| * Dans l'article "PLISSER,, verbe" PLISSER, verbe A. − Empl. trans. 1. [Le compl. désigne une matière souple, un tissu] Former des plis, une série de plis dans (un tissu); en partic., en les couchant dans le sens voulu puis en les marquant par la pression des doigts, en les maintenant par une couture ou par un repassage. Plisser un tissu pour le présenter; plisser du papier en accordéon; plisser une jupe au fer à repasser. Elle avait marqué cinq grands plis à plat dans le dos, en introduisant le fer par l'ouverture du plastron; elle rabattait le pan de devant et le plissait également à larges coups (Zola, Assommoir, 1877, p.512).Avec ses économies, elle acheta des meubles, (...) elle coupa des étoffes, plissa des rideaux (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p.187).MmePasquier, nerveusement, faisait sans arrêt le geste de plisser l'étoffe pour un ourlet imaginaire et de coudre (Duhamel, Combat ombres, 1939, p.152). ♦ Empl. abs. Au pied-de-biche ordinaire [de la machine à coudre] se substitue toute une série de pieds mobiles permettant aux personnes: d'ourler, de plisser, de ganser, de froncer (Lar. mén.1926, p.781). − Au part. passé. Chemise, étoffe plissée au fer, à la main. Mouchoir brodé plissé en tout sens sur le genou qui tremble par une main qui ne sait ce qu'elle fait (Barb. d'Aurev., Memor. 2, 1838, p.283).Toilette de mariée en satin blanc, avec volants de crêpe lisse plissé à l'ongle (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p.845). − Empl. pronom. Prendre le pli, faire des plis (avec art), pouvoir être plissé. Cette étoffe se plisse bien (Ac.).Une robe de chambre blanche, attachée par une cordelière, se plissait autour de sa taille (Bourget, Disciple, 1889, p.191).V. déplisser ex. 2. − Rare. Déformer (un tissu) par des faux plis. Synon. chiffonner, friper, froisser.Plisser sa jupe en s'asseyant. Il marchait à travers la pièce, insoucieux du veston humide plissé aux hanches, des poches béantes, du col effondré (Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p.961). 2. P. anal. [Le suj. désigne gén. un phénomène naturel] Former des plis sur une surface horizontale, un liquide. Une ride lente et silencieuse plissait l'eau noire (Bourget, Cosmopolis, 1893, p.465).Des souffles tombèrent qui, plissant la surface de l'eau de rides innombrables, n'avaient pas la force d'agiter les feuillages aigus des saules (Moselly, Terres lorr., 1907, p.175). ♦ Empl. pronom. à sens passif. À mes pieds l'eau se plisse sous le vent levé; en moi se dresse une image qui soudain m'illumine: la grande mer! (Giono, Eau vive, 1943, p.45). − GÉOL. Déformer (les couches horizontales de l'écorce terrestre) sous l'effet de la pression latérale de forces tectoniques. [Une théorie] tend, (...) à trouver une force capable de plisser la masse des sédiments d'une zone géosynclinale et d'expliquer la nature intermittente des phénomènes orogéniques (Furonds R. gén. sc., t.63, 1956, p.40): . Les couches ne sont pas toujours horizontales. Des mouvements ultérieurs ont pu les plisser. Dans les phénomènes de plissement, le sel et l'argile connexe se comportent différemment; alors que l'argile se plisse, le sel se broie...
