| MOIRER, verbe trans. A. − Donner à une étoffe l'apprêt de la moire. Moirer des rubans, des popelines (Ac. 1935). B. − P. anal. 1. Littér. Donner l'aspect ondé, changeant de la moire. a) Qqc.1moire qqc.2Un bouillon couleur d'acajou, moiré à sa surface d'ondes mordorées (Huysmans, Là-bas, t.1, 1891, p.93).Un acrobate, nudité brillantée et moirée par place de lumière électrique et de sueur (Lorrain, Phocas, 1901, p.34).Je le quitte pour refaire à mes yeux le cerne bleuâtre qui les veloute et les moire (Colette, Vagab., 1910, p.216): . ... leur nom [de ces poissons] signifie fleur, et ils le justifiaient par leurs couleurs chatoyantes, leurs nuances comprises dans la gamme du rouge depuis la pâleur du rose jusqu'à l'éclat du rubis, et les fugitifs reflets qui moiraient leur nageoire dorsale.
Verne, Vingt mille lieues, t.2, 1870, p.68. ♦ P. métaph. V. asexué ex. 3. − Emploi pronom. passif. Son poil [d'une chatte] acquérait un lustre qui n'appartenait qu'à cette heure, se moirait aux reflets pourprés du feu (Arnoux, Chiffre, 1926, p.99).Merveilleuse alchimie d'eaux, de rayons, de buées, où s'évaporaient les collines, où se moiraient les courants (La Varende, Souverain seigneur, 1953, p.43). b) Qqc.1moire qqc.2de qqc.3Les flambeaux de cire, dont les reflets moiraient de rouge et de jaune les rideaux (Bertrand, Gaspard, 1841, p.213).Les jolis airs (...) dont le mouvement, enlevant et vif, moire d'un frisson de réveil le satin des belles épaules (A. Daudet, N. Roumestan, 1881, p.160).Avec une petite pluie de fin septembre (...) Juste assez pour moirer l'asphalte de reflets, mouiller les toits, lustrer les arbres (Carco, Nost. Paris, 1941, p.14). − Emploi pronom. passif. V. aubépine ex. 4. 2. TECHNOL. Donner à certains métaux une apparence analogue à celle de la moire. On moire aussi le fer-blanc étamé, en versant dessus de l'acide chlorhydrique, de manière à enlever la superficie granuleuse de l'étain, et à mettre à nu la couche cristallisée qui adhère au fer (Havardt.31889). Prononc. et Orth.: [mwaʀe], (il) moire [mwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1765 mohérer «traiter (un tissu) pour lui donner des reflets ondoyants» (Savary des Bruslons, Dict. universel de comm., V, 767 ds Bonn.); cf. aussi moërer une étoffe (Encyclop. t.10 1765, p.608); 2. 1836 «donner des reflets ondoyants (à quelque chose)» (Gozlan, Notaire, p.195). Dér. de moire*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 20. DÉR. 1. Moirage, subst. masc.a) Action de moirer une étoffe; résultat de cette action. Le moirage est produit par le passage du tissu plié en deux entre des cylindres chauffés très rapprochés. Le tissu est plus ou moins frotté, ce qui produit des zones plus ou moins brillantes (Blanquet, Technol. mét. habill., 1948, p.117).b) P. anal., technol. Action de moirer un métal, un papier; résultat de cette action. Le moirage du fer-blanc s'obtient en décapant la feuille à moirer dans un bain d'acide azotique. (...) il en résulte sur la surface du fer-blanc des sortes d'arborescences du plus bel effet (Nouv. Lar. ill.).− [mwaʀa:ʒ]. − 1resattest. a) 1763 «reflets ondoyants qui résultent du passage à la calandre» (P. J. Macquer, Art de la teinture en soie, p.10), b) 1765 «action, activité par laquelle on moire les tissus» (Encyclop. t.10, p.610, col. b); de moirer, suff. -age*. 2. Moireur, subst. masc.,technol. Ouvrier qui moire les étoffes, les métaux, le papier. (Dict. xixeet xxes.). − [mwaʀoe:ʀ]. − 1reattest. 1829 (Boiste); de moirer, suff. -eur2*. |