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GAI, GAIE, adj., interj. et adv.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers., de sa disposition d'esprit]
1. Qui est d'humeur agréable, qui a le sourire facile, le goût de plaisanter, de s'amuser, qui envisage la vie sous un jour favorable, qui prend les choses du bon côté, sans se faire de souci, par légèreté d'esprit ou volonté d'optimisme. Synon. allègre, enjoué, guilleret, rieur.C'est que j'étais, dans ma jeunesse, d'un caractère gai, folâtre, sans souci (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 66).Je suis plus gai que vous, (...) qui sait si je ne suis pas plus sage? Il y a beaucoup de philosophie, croyez-moi, dans mon apparente légèreté (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 260).J'étais gai, dispos (...). Je me suis égayé et animé par la conversation. J'étais dans mon beau jour (Maine de Biran, Journal,1816, p. 189) :
1. Jadis gai, jovial et dispos; à présent triste, morose, ennuyé; naguère ami de la joie, des gros éclats de rire et d'une délirante chanson bachique; lorsque les deux coudes appuyés sur la table, on se presse sans y songer, à côté d'une taille féminine artistement rebondie... Janin, Âne mort,1829, p. 35.
SYNT. Gai boute-en-train, compagnon, luron; gais souvenirs; cœur, humeur gai(e), idées gaies; devenir, se montrer, paraître, rendre gai.
Gai comme un pinson. Plein de vivacité, de bonne humeur. Tantôt gai comme un pinson, et tantôt sérieux comme un pape (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 9).
2. En partic.
a) Qui est mis de fort bonne humeur par un excès de boisson(s) alcoolisée(s); légèrement ivre. Synon. éméché.Être un peu gai. Ses yeux brillaient. Il était gai, assez gris (Mille, Barnavaux,1908, p. 250).Nous étions tous gais, mais Sénac était ivre, parfaitement ivre (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 137).
Avoir le vin* gai.
b) Qui a le goût du libertinage, des plaisirs frivoles. Le gai Paris. Une des gloires du gai Paris, le fameux « Casino » (...) ce palais du strass, des plumes et des belles gambettes (L'Est Républicain,23 déc. 1979).
3. P. anal. [En parlant d'un animal] Qui se plaît à jouer, gambader. Le moineau franc, gai, taquin (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 244).Les premiers arrivent, en galopant, une centaine de petits veaux, très gais, très comiques, la queue en trompette (Loti, Galilée,1896, p. 118).
En partic. [En parlant d'un cheval] Synon. de fringant.Comme ils [les chevaux hongrois] étaient libres et gais dans la vaste pâture (Tharaud, Qd Israël est roi,1921, p. 226).
HÉRALD. Cheval gai. ,,Cheval qui n'a ni selle ni bride`` (Ac.).
B. − P. méton.
1. [En parlant (d'un trait) du comportement hum.] Qui manifeste la bonne humeur, le goût de rire, de se divertir, le plaisir de vivre. C'est gai, ce n'est pas gai de (faire telle chose); air, regard, rire, sourire, yeux gai(s); gai souper. Tous les actes religieux du genre gai, les fêtes, les danses, les festins, (...) tout ce qui flatte les sens et l'ame (Volney, Ruines,1791, p. 258).Je viendrai (...) avec un visage gai, un esprit gai, un costume gai, tout à neuf (Flaub., Corresp.,1851, p. 336).Elle a rudement raison de prendre un peu de bon temps. La vie n'était pas si gaie ici, après tout (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1180) :
2. Thérivier avait une telle habitude de la bonne humeur, que, même aujourd'hui, sa voix restait gaie, et que son visage barbu, grassouillet, aux pommettes roses, gardait une expression hilare. Mais le constraste de cette jovialité avec l'anxiété du regard lui faisait un masque désaccordé, pénible à voir. Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 592.
Par antiphrase. [À propos d'une obligation déplaisante] − Paul : (...) la mère, le fils, l'ami et les invités, (...) tous gens sérieux. − Jeanne : Eh bien, cela va être gai (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie, 1869, I, 4, p. 12). Il faut que je l'aille porter [un billet pour une loge] (...) à ce crétin de Grünebaum l'associé de papa, pour qu'il s'y pavane (...). C'est gai!... (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 457).
2. [En parlant d'une œuvre artistique] Qui exprime ou inspire la bonne humeur, le goût de badiner, l'optimisme. Gai refrain, comédie gaie. Synon. comique, drôle, réjouissant.On a fait des satires gaies; je veux faire (...) des satires sombres, tristes et mélancoliques (Vigny, Journal poète,1834, p. 1007).La forme rondeau (...) mouvement gai et alerte (D'Indy, Comp. mus., t. 2, 1, 1897-1900, p. 339) :
3. M. Ballavoine (...) a du moins une jolie allure décorative et un agréable assortiment de couleurs fraîches (...). Ses femmes sont glacées, mais leurs robes violettes, feuille-morte et gris de perle font d'amusantes taches dans ces gais et lumineux paysages où il excelle. C'est de la peinture aimable, divertissante... Huysmans, Art mod.,1883, p. 65.
Vx et littér. Gai savoir, gaie science. Poésie des troubadours. Il écrit, il lit (...). En fait de gaie science il en sait plus qu'un ménestrel de Toulouse (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 97).Au Moyen Âge (...) les ménestrels et les improvisateurs, les enfants du gai savoir, tous les vagabonds mélodieux des campagnes de la Touraine (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 1).
