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RIME, subst. fém.
Répétition à la fin de deux ou plusieurs vers de la dernière voyelle accentuée ainsi que des phonèmes qui éventuellement la suivent ou la précèdent. J'inventai ce vers qui n'avait ni rime ni mètre (Claudel, Ville, 1901, iii, p. 488):
Ô rime! Qui que tu sois, Je reçois Ton joug; et long-temps rebelle, Corrigé, je te promets Désormais Une oreille plus fidèle. Sainte-Beuve, Poés., 1829, p. 30.
Vieilli, gén. au plur. Vers. Mettre en rimes. Elle connaissait madame sainte Catherine par des récits tirés de quelque histoire en langue vulgaire (...) en prose ou en rimes (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 40).
[P. oppos. à raison] La forme (p. oppos. au sens). Ta chanson Est mauvaise, et la rime y gêne la raison (Hugo, Cromw., 1827, p. 179).
Sans rime ni raison. Sans cohérence, sans explication plausible et rationnelle, dépourvu de sens. Ces mots, dont je ne sais même pas le sens (...) me sont venus à la bouche, sans rime ni raison (Proust, Prisonn., 1922, p. 338).
P. méton.
Son qui est répété. Une ballade sonore, à rimes éclatantes (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 18).
Rime en (suivi d'une syll.).Rime en -ure. Les mezzos, faisant échos aux rimes, en tin, répètent tin tin tin, pour imiter la cloche de l'angelus. C'est bête à pleurer, ça plaira beaucoup (Colette, Cl. école, 1900, p. 246).
Rime à (suivi d'un mot).Mais, même plus de rimes à lune... Ah! quelle regrettable lacune! (Laforgue, Imit. Lune, 1886, p. 271).
Mot qui contient la rime. Un libraire qui, donnant un dictionnaire de rimes à un poète, lui dit: « Celui-là est bon. » (Renard, Journal, 1900, p. 611).
[Suivi d'un adj. déterminatif qui précise ses caractéristiques]
[Sa sonorité] Rime féminine*. Rime masculine*.
[Sa qualité]
Rime pauvre. Rime constituée par la répétition de la voyelle tonique en finale absolue. On rencontre la même voyelle (rime pauvre) comme dans cela et dada (Mar.Lex.1933).
Rime suffisante. Rime constituée par la répétition de la voyelle tonique et des sons qui la suivent. Sonnets à rimes croisées, à rimes plates, à rimes riches, à rimes suffisantes (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 6).
Rime riche. Rime constituée par la répétition de la voyelle tonique et de sa consonne d'appui. La rime riche est une grâce, sans doute, mais elle ramène trop souvent les mêmes formules (Nerval, Bohême gal., 1855, p. 71).
Rime léonine. V. léonin2.
Rime pour l'œil. Rime semblable graphiquement mais qui diffère phonétiquement d'une autre. Peu à peu l'absurdité des rimes pour l'œil a été perçue; des oreilles ont en vain cherché à différencier tels sons masculins, mer, de tels sons féminins, mère (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 224).
[Sa place] Rime finale. L'influence − au point de vue technique − de Paul Fort: rimes intérieures (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 94).
Rime batelée. V. batelée2.
Rime couronnée*.
Rime croisée. Rime constituée de deux couples de rimes féminines et masculines entrecroisées. Du fond de ma solitude, j'inonderai le monde d'un déluge de rimes croisées (Musset, Hist. merle bl., 1854, p. 70).
Rime embrassée. Rime constituée d'un couple de rimes d'une espèce (masculines ou féminines) qui enserre un couple d'une autre espèce. D'après l'ordre dans lequel elles se présentent, on distingue des rimes suivies ou accouplées ou plates (aa-bb), croisées (ab-ab), embrassées (abba), enlacées (abc-acb, abc-cba, etc.) (Mar.Lex.1933).
Rime fraternisée*.
