| DÉPLANTER, verbe trans. Retirer du sol un végétal qui y était enraciné pour le planter ailleurs. Replante-t-on jamais ce qu'on a déplanté. Il y manque toujours quelque chose, profondeur, orientation, poils arrachés dans l'avulsion (Arnoux, Calendr. Fl.,1946, p. 90):1. Il faut choisir des individus jeunes (...) il faut les déplanter avec soin, sans casser ni froisser les racines. On les plantera dans des caisses le plus près possible les uns des autres.
Voyage de La Pérouse,t. 1, 1797, p. 229. − P. méton. Déplanter un jardin, un parterre. Le dégarnir des végétaux qui y étaient plantés. − P. ext. Retirer du sol un objet qui y était enfoncé. Déplanter un échalas. Changement de décor : on a déplanté l'église (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 245). ♦ En partic., MAR. Déplanter une ancre. L'arracher du fond de la mer. Il (...) leva les ancres; mais ce ne fut point pour déplanter, ce fut pour affourcher de nouveau la panse, et très solidement (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 316). − Au fig. ♦ Faire sortir quelqu'un de son milieu naturel, le déraciner. Cet enfant si fort et si faible, déplanté par Corinne de ses belles campagnes pour entrer dans le moule d'un collége (Balzac, L. Lambert,1832, p. 59).Emploi pronom. Nous travaillons (...) à empêcher l'homme de se déplanter totalement du sol où il naquit (Renan, Feuilles détach.,1892, p. 112). ♦ Tuer. Déplanter un oiseau (cf. Canada1930) : 2. L'homme de Chenerailles était-il seulement encore en vie? « Où tu lui as donné du couteau sur les doigts, un autre lui donnera d'une fourche dans le ventre. Et à force, et à force! Va, ma petite châtaine, mets-toi l'esprit en repos. Je te le déplanterai, cet homme, ce sera tout dit... »
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 63. Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. déplanté. Un arbre déplanté. P. ext. Pas une chaîne rompue, pas un clou déplanté (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 356). Au fig. Dépaysé. Une cousine de ma mère me prit alors avec elle à Damblin; mais j'étais toute déplantée là, je passais les nuits à pleurer (Goncourt, G. Lacerteux, 1864, p. 7). Prononc. et Orth. : [deplɑ
̃te], (je) déplante [deplɑ
̃:t]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1306 (cité d'apr. J. Richard, Thierry d'Hirençon, 34, en note ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, p. 484); 1349 (Songe vert, 1641 ds T.-L.); 1832 fig. (Balzac, Curé Tours, p. 216). Dér. de planter*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 18. DÉR. 1. Déplantation, subst. fém.Action de déplanter. Le planteur doit s'arranger de manière à avoir toujours des betteraves du poids de (...) à 1 kg à la déplantation (Rouberty, Sucr.,1922, p. 32).Rem. La plupart des dict. gén. attestent le synon.déplantage. − [deplɑ
̃tasjɔ
̃]. − 1reattest. 1731 (Instruction sur les procès-verbaux de saisie pour le tabac du 9 mars 1731, p. 165, 169 ds Brunot t. 6, p. 493, note); de déplanter, suff. -(a)tion*. 2. Déplantoir, subst. masc.Outil permettant de déplanter les végétaux de petite taille sans en briser les racines. Une sorte de truelle cintrée, un déplantoir, qui permettait de s'emparer de la plante avec sa racine (Gide, Si le grain,1924, p. 368).− [deplɑ
̃twa:ʀ]. Ds Ac. 1762-1932. − 1reattest. 1567 desplanthoir (Arch. Nord, B. 13204, fol. 49 v ds IGLF); de déplanter, suff. -oir*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 32 (s.v. déplantation). |