-entendu « paroles, idées que l'on suggère sans les énoncer » (Font., Varignon ds Littré; cf. Champfortiana, p. 25, ibid.); 2. 1690 gramm. sous-entendu part. passé adj. substantif ... sousentendu (Fur.); 1706 id. sous entendre (Rich.); 3. 1834 (d'un inanimé) « supposer comme condition, impliquer » (Balzac, Rech. absolu, p. 112: une mosaïque révèle toute une société, comme un squelette d'ichtyosaure sous-entend toute une création). Dér. de entendre*; préf. sous-*. Fréq. abs. littér.: 86.