Rime plate. Rime qui est accouplée immédiatement à une autre. Un poème de six cents vers à rimes plates (Valéry, Variété[I], 1924, p. 61).
Rime redoublée*.
Prononc. et Orth.: [ʀim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 versif. ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 3); 2. fin xiiie-déb. xives. [ms. du xves.] n'y regarder ne rime ne raison « abandonner toute considération de convenance et de bon sens » (L'Art d'Amours, éd. Br. Roy, 3669); ca 1400 n'y avoir ryme ne raison « n'y avoir ni logique ni cohérence » (Eustache Deschamps, Œuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 7, p. 351, 113); 1405 sans rime et sans raison (Gerson, Œuvres, éd. P. Glorieux, t. 7, p. 1159); 1784 sans rime ni raison (Diderot, Jacques le Fataliste, p. 642). Étymol. incertaine. On a proposé le lat. rhythmus, v. rythme et l'a. b. frq., a. h. all. rim « série, nombre ». Ces 2 hyp. posent le probl. du genre, rhythmus et rim étant masc. tandis que le fr. rime est fém. L'a. prov. rim, masc. considéré jusqu'ici comme la forme primitive à côté du fr. rime et de l'a. prov. rima supposés de formation plus récente, est en fait un doublet de la région toulousaine et langued. du fém. rima (v. P. Zumthor ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 2 n o1 1964, p. 188 qui nous montre par ailleurs que l'hyp. du EWFSrime est présenté comme un déverbal de rimer « faire des rimes », d'un gallo-rom. *rimare « disposer sur un rang », repose sur une forte part de probab., ibid., p. 192). L'étymon rhythmus pour lequel on a suggéré l'évol. à partir du sens « vers non métrique » à « vers rimé » puis « rime », se heurte à des difficultés d'ordre phonét. et sém. Les formes *rimmo, *remmo attendues en ital. et les formes intermédiaires *ritme, *ridme attendues en fr. ne sont pas att. et il est difficile de comprendre comment rhythmus qui désigne en b. lat. le vers non métrique simpl. accentué dont le caractère fondamental est la cadence, a pu prendre le sens de « rime », la rime n'y ayant qu'un caractère secondaire. L'a. b. frq. *rim, d'apr. l'a. h. all. rim « série, nombre », phonét. plausible, semble convenir pour le sens (du sens de « suite » on a facilement pu passer à celui de « série de fins de vers semblables » puis « rime »), mais rime serait le seul mot de l'anc. terminol. littér. à provenir du germ. (v. P. Zumthor, op. cit., p. 189). L'orig. de l'expr. sans rime ni raison fait elle aussi difficulté, on peut difficilement retenir l'hyp. retenue par Bl.-W.1-5, qui y voit une formule issue du lat. médiév.: ,,metrum est ratio cum modulatione, rhythmus est modulatio sine ratione``, cette citat. qui omet après ratione l'adj. metrica, étant habilement tronquée; la solution proposée par Rey-Chantr. Expr., qui repose sur une oppos. de la forme poét. (la rime) et du contenu conceptuel ou narratif (la raison) semble plus vraisemblable. V. FEW t. 16, pp. 716b-719b; N. Törnqvist, Zur Geschichte des Wortes Reim, Lund, 1935; P. Zumthor, op. cit., pp. 187-204 et M. Fr. fasc. 14-15, 1984, pp. 419-436. Fréq. abs. littér.: 747. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 812, b) 1 047; xxes.: a) 1 569, b) 978. Bbg. Chausserie-Laprée (J.-P.). Pour une ét. des organisateurs phoniques en poésie: les leçons de la rime. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1978, t. 16, n o2, pp. 251-271. − Jaffré (J.). Sur rime et sens. Fr. auj. 1980, n o51, pp. 43-49. − Morel (M.-A.). Pour une typologie des fig. de rhét. DRLAV. 1982, n o26, p. 55.