| PRÊTEUR, -EUSE, subst. et adj. I. − Subst. Personne qui prête quelque chose. Le bruit d'un pas pesant annonça l'arrivée du prêteur de grains (Balzac, Méd. camp., 1833, p.64).On ne prête pas à une femme le Musée secret de Naples, c'est-à-dire un album lubrique, pour des prunes. Cela fait entre le prêteur et l'emprunteuse un compromis (Flaub., Corresp., 1852, p.10).On n'a pu cacher le «Château Noir» [de Cézanne dans une exposition], parce qu'il appartient à M. Paul Rosenberg, prêteur à ménager (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.118). − En partic. Personne (physique ou morale) qui prête de l'argent. Synon. bailleur (de fonds).Prêteur de capitaux, privé, sur gages. Il signe deux petits reçus sur du papier blanc et les remet aux vieilles prêteuses (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.282): . ... il s'agissait d'un dernier champ, sur lequel le braconnier avait emprunté, un champ que le prêteur parlait de faire mettre aux enchères, parce qu'il ne touchait pas un sou des intérêts convenus.
Zola, Terre, 1887, p.329. ♦ Prêteur à la petite semaine (v. prêter I A 1). [La classe] des usuriers, qui se modifie de mille manières, qui reparaît sous vingt formes, sous vingt acceptions différentes, depuis le faiseur d'affaires jusqu'au prêteur à la petite semaine (Jouy, Hermite, t.3, 1813, p.156). II. − Adj. Qui prête de l'argent. Organisme prêteur. Cette somme est donc une simple fiche de garantie. Je m'offre à la reverser, si papa rembourse jamais la société prêteuse, c'est-à-dire s'il restitue jamais les quatre mille trois cents francs au Capital Mutuel (Duhamel, Terre promise, 1934, p.14).Le crédit même des entreprises en difficulté nécessitait vis-à-vis des tiers prêteurs sa présence [de l'État] parmi les associés responsables (Univ. écon. et soc., 1960, p.22-12). − [P. réf. à la fable de La Fontaine: La Cigale et la Fourmi] Qui prête volontiers quelque chose. Paul: Vous voulez apprendre à dépenser, soyez généreuse! Henriette: Tu ne veux pas ressembler aux fourmis, sois prêteuse. MmeChameroy: Prêteuse! prêteuse! (...) prêter et donner sont deux! un prêt est une affaire! et il faut qu'une affaire soit bonne! (Labiche, Cigale chez fourmis, 1876, vii, p.223). REM. Co-prêteur, subst. masc.Mon co-prêteur (...) m'a débité des histoires peu rassurantes sur notre débiteur commun (Goncourt, Journal, 1878, p.1267). Prononc. et Orth.: [pʀ
εtoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718: presteur; dep. 1740: prêteur. Étymol. et Hist.1. Ca 1265 presteour (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, chap.45, p.215); 1283 presteur (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, 1120); 1830 prêteur sur gages (Balzac, Gobseck, p.420); 2. 1668 adj. (La Fontaine, Fables, La Cigale et la fourmi, I, 1). Dér. de prêter*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 182. |