Stocker, Sel, 1949, p.43. ♦ Empl. pronom. à sens passif. En se refroidissant le noyau central en fusion se contractait peu à peu. À un certain moment ce noyau se trouva trop petit pour l'écorce qu'il devait supporter, et cette écorce, manquant de point d'appui, s'infléchit, se rida, se plissa (Boule, Conf. géol., 1907, p.59). 3. [Le compl. désigne la peau] a) Modifier (une partie du visage) par des plis expressifs. Plisser la bouche, le nez, les paupières. Un sourire plissait ses lèvres; il murmurait: «Je les tiens. Je les tiens (...)» (Maupass., Contes et nouv., t.2, M. Parent, 1886, p.621).Son visage énergique s'est encore durci: une émotion concentrée plisse le front et donne à la bouche un pli perplexe et têtu (Martin du G., J. Barois, 1913, p.232).V. déplisser ex. 4. ♦ En partic. Plisser les yeux. Fermer les yeux à demi en plissant les contours. Elle fronçait les sourcils et plissait davantage les yeux quand sa mère lui caressait la tête (Montherl., Pitié femmes, 1936, p.1087). − Au part. passé. Front plissé par l'inquiétude; bouche plissée de dédain. Bouche enfantine plissée d'un pâle sourire anxieux (Bernanos, Imposture, 1927, p.491). − Empl. pronom. La bouche se plisse. En ce moment une scène qui se passait au pilori arrêta son oeil hagard. Son front se plissa d'horreur (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.263).Je souriais, mes yeux se plissaient, mes joues se pinçaient, ma gaieté se pendait à mon visage par mille pinces comme un linge qui va flotter (Giraudoux, Suzanne, 1921, p.98). b) Couvrir de plis (la peau), parfois sous l'effet de l'âge. Autour des yeux, d'innombrables petites rides plissaient en tous sens sa peau de blond vieillissant (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.802). − Au part. passé. Joues plissées de rides innombrables (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p.219).Un affreux petit morceau de chair ridée, plissée, geignante, miaulant comme un chat; et elle me dit: «C'est une fille» (Maupass., Contes et nouv., t.1, Nuit de Noël, 1882, p.865). − Empl. pronom. réfl. V. friper B ex. de Maupassant. B. − Empl. intrans., rare. [Équivalent à l'empl. pronom. à sens passif A 1] Faire des plis. Ces rideaux plissent trop, plissent bien, plissent mal (Ac.1835-1935).Sa robe noire, en forme de fourreau, laissait pointer ses os, plissait maigrement sur la maigreur de son corps et tombait tout droit de ses genoux (Goncourt, G. Lacerteux, 1864, p.132). ♦ Faire des faux plis. Alcippe a (...) de petits habits qui plissent sur le dos (Banville, Odes funamb., 1859, p.74). Prononc. et Orth.: [plise], (il) plisse [plis]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.1. a) 1538 «façonner (un matériau souple) en y faisant un arrangement de plis» (Est. d'apr. FEW t.9, p.67b); 1785 plissé subst. (doc. ap. L. Biollay, Ét. écon. sur le XVIIIes., Les prix en 1790, p.388); b) 1675 intrans. «faire des plis, des faux plis» (Widerhold, Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr. d'apr. FEW, loc. cit.); 2. a) 1797 plissé adj. «(peau) qui présente des plis» (Voy. La Pérouse, t.4, p.44); b) 1824 plisser «faire apparaître des plis à la surface de la peau du visage» (Balzac, Annette, t.1, p.124); 3. 1848 géol. (Élie de Beaumont ds Dict. universel d'hist. nat., t.12, p.235a). Dér. du plur. de pli*; dés. -er (v. FEW t.9, p.74a, note 16). Fréq. abs. littér.: 305. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 153, b) 372; xxes.: a) 578, b) 616. DÉR. 1. Plissage, subst. masc.Action de plisser; résultat de cette action. Le plissage d'une jupe (Ac.1935).En partic. Opération de repassage d'une pièce à plisser. Plissage, 1ermouvement: tendre le dos de la chemise (Lar. mén.1926, p.341, s.v. chemise).P. anal., impr. ,,Défaut d'impression se présentant sous forme de petits plis sur les bords d'une feuille de tirage`` (Comte-Pern. 1974). − [plisa:ʒ]. Att. ds Ac. 1935. − 1resattest. a) 1836 «action de plisser, de marquer les plis d'un plissé au repassage» (Landais d'apr. Robert (G)), b) 1933 impr. (Chelet, Lithogr., p.201); de plisser, suff. -age*. 2. Plisseur, -euse, subst.a) Ouvrier, ouvrière qui plisse les tissus. Plisseur d'étoffes (Mét.1955).b) Subst. fém. Machine à plisser (les étoffes). (Dict.xxes.). − [plisoe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1625 supra sens a (Stoer, Le Grand dict. fr.-latin d'apr. FEW t.9, p.67b), b) 1903 subst. fém. supra sens b (Nouv. Lar. ill.); de plisser, suff. -eur2*. BBG. −Gary-Prieur (M.-N.). Contribution à l'ét. de qq. règles sém. Thèse, Paris, 1979, pp.427-433, 444-445. |