Emploi subst. masc. sing. invar. L'Arioste (...) qui réunit tous les tons (...) le gai, le tragique, le convenable, le tendre (Delacroix, Journal,1856, p. 258).V. aussi érotique B 3 b citat. Flaubert.
3. En partic. Qui exprime ou inspire le goût du libertinage, des plaisirs frivoles. Synon. gaillard, leste, licencieux.Les Cent nouvelles nouvelles (...) en étaient des imitations [du Décameron] fort gaies et fort naïves; la licence y allait au delà de ce qu'avait osé Boccace lui-même (Sainte-Beuve, Tabl. Poés. fr.,1828, p. 264).Tous les contes gais, exagérant la corruption et l'avidité des filles (Stendhal, H. Brulard, t. 2, 1836, p. 406).
Rem. Même acception ici que drolatique dans le titre des Contes drolatiques de Balzac.
C. − [En parlant d'un inanimé concr.]
1. Domaine olfactif, visuel, etc.Qui dispose à la bonne humeur, au sourire, à l'enjouement, par ses qualités agréables (clarté, vivacité, légèreté, etc.). Appartement, lumière, pièce gai(e). Synon. agréable, vif.Le bonheur que peut donner un rayon de soleil gai et frais (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 287).Un gai moulin, sur l'eau joyeuse du canal, Fait, en tournant sa roue, un bruit clair qui patauge (Noailles, Éblouiss.,1907, p. 213).Le papegai prend plaisir à se voir si bien habillé de vert. Ne nomme-t-on pas le vert de ses plumes vert gai? (A. France, Pt Pierre,1918, p. 159).Des odeurs vertes et gaies, encore pointues, encore acides (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 45).V. aussi bouée ex. 1.
Temps gai. ,,Temps serein et frais`` (Ac.).
Vin gai. Vin agréable à boire et qui émoustille. Le plus aromatique, (...) le plus gai et le plus généreux, était le vin du territoire d'Antylle (Du Camp, Nil,1854, p. 313).Excellent champagne (...) c'est un vin gai (Zola, Bouton de Rose,1878, II, 14, p. 264).
Emploi subst. masc. sing. invar. Le gai, le brillant [des plantes] indiquent la souche américaine (Arnoux, Calendr. Fl.,1946, p. 338).
2. Vx, ART CULIN. Four gai. Four vif. Vous dorez légèrement le dessus et le mettez au four gai (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 150).
II. − Emplois interj. et adv.
A. − Emploi interj. [Pour inciter à l'action, au courage, à la bonne humeur (surtout dans les chansons populaires)] Gai! gai! serrons nos rangs; En avant, Gaulois et Francs! (Béranger, Chans., t. 1, 1829, p. 73).Gai, gai, gai, le tonnelier, Raccommodez votre cuvier! (Balzac, E. Grandet,1834, p. 189).Gai, gai marions-nous Avec la soupe au chou (Jammes, De tout temps,1935, p. 75).
B. − Emploi adv. Synon. de gaiement.Il allait gai, avec toutes sortes d'aimables enfantillages, qui me disaient tendrement : (...) Je vais mieux, je suis en train (Goncourt, Journal,1870, p. 552).Signoret, trop d'emphase (...). Jouez gai! (Renard, Journal,1903, p. 812).Il riait haut et gai (Bourget, Sens mort,1915, p. 10).
Prononc. et Orth. : [ge], [gε]. Le masc. et le fém. sont parfois donnés comme distincts, quant à la durée et/ou quant au timbre de la voyelle : [e~ε:] (Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787), [e~e:] (Nod. 1844, Littré), [ε~e:] (Gattel 1841). Voir, en dernier lieu, Rouss.-Lacl. 1927, p. 141 : ,,Gaie a un e fermé comme le masc. à Paris, un e ouvert en province``. Forme en [ε] en progrès, tous genres confondus, ,,sous l'influence de l'écriture`` (Buben 11935 § 5). Martinet-Walter : [ge] ou [gε] (9 et 8). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié du xies. « qui est d'humeur riante (en parlant d'une personne); qui exprime la gaieté (visage, etc.) » (Levy Trésor, p. 121); ca 1155 « id. » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 1564); 2. ca 1225 tens ... gais « qui inspire la gaieté, temps agréable et doux » (Durmart le Gallois, éd. J. Gildea, 924); 3. ca 1300 vert gay « vert clair, jaunâtre (en parlant d'un bouillon) » (Taillevent, Viandier, éd. P. Aebischer, p. 94). Peut-être empr. de l'a. occitan gai « pétulant, gai » (dep. Guillaume IX ds FEW t. 16, p. 9 a; v. aussi Levy (E.) Prov.), lui-même issu du got. *gaheis « impétueux » (cf. a. h. all. gāhi « id. », all. jäh « brusque »), provenance qui serait due à l'infl. des troubadours (FEW, loc. cit.), ou plus vraisemblablement mot issu directement de l'a. h. all. gāhi d'où la forme attendue jai (xiiies., Pastourelles, éd. J. Cl. Rivières, CIX, 8). La prédominance de la forme avec g- s'explique en particulier par les interférences constantes entre gai et gaillard (v. DEAF, col. 35, s.v. gai). Fréq. abs. littér. : 3 883. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 466, b) 8 287; xxes. : a) 6 530, b) 3 480. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 131. - Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 46, 138, 221, 229. - Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 87-88; t. 3 1972 [1930], p. 255. - Walt. 1885, p. 97.