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SANGUINAIRE1, adj.
A. −
1. [En parlant de l'homme] Qui se plaît à répandre le sang humain, à tuer ou à faire tuer. Synon. meurtrier.Démagogue, despote, fou, guerrier, monstre, tyran sanguinaire; peuple, foule sanguinaire; brutes, légions, troupes sanguinaires. Malgré la faim, la fièvre, la soif, malgré les sauvages sanguinaires qui lui dressent des embuscades et sont à son affût dans la brousse, il passe outre (Cendrars, Or, 1925, p. 215):
... les uns et les autres ont une peur effroyable des vengeances démagogiques, (...) ils ne se soucient nullement d'affronter la colère de gens qui peut-être ne les tueraient pas, car on n'est pas sanguinaire ici, mais qui certainement les feraient horriblement payer et je ne sais trop si cette perspective ne leur paraît pas plus épouvantable encore. Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 108.
Empl. subst. masc. Ceci est la guerre sans miséricorde. L'heure est aux sanguinaires (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 30).
Littéraire
Qui aboutit à faire couler le sang. Délire, démagogie, despotisme, envie, férocité, fureur, ivresse, soif, zèle sanguinaire; appétits, instincts sanguinaires; dessein, doctrine, décret, sentence sanguinaire; dogmes, idées, ordres sanguinaires; (être en proie à une) rage sanguinaire. Le préfet de police, très nerveux, hâte le départ (...). Des projectiles s'abattent, pulvérisant les vitres des portières. Des cris âpres, sanguinaires, poursuivent, comme une meute qu'on lance à la curée, le landau qui s'éclipse dans le crépuscule (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 401).En la protégeant [la tête de l'Empereur], on protégerait tous les intérêts nés de la Révolution; on sauverait d'une réaction sanguinaire les hommes compromis par leurs égarements (les Jacobins et les régicides) (Bainville, Hist. fr., t. 2, 1924, p. 114).
[P. réf. à un lieu, un temps, un récit, etc.] Où le sang a coulé; où l'on a fait répandre le sang. Cauchemar, lutte, règne sanguinaire; assassinats, combats, massacres sanguinaires. Les femmes elles-mêmes s'intéressaient aux récits sanguinaires et souvent invraisemblables, et les orateurs mimaient les attaques et les combats d'hommes contre les bêtes, levaient les bras, contaient d'une voix tonnante (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Loup, 1882, p. 1241).Tous les hommes de sa génération (...) transportés d'un monde paisible (...) à un autre, prodigieusement sanguinaire, instable et délirant (Arnoux, Solde, 1958, p. 174).
P. métaph. [P. réf. à la couleur du sang] Éclair sanguinaire. [Les maisons de St-Jean-de-Luz] ont une physionomie sanguinaire et barbare due à la bizarre coutume de peindre en rouge antique ou sang de bœuf les volets (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 16).
2. [En parlant de l'animal, notamment des bêtes sauvages, de leurs instincts] Sanguinaire comme un tigre. Ses instincts sanguinaires sont très développés: souvent il [le loup] tue pour le seul plaisir de tuer, puisqu'il ne dévore pas sa victime (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 27).
B. − P. méton.
1. Féroce; cruel, impitoyable; sadique. Joie sanguinaire; (écraser un pays de) lois sanguinaires. Delannoy, tout révolutionnaire qu'il est, a le défaut de garder dans ce milieu de mystiques sanguinaires, la faculté de raisonner, de discerner, d'être pitoyable (Léautaud, Théâtre M. Boissard, 1943, p. 261).
P. métaph. La couleur, loin de perdre son originalité cruelle dans cette science nouvelle [de Delacroix] (...), est toujours sanguinaire et terrible (Baudel., Salon, 1845, p. 11).
2. Terrible, monstrueux. Synon. atroce.Horreurs sanguinaires. Le désordre des armes éparses dans la paille pouilleuse, des musettes, des paquetages éventrés dans la boue, (...) des pansements défaits qui flottent dans l'eau qui suinte ajoutait je ne sais quelle sanguinaire confusion au spectacle de leur sommeil (Cendrars, Dan Yack, Confess. Dan Yack, 1929, p. 282).
Prononc. et Orth.: [sɑ ̃ginε:ʀ]. Homon. et homogr. sanguinaire2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1370 « composé de sang » (Traduction de la Grande Chirurgie de Gui de Chauliac, ms. d'apr. Sigurs, p. 73, sans réf.); 1515 la masse sanguinaire (Jean Falcon, Notables sur le Guidon, ibid., p. 294); 2. 1531 « qui aime à répandre le sang » (J. de Vignay, Mir. Hist., XXVI, 22 ds Gdf. Compl.); 3. 1580 « porté à la cruauté » (Montaigne, Essais, II, 11, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 433). B. Subst. 1721 terme d'hist. relig. (Trév.). Empr. au lat.sanguinarius « de sang »; fig. « qui aime à répandre le sang ». Fréq. abs. littér.: 233. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 593, b) 254; xxes.: a) 226, b) 212. Bbg. Godineau (Dominique). Buveur de sang, sang, sanguinaire (an III). 1. Dict. des usages socio-politiques (1770-1815). Paris, 1985, pp. 39-53.