| EXHIBITION, subst. fém. A.− DR. Acte consistant à présenter un document devant une instance judiciaire ou à la requête d'une autorité de police. Appel en conciliation. Bloy contre Tuparle. (...) Je formule ma plainte et ma demande de deux termes, à quoi elle répond par l'exhibition d'une copie de sa puante lettre (Bloy, Journal,1900, p. 40). B.− [Correspond à exhiber I A 2] Spectacle où sont présentés des personnes ou des animaux ayant une caractéristique remarquable. Exhibition d'acrobates, de fauves. Si le théâtre ne devient pas une exhibition de chiens savants, le théâtre ira à un théâtre qui passe à l'heure présente pour ne pas en être (Goncourt, Journal,1890, p. 1145).L'exhibition d'une femme violoniste était chose rare à l'époque (Laurencie, Éc. fr. violon,1922, p. 284). − En partic. 1. B.-A., COMM., vieilli. Exposition. Le marché aux fourrures étalait des dépouilles d'animaux sans nombre (...) − L'ours blanc, le renard bleu, l'hermine, étaient les moindres curiosités de cette incomparable exhibition (Nerval, Filles feu,Angélique, 1854, p. 504).En 1879, à l'exhibition de la rue Lepeletier, j'avais été frappé par l'apparition d'un nouveau peintre, M. Zandomeneghi (Huysmans, Art mod.,1883, p. 121). 2. SP. Manifestation à caractère spectaculaire, ne comptant pas pour un classement. L'exhibition des coureurs cyclistes sur les vélodromes après le Tour de France (J. Girodet, Logos,Paris, Bordas, 1976). C.− [Correspond à exhiber I B] 1. [Gén. avec une idée d'ostentation ou d'impudeur] a) Action de faire étalage de. La pièce, pompeusement montée, paraît péniblement insignifiante; simple prétexte à des exhibitions de costumes et d'amples morceaux de chair (Gide, Journal,1931, p. 1065): 1. C'était la chasse sans luxe, sans vaniteuse exhibition d'équipages et de costumes, sans jargon scientifique, sans habits rouges, sans prétentions ni jalousies de sport...
Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 28. − Au fig. [Le compl. déterminatif désigne une qualité ou un défaut] Ils (...) vont recommencer ailleurs cette exhibition polie de leur figure et de leur niaiserie (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Comment on cause, 1887, p. 1083).Chacun se sentit gêné, presque choqué de cette exhibition de sentiments (Proust, Temps retr.,1922, p. 999): 2. ... elle voulait pour son bel enfant un bloc de marbre blanc, des fleurs. Godwin, informé de sa tristesse, la lui reprocha. Par l'exhibition d'une douleur si banale elle diminuait son caractère; elle se mettait au rang de toute la masse de son sexe.
Maurois, Ariel,1923, p. 260. − Absol. [Correspond à exhiber II B] Comportement visant à se faire voir. Colette Willy dont on fait grand scandale (...) à propos de ses exhibitions au Moulin-Rouge avec la Marquise de Morny (Léautaud, Journal littér. 2,1907-09, p. 8). b) Ensemble de ce qui est exhibé. On vit bientôt dans la chambrée une exhibition de torses nus, poilus et sales (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 164). 2. En partic. [Le compl. déterminatif désigne une partie du corps ou une qualité érotisée ou considérée comme obscène] Action de montrer en public. La Brige, Jean-Philippe, (...) contrevenant habituellement aux lois sur la morale publique et scandalisant par l'exhibition constante de sa nudité la pudeur des personnes véhiculées du Champ-de-Mars aux Invalides (Courteline, Article 330,1900, p. 266). − Absol. Action de montrer ses organes génitaux en public. De jeunes jardiniers (...) cherchent à m'attirer sous les ombrages par des mimiques et des exhibitions (Gide, Carnets Égypte,1939, p. 1056).L'hétéro-accusation à thème sexuel (viol ou tentative de viol, exhibition) (Mounier, Traité caract.,1946, p. 382). D.− Dans le lang. philos. ou sc. Action de faire apparaître, d'apparaître. Un sens qu'aucune analyse verbale ne peut épuiser et qui se confond avec l'exhibition de la chose dans son évidence (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 373). Prononc. et Orth. : [εgzibisjɔ
̃]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 exhibition « démonstration, témoignage » (Dial. St Grég., 23, 24 ds T.-L.); 2. 1314 dr. exibicion de ces presentes lettres (A. N. JJ 58, fo80 rods Gdf. Compl.); 3. a) 1606 exhibition publique de gladiateurs (Nicot), spéc. b) 1774 « exposition publique [de peinture] » cont. angl. (Grosley, Londres, éd. 1788, iii, p. 197 ds Barb. Mod. Lang. R. t. 16, p. 259); 4. 1849 fig. et péj. (Proudhon, Confess. révol., p. 105 : il [Louis-Philippe] tue le principe monarchique, par une ridicule exhibition, la royauté bourgeoise, la seule que comportât le siècle). Empr. au lat. impérial exhibitio « exhibition, représentation, production »; cf. l'angl. exhibition, sens 3 b) (1761 ds NED). Fréq. abs. littér. : 131. Bbg. Barb. Loan-words 1921, p. 259. − Darm. 1877, p. 